Kenya : l’auditrice générale s’inquiète de l’opacité autour de la gestion du réseau de fibre optique
jeudi 25 février 2021
Pendant longtemps, la gestion de l’infrastructure nationale de fibre optique a laissé à désirer. Mais au regard des enjeux de développement post-Covid-19, il faut que les choses changent.
Dans son dernier rapport destiné au ministère des TIC, de l’Innovation et de la Jeunesse, Nancy Gathungu, l’auditrice générale du Kenya, dénonce l’opacité qui entoure le réseau national de fibre optique (NOFBI). Elle s’inquiète du manque de documentation cruciale sur le financement et la gestion de l’infrastructure télécoms qui a coûté plus de 25 millions USD au gouvernement.
Alors que l’accord de financement avec Exim Bank of China a prévu que le gouvernement commercialisera l’excédent de capacités et utilisera l’argent pour rembourser le prêt contracté pour construire le réseau, l’auditrice générale déclare « qu’aucune facturation n’a été effectuée au cours des cinq dernières années […] Le cadre de prestation de services avec les autres fournisseurs de services Internet n’a pas été mis en œuvre, aucun enregistrement n’a été fourni détaillant les utilisateurs et le montant à payer par chacun ».
Initié depuis 2005, le NOFBI a été pensé pour interconnecter les 47 comtés du pays et fournir aux populations un accès au haut débit, en plus de soutenir la numérisation de la société. En 2014, le réseau est entré dans sa seconde phase. En 2015, l’auditeur général Edward Ouko s’inquiétait déjà de sa viabilité économique au regard de nombreuses irrégularités.
L’opérateur de téléphonie mobile Telkom qui gérait la commercialisation des capacités de la phase 1 du réseau a vu son contrat expirer en 2016. Mais il a continué à commercialiser les capacités du NOFBI sans reverser les revenus à l’Etat. La société télécoms a d’ailleurs été interpellée sur le sujet, mercredi 24 février, par le Comité des comptes publics de l’Assemblée nationale.
Pour Nancy Gathungu, le gouvernement a financé l’infrastructure nationale à haut débit sans rentrer dans ses coûts, « ce qui équivaut à un manque d’utilisation prudente des ressources publiques ». Son rapport se veut une interpellation de l’exécutif sur l’impact que cette situation aura, si elle perdure encore longtemps, sur les revenus de l’Etat dont toutes les ressources sont désormais plus qu’essentielles pour soutenir la relance économique post-Covid-19.
Muriel Edjo
(Source : Agence Ecofin, 25 février 2021)