L’Afrique parlant d’une même voix : rôle des centres d’enseignement à distance dans le renforcement des capacités en Afrique
lundi 9 juin 2014
Les participants à la récente conférence eLearning Africa (28 au 30 mai) à Kampala en Ouganda, n’avaient, quant à eux, aucun doute sur l’importance de la combinaison entre l’éducation et les technologies de l’information pour l’avenir de l’Afrique. Stanley Simataa, ministre namibien des Technologies de l’Information et de la Communication, a expliqué lors d’un rassemblement spécial de ministres de l’éducation et des TIC organisé pendant la manifestation, qu’« une hausse de 10 % des investissements dans les infrastructures à large bande est synonyme de 1,3 % de hausse de la croissance économique ». Et l’influent Rapport eLearning Africa publié la semaine dernière stipule que « si l’éducation est la clé de tout, la clé de l’éducation du futur réside dans les infrastructures. »
Le réseau de centres d’enseignement à distance créé à l’échelle du continent est un exemple frappant de l’impact de cette association entre éducation et infrastructures de communication. Les centres sont de véritables plaques tournantes pour la communication locale et régionale. Ils facilitent le partage des connaissances, l’éducation et la formation pour les leaders et les professionnels du secteur privé, du secteur public, de la société civile et des ONG.
Ces dix dernières années, les centres ont largement œuvré pour permettre aux gouvernements africains, aux entreprises, aux ONG et aux citoyens ordinaires de tirer parti des opportunités disponibles et de répondre efficacement aux multiples crises.
« Sous le leadership du Dr Mor Seck, directeur du Centre d’enseignement à distance du Sénégal, l’Association africaine des centres d’enseignement à distance (AADLC) a joué un rôle crucial dans le renforcement des capacités de ses membres grâce au modèle de l’enseignement à distance », indique Charles Senkondo, directeur du Centre d’enseignement à distance de Tanzanie. En facilitant le partage d’expertise et en offrant un forum aux principaux protagonistes pour l’élaboration de stratégies panafricaines, les centres ont aidé les pays africains à tirer parti des nouvelles tendances et à atténuer les impacts des multiples crises récentes, telles que l’effondrement des marchés financiers mondiaux, la mouche de la mangue, la gestion des grandes catastrophes et l’épidémie de grippe aviaire.
« Les centres d’enseignement à distance ont joué un rôle important dans la lutte contre le VIH/SIDA en Afrique, indique M. Senkondo. En effet, ils ont largement participé à l’éducation, à la synthèse des expériences et à l’élaboration de stratégies à l’échelle du continent. Ceci a permis de réduire la prévalence du VIH/SIDA en Afrique. »
L’AADLC a également souhaité mettre l’accent sur la réduction de la pauvreté et sur la croissance économique, plusieurs de ses initiatives récentes ayant eu un impact majeur.
« L’optimisation de la production de riz a largement contribué à réduire la pauvreté, explique Mme Njambi Muchane, directrice du centre d’enseignement à distance du Kenya. Et notre initiative sur l’amélioration de la production de fleurs pour l’exportation a également joué un rôle économique majeur. »
Les centres d’enseignement à distance sont autonomes (un facteur essentiel pour la Banque mondiale lorsqu’elle a décidé, au départ, de soutenir leur création) et sont encore plus importants pour le secteur privé africain en plein essor que pour les gouvernements.
« Cette autonomie a été un facteur crucial de leur réussite et de leur pérennité, note Charles Senkondo. Les centres d’enseignement à distance ont été particulièrement utiles pour le secteur privé en proposant divers services qui n’auraient pas pu exister sans la technologie dont disposent ces centres. Par exemple, nous avons pu faciliter la participation de fournisseurs africains du secteur privé à des appels d’offres mondiaux, et de nombreuses négociations ont pu avoir lieu par vidéoconférence dans nos installations. »
M. Senkondo attribue une large partie de la réussite de l’AADLC à la détermination du président de l’organisation.
« Mor Seck a mis en place des initiatives de renforcement des capacités financières et administratives, de développement du leadership et de gestion des technologies pour tout le personnel des centres d’enseignement à distance du continent. Il est à l’origine de la création d’une plate-forme basée sur la vidéoconférence pour le continent et a été un des acteurs majeurs de l’implication des centres d’enseignement à distance dans la planification et la mise en œuvre des conférences d’eLearning Africa. »
M. Seck a dirigé l’élargissement de l’AADLC à l’ensemble du continent, créant ainsi une organisation essentielle pour permettre à l’Afrique d’exploiter toutes les opportunités que présente l’association entre éducation et TIC.
« Nous avons commencé avec environ six pays, dit-il, et, en dix ans, nous nous sommes étendus à plus de quinze pays, tous activement impliqués et engagés dans le réseau. Nous avons réussi, en un temps limité, à diffuser notre expertise de l’éducation et de la gestion de l’enseignement à distance sur tout le continent. Nous avons aidé les gens à surmonter les obstacles de la langue et nous les avons incités à communiquer, à partager leur expertise et à travailler ensemble pour surmonter les problèmes tout en tirant le meilleur parti possible des nouvelles opportunités. C’est l’Afrique parlant d’une même voix et c’est quelque chose dans je suis très fier. »
Maintenant, M. Seck veut faire en sorte que l’AADLC continue à s’étendre.
« Je souhaite augmenter le nombre de pays participant au réseau, dit-il, Je veux accélérer le développement des réseaux nationaux dans tous les pays africains et permettre à un plus grand nombre de personnes habitant en dehors des grandes villes d’avoir accès au partage de connaissances et d’expériences. C’est absolument vital pour le futur de l’Afrique. Je veux aussi m’assurer que l’AADLC continue à participer au développement des capacités mondiales sachant que nous avons déjà joué un rôle significatif dans le développement d’un réseau mondial. Notre rôle a été déterminant au moment de la création du GDLN (Réseau mondial d’échanges de connaissances pour le développement) en 2000.
« J’estime que ce que nous avons fait est très important pour l’Afrique mais que ce que l’Afrique peut faire pour le monde est encore plus important. Et nous avons un rôle majeur à jouer à ce niveau. »
(Source : eLearning Africa, 9 juin 2014)