Une scène ordinaire de vie en Afrique : un homme habitant la ville décide d’envoyer de l’argent à ses parents restés en province. Comme d’habitude, il remet la somme dans une enveloppe au conducteur du car qui assure le trajet, moyennant parfois une légère commission. Malgré le risque lié à ce mode de transfert, les parents recevront, après un ou plusieurs jours, l’argent tant attendu. La méthode a fait ses preuves jusque là mais peut être que demain, deviendra t’elle obsolète avec le boom de la téléphonie mobile en Afrique. En effet, depuis quelques mois, on assiste à la création de nouveaux services par des opérateurs ou des banques laissant penser que l’ère du Mobile Banking (M-Banking) est proche. L’analyse récente de DFID encourage les pays africains à faire émerger cette tendance en déterminant les conditions nécessaires au bon déploiement du m-banking.
D’ici 2010, l’Afrique comptera l’Afrique comptera environ 400 millions d’utilisateurs de portables. Le marché de services mobiles à valeur ajoutée existe bien.
Quelques uns des services innovants glanés de mes recherches sur le net :
M-Pesa
L’idée est venue d’un constat assez simple. Beaucoup d’africains ne disposent pas de compte bancaire et sont ainsi privés de services bancaires. De ce constat est né M-Pesa, un service mis en place au Kenya conjointement par les opérateurs Safaricom et Vodafone, l’institut de microfinance Faulu Kenya, et la banque CBA. Le service utilise une application SIM permettant aux utilisateurs de transférer et de retirer de l’argent auprès des agents M-Pesa. Il rend possible la gestion de la distribution et du remboursement de prêts dans le cadre de la microfinance.
Text me cash
Il s’agit d’un service proposé au Ghana par la United Bank for Africa permettant aux clients de transférer ou de recevoir de l’argent de portable à portable. Le fonctionnement est simple. Un client de banque envoie par SMS à n’importe quel autre utilisateur de téléphone mobile les instructions correspondant au montant à transférer à partir de compte ainsi que le code d’identification de la transaction. Muni de ces informations, le destinataire se rend dans n’importe quelle agence de la banque pour procéder au retrait de la somme.
Celpay
Mise en oeuvre en RDC et en Zambie, Celpay est la solution développée par le groupe financier sud-africain FirstRand International Limited et s’adressant aux banques et aux opérateurs télécoms. Le système fonctionne ainsi : on ouvre un compte bancaire à un client puis il peut effectuer à partir de son portable toutes les opérations qu’il veut en fonction du montant disponible, avec un plafond de retrait à 2.500 USD par jour pour un compte. Le téléphone portable permet ensuite à l’utilisateur de saisir l’ instruction d’ une transaction (paiement, demande de solde, transfert, ...) dont le montant est débité de son compte Celpay.
Wizzit bank
Lancé il y’a environ un an sur le marché sud-africain, Wizzit bank, une filiale de Bank of Athens, a déja conquis plus de 50 000 clients. En ciblant la couche de la population à plus faible revenu, Wizzit proose un compte bancaire rémunéré auquel le titulaire a accès à partir de son téléphone mobile. Celui-ci peut aussi utiliser son téléphone pour effectuer des transactions de personne à personne, transférer de l’argent, acheter des coupons de rechargement et payer les factures d’électricité.
Tous ces exemples apportent la preuve que la création sur le continent de services à valeur ajoutée autour d’une technologie, une innovation ou un nouveau produit constitue le meilleur moyen de l’adapter aux spécificités du marché et de permettre une plus grande accessibilité des populations africaines à des produits et services innovants.
Fabrice Yanou,
(Source : Investic, 8 juillet 2007)