L’Afrique absente des instances de l’UIT : Une faille diplomatique de trop
dimanche 4 novembre 2018
Gravissime erreur des États africains qui ont manqué de tact autour de l’essentiel consistant à développer le continent via le numérique. Encore une fois, ils pouvaient laisser, de côté, leurs querelles intestines, leurs propres intérêts afin de servir dignement leur continent. Qui ne doit en aucune façon rater le train numérique que beaucoup de ses citoyens subissent à cause d’une absence notoire de volonté politique, de vision, voire de leadership dans ce secteur ô combien porteur d’affaires, d’opportunités et d’emplois pour la jeunesse.
Mais, la désunion de nos dirigeants étatiques risquera de freiner, à coup sûr, l’ardeur de ces jeunes pétris de talent, d’imagination et d’ingéniosité. Il faut une gouvernance africaine du numérique, composée de femmes et d’hommes valeureux et compétents, pour que pareille chose ne se reproduise. Des pays et des grands ensembles, qui ont compris cette nouvelle donne, sont entrés de plain-pied dans l’ère de la diplomatie numérique. Celle-ci leur permet d’être au diapason de la gouvernance de l’Internet, de parler d’égal à égal au GAFA américain (Google, Apple, Facebook et Amazon), de faire face au BATX chinois (Baidu, Alibaba, Tencent et Xiaomi) et de peser de tout leur poids dans la balance des négociations internationales (ONU, OMC, G 7). C’est ainsi que nos Etats réunis autour de l’Union africaine peuvent tirer leur épingle du jeu dans cette nouvelle « guerre économique ». C’est aussi le seul gage d’être au rendez-vous numérique.
Ressaisissons-nous avant qu’il ne soit trop tard. Le train numérique n’attend pas. Il va plus vite que le TGV. Un tour à la Station F à Paris et/ou à la Silicon Valley, dans la baie de San Francisco, en Californie vous fera redescendre sur terre, chers dirigeants africains. A moins que vous ne soyez pas préoccupés par l’avenir de votre jeunesse. Laquelle est de plus en plus unie. Mieux, elle mesure l’enjeu des questions numériques au même titre que la jeunesse des pays développés dont leurs leaders ont déjà pris les devants en se projetant vers le monde futur.
C’est à nos dirigeants de suivre cette voie déjà tracée par une jeunesse consciente, consciencieuse et une société civile avant-gardiste. Ce qui passe par la création d’un environnement flexible et adapté reposant sur un cadre juridique et réglementaire panafricain. C’est de cette façon que le citoyen africain peut enfin disposer du droit à l’oubli, par exemple, comme c’est le cas pour le citoyen de l’Union européenne. Il leur revient également de fixer le cap en répondant aux attentes des acteurs du continent. Seul moyen, pour eux, de ne pas sacrifier une fois de plus toute une génération, tout un continent dont on dit que c’est le futur eldorado mondial surtout à l’ère du big data, cet « or du 21e siècle », qui gouverne tous les secteurs stratégiques de la planète. Nos dirigeants n’ont plus le choix. Ils sont obligés à se conformer à la réalité du monde numérique impactée par la cybersécurité, les objets connectés, l’intelligence artificielle, la blockchain, la fintech, entre autres révolutions technologiques.
Le temps de l’union est plus que jamais arrivé. Ils doivent saisir cette chance inouïe. Au risque de mettre en péril l’Afrique. Au moment où ses populations caressent plus que jamais le rêve de voir leur continent jouer les premiers rôles dans le concert des nations. Ce rêve de l’opinion publique africaine qui se veut réalité passera forcément par une prise de conscience de nos dirigeants. Ces derniers ne doivent nullement faillir, car ils ont rendez-vous avec l’histoire numérique. Laquelle sortira l’Afrique définitivement des ténèbres.
Ismaila Camara
Président du Réseau des journalistes en TIC (REJOTIC)
(Source : Publi Tech Echo, 4 novembre 2018)