Au Sénégal, l’Agence de Régulation des Télécommunications et des Postes (ARTP) est très connue de la population sénégalaise mais malheureusement pour de mauvaises raisons. Cette entité qui a en charge la régulation de ce secteur clé qu’est les télécommunications a été éclaboussé par plusieurs scandales financiers mettant en cause tant ses directeurs généraux respectifs que les membres du conseil de régulation. Mais enfin ceci n’est point l’objet de ces quelques lignes.
Beaucoup de spécialistes du secteur ont applaudi à deux mains lorsque M. Thierno Alassane SALL, anciennement haut cadre de l’ASECNA, avait été nommé Directeur général de l’ARTP à l’aube de la dernière alternance ayant vu l’accession au pouvoir du Président Macky SALL. Et ces spécialistes n’ont pas été déçu car dés son arrivée, M. SALL, d’une compétence réputée, a procédé à un « grand ménage » en écartant l’ensemble des « cadres » de l’ARTP qui étaient de connivence avec M. Ndongo DIAO, ancien directeur général de l’ARTP, actuellement en prison pour plusieurs chefs d’accusation concernant sa gestion de l’ARTP. De plus M. SALL a mis en place un nouvel organigramme permettant à l’ARTP de se recentrer sur son métier d’origine, la régulation.
Le seul point qui pourrait être reproché à M. SALL dans cette réorganisation est la nomination de M. Oumar Diene Sakho au poste de Directeur de l’économie, des marchés et de la stratégie. Certes excellent économiste, M. Sakho fut tout fraîchement ex très proche conseillé technique de M. Karim Wade. D’aucuns disent que M. SAKHO a participé de manière active à la conception des plusieurs textes et décisions controversés parmi lesquels la surtaxe sur les appels entrants et la CODETE (texte affectant 95% du fond de service universel des télécoms au secteur de l’électricité). M. SALL aurait bien entendu pu trouver une ressource beaucoup plus « clean » que M. SAKHO dont, je rappelle, les compétences ne sont plus à démontrer.
A prés cette vague de nominations, une nouvelle marche de l’ARTP s’est fait sentir dans ses déclarations, dans ses relations avec l’ensemble des parties prenantes du secteur des télécommunications qui s’en sont plus ou moins félicités. Mais énorme a été notre surprise d’apprendre, après la promotion de M. SALL au poste de ministre des infrastructures, la nomination de M. Abou LO, tout fraîchement limogé du poste de ministre des télécoms. La plus part des spécialiste ont vécu ce rebondissement comme un pas en arrière après les nombreux signaux verts que renvoyait l’ARTP sous l’administration THIERNO Alassane SALL. Pouvons-nous réellement espérer que M. LO redonne à l’ARTP un lustre qu’elle n’a vraisemblablement jamais eu de son existence ? Nous pouvons très sérieusement être pessimistes.
A croire que le gouvernement de Macky SALL ne mesure pas vraiment l’importance de l’ARTP dans le développement des télécommunications au Sénégal. Nous ne pouvons plus nous permettre de nommer, à la tête de l’ARTP et de ses différents directions et départements, des politiques. Pourquoi ne pouvons nous pas, comme le demande les textes communautaires de la CEDEAO et de l’UEMOA, procéder à un appel à candidature transparent pour la désignation du Directeur Général de l’ARTP, et de l’ensemble des postes clés de l’entité ? Le nouveau président souhaite t’il imiter L’ancien dans sa manière d’utiliser et d’instrumentaliser l’ARTP ? Ce qui reviendrait à refaire de l’ARTP ce qu’elle a était pendant une grande partie du régime de Wade, une plaie pour le secteur des télécommunications au Sénégal.
Le modou-modou des télécoms
(Source : L’Afrique des télécoms, 9 janvier 2013)