L’Etat du Sénégal vend une partie de ses actions à France Télécom : Le personnel se mobilise, mais pour qui, contre qui et pourquoi ?
vendredi 10 avril 2009
Ce jeudi 09 avril 2009, un communiqué commun Etat du Sénégal- France Telecom nous annonçait un protocole d’accord signé entre ces deux parties pour la vente d’une partie des actions Sonatel détenues par l’État du Sénégal à France Telecom, ce qui lui conférerait une majorité absolue confortable. Cette intention ferme de vente risque de ne pas surprendre grand monde pourrait car ayant été plusieurs fois annoncée à des moments où les caisses de l’État sénégalais étaient « vides ».
Dés l’annonce de cette nouvelle, les syndicats de la Sonatel ont déposé un préavis de grève qui doit déboucher sur une « journée morte » ce vendredi 10 avril 2009, ce qui devrait normalement se manifester par une présence négative ou grève de zèle. Cependant, un service minimum devrait être assuré. Une assemblée générale (AG) est prévue ce vendredi 10 avril à 10h dans les locaux de l’agence de la Médina. Tout ce que nous pouvons dire, c’est qu’une forte mobilisation à l’air de prendre forme
Arrêtons nous un peu sur les objectifs et raisons de cette bataille naissante. A première vue, le personnel se bat pour que l’État du Sénégal puisse revenir en arrière sur cette décision d’octroyer à France Télécom une majorité absolue dans la première entreprise de l’Afrique de l’ouest. Ce combat est tout à fait noble de la part de ces salariés et surtout citoyens qui ne veulent surtout pas que l’un des derniers fleurons de l’économie de leur pays passe sous l’escarcelle de l’opérateur historique français.
Nous nous sommes entretenu avec un salarié de la Sonatel qui a préféré garder l’anonymat, elle nous dit être devant un dilemme. Cette jeune informaticienne nous avoue hésiter à participer à ce mouvement d’ensemble car doutant de sa spontanéité. D’après cette personne, les salariés de la Sonatel réclament depuis des années une grille salariale à la hauteur des résultats de leur entreprise. A ces réclamations fondées, la direction générale a toujours répondu par la négation et aucun mouvement de grève n’a pu être amorcé vue la léthargie qu’a toujours observé le syndicat. Selon Nafy, nous l’appellerons ainsi, ce sont des restrictions et privations qui ont fait de la Sonatel la société la plus rentable et la plus performante de l’ensemble du Groupe France Télécom. D’une certaine manière, ces résultats se sont faits sur le dos des salariés. Sachant tout cela, Nafy ne veut pas porter le combat de ses directeurs car d’après elle, ce n’est pas chez les cadres qu’il y aura un chamboulement si la vente d’actions aboutie, mais plutôt au niveau de ce que cette bout de dame appelle « la Sonatel d’en haut » en parlant du Top Management de la Sonatel. Il paraîtrait que France Télécom a tendance à parachuter de jeunes français aux postes stratégiques de ses filiales, ce que sera la Sonatel si France Télécom réussit à rassembler les 51% qui lui permettront de gouverner sans partage. Voila ce en quoi consiste le casse tête de notre chère informaticienne, en tant que citoyen elle a envie de manifester sa colère devant l’irresponsabilité de ses dirigeants, mais aussi et surtout, elle ne voudrait pas être manipuler par sa direction générale qui n’a voulu faire aucun geste pour améliorer son niveau de rémunération.
Et que faut-il penser de France Télécom dans cette affaire ? Devait-elle agir en capitaliste ou y avaient-ils d’autres considérations à prendre en compte avant d’accepter la proposition de l’État du Sénégal ? Son responsable pour l’Afrique de l’ouest aura beau crier sur tout les toits que France Télécom n’a jamais été demandeur, cela n’empêchera pas que cette opération, si elle aboutit, soit assimilé à une forme de néocolonialisme, peut être à tord, mais elle le sera.
Qu’importe les raisons des un et des autres, il faudra mettre tout en œuvre pour que cette intention irresponsable et non réfléchie n’aboutisse pas. Pour espérer y arriver, tous les Sénégalais devraient se sentir concerné comme ils doivent naturellement l’être lors d’une tentative de bradage d’une partie importante de leur patrimoine économique national.
Le modou-modou des télécoms
(Source : L’Afrique des télécoms, 10 avril 2009)