Khassimou Wone et les comptes secrets à 9,5 milliards de FCfa : Agence de l’informatique de l’Etat (ADIE)
lundi 22 juin 2015
« L’audit de l’Agence de l’informatique de l’Etat (Adie) a révélé des errements dans sa gestion financière et comptable, ainsi qu’en matière de commandes publiques. D’une part, les vérificateurs ont découvert que le procès-verbal dressé lors de l’installation de l’Agent comptable ne mentionne pas trois comptes ouverts au nom de l’agence. Et pourtant, ces comptes qui n’ont pas été révélés, étaient bien créditeurs. Dans le premier, ouvert dans à United Bank for Africa (Uba), le solde affichait un crédit de 8 millions FCfa. Le deuxième, domicilié à la Société générale de banques au Sénégal (Sgbs) contenait la somme de 257 millions FCfa. Le dernier compte non répertorié était à Ecobank, avec un solde positif de 49 284 FCfa.
A l’Adie, on n’oublie pas seulement les comptes bancaires, mais l’on joue avec les pièces justificatives. D’une part, l’analyse de l’actif du bilan fait apparaître l’inscription dans un compte dénommé « débiteurs non identifiés », d’une somme de 176 840 925) FCfa. D’autre part, le contrôle des comptes du passif a permis de constater que le solde du compte « fournisseurs » en fin 2012 correspondait, pour l’essentiel, à une dette de 2011 reportée en début 2012, vis-à-vis d’un fournisseur de logiciels, pour un montant de 1,1 milliard FCfa.
Il a également été constaté que l’Adie ne tenait pas de comptabilité des matières et ne disposait pas d’une commission de réception avec des membres dûment nommés. En outre, malgré l’importance de la valeur et de la quantité des actifs concernés, l’agence ne disposait ni de logiciel de gestion de stocks ni de fichier exhaustif des immobilisations. Il s’y ajoute l’absence d’inventaires périodiques des stocks d’ordinateurs entreposés dans les 3 magasins de l’Adie.
Ce n’est pas tout, car l’ancien Directeur général de l’Adie, Khassimou Wone, semble avoir des problèmes avec la transparence. La mission de vérification de l’Ige a relevé des errements portant sur diverses règles de forme et de procédures prescrites par le Code des marchés publics. Certains de ces errements se rapportent à l’acquisition d’ordinateurs auprès d’un fournisseur dénommé Groupe Computer Land. L’Adie a payé à cette société la somme de 9,5 milliards FCfa et reste lui devoir, au titre de l’année 2014, la somme de 3,3 milliards FCfa. Le rapport des vérificateurs fait constater que tous les règlements effectués ou prévus, découlent d’un protocole d’accord signé entre l’Adie et ce groupe, portant sur l’acquisition, pour le compte de l’Etat, de 10 000 ordinateurs de bureau et 5 000 ordinateurs portables. Plusieurs déficiences ont été constatées dans ce protocole tenant lieu de marché et qui a engagé d’importantes ressources de l’Etat. Le rapport évoque le « défaut de planification rigoureuse car cette commande de 15 000 ordinateurs au total, pour l’Administration, ne répond à aucun élément objectif ». L’Ige relève aussi le « défaut de pièces justificatives de la livraison des 10 000 ordinateurs de bureau, notamment du procès-verbal de réception et de la facture définitive, attestant la matérialité de cette livraison. Ces documents devaient être des préalables à la liquidation des droits de Computer Land.
Non seulement la livraison de la commande n’est pas effective, mais il a été constaté que sur les règlements effectués au profit du Groupe 3,3 milliards FCfa ont été payés en 2012, à partir d’un compte ouvert par l’Adie à la Banque internationale pour le commerce et l’industrie au Sénégal (Bicis). Ce compte ne figurait pas non plus dans le procès-verbal d’installation de l’Agent comptable.
(Source : Dakar Actu, 22 juin 2015)