Le président Macky Sall a nommé son porte-parole au poste de président du conseil des délégués de l’ARTP, une sorte de conseil d’administration. Cette nomination entre dans les prérogatives du président de la république qui nomme à tous les emplois civils et militaires. Pourquoi alors cette nomination devrait-elle surprendre ? Notamment les esprits attentifs.
L’empereur romain avait voulu nommer son cheval au poste de...sénateur. Peut-être qu’il n’avait pas cette institution à la bonne. Notre président de la république aussi peut en nommer plusieurs pour que cette institution l’ait à la bonne. Pas de nommer des chevaux comme sénateurs. Quoique...
L’empereur romain avait les prérogatives qui lui permettaient cette lubie parce que le régime était autocratique : Abdoulaye Wade avait été affublé entre autres de ce titre peu flatteur d’autocrate et ...l’institution n’a pas changé. L’impétrant à ce, parait-il, très juteux poste de président de l’ARTP ne rappelait-il pas à qui semblait l’oublier que le président peut nommer et dégommer qui il veut d’un trait de plume.
L’ARTP est un démembrement de l’Etat qui est non pas une agence comme souvent mentionné mais une autorité. A ce titre, elle est dotée de pouvoirs étendus et, qui plus est, a pouvoir de se doter des moyens pour scruter le marché des télécommunications, d’en déceler les dérives inhérentes à tout marché pour les corriger et apporter ou faire apporter les correctifs nécessaires. Au besoin en tapant sur la table ou encore sur les doigts d’opérateurs hyper outillés pour le management de réseaux de télécommunications de plus en plus sophistiqués : un véritable gendarme du secteur.
Comme pour la marée-chaussée, ce gendarme a besoin d’une instruction très poussée. Pas militaire certes, cependant, faire ses armes dans le champs des opérateurs de réseaux seraient l’idéal pour les membres de cette autorité aussi bien au niveau du conseil que de ses agents. Les enjeux ne sont pas que financiers qui se comptent en centaines de milliards des francs de nos pauvres pays mais encore il y a les enjeux de souveraineté et sécurité nationales.
La question véritablement préjudicielle du rôle attendu de cette autorité dans le marché des télécommunications est toujours prégnante. Les interrogations ont été soulevées mais il reste que la seule réponse honnête est qu’il n’y a pas gendarme sur la route des opérateurs de réseaux... Et Dieu que les infractions nombreuses ont souvent été pointées du doigt. La plus emblématique du point de vue du levier économique indiscutable qu’il est devenu aujourd’hui, c’est l’internet : d’une douzaine de fournisseurs à ses débuts avant 2000, - c’est dire l’engouement -, ils ne sont plus que deux. Qui se souvient de Métissacana ? De l’idée d’une ...styliste pas lunée.
L’on dit qu’une hirondelle ne fait pas le printemps, mais, ne dit-on pas aussi que le journalisme mène à tout ? Oui, disent les journalistes, à condition d’en sortir.
Momar Gassama
PS : Communication n’est pas TÉLÉcommunications.
(Source : Dakar Actu, 20 janvier 2014)