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Kabirou Mbodje PDG de Cellular Systems International

mercredi 12 juin 2013

Sautant d’un avion à un autre, toujours pressé, à l’assaut du marché mondial, la vision futuriste en bandoulière, le jeune entrepreneur africain, de nationalité sénégalaise, à la tête de CSI (Cellular Systems International), une plateforme d’offre de services et produits mutualisés et innovants, s’est confié à Les Afriques. Sans détour. Exclusif.

Les Afriques : Est-ce facile d’être jeune entrepreneur africain ?

Kabirou Mbodje : Etre un entrepreneur en Afrique, peut être assimilé à un fleuve tumultueux. Il faut une ténacité quand on s’embarque dans ce genre d’actions. J’allais même dire avoir une forte carapace pour réaliser son rêve. Je le dis souvent, pour entreprendre dans ce continent, il faut être motivé jusqu’aux bouts des ongles et prêt à toute épreuve. La désorganisation des systèmes, qui s’apparente plus à un cadre organisationnel mafieux, loin de ce que je pourrais appeler un cadre orthodoxe, clair et sain, prend en otage les créateurs. C’est beaucoup plus difficile de monter un business en Afrique que de le faire dans un autre continent. Il faut que nous empruntions le même chemin avec une vision fédérée de ce que nous aspirons à devenir demain. L’organisation et la transparence sont de véritables problèmes chez nous. Il y a des lobbies qui vous empêchent de monter votre business, pensant que tout devra être chapeauté par eux et régi en coupes réglées, sous leur contrôle. L’avenir de l’Afrique se fera par nous ou sans nous. Au regard de l’évolution du marché mondial, nous devons exister ou disparaître. Ce n’est pas facile, mais c’est à ce prix que l’entrepreneur africain, jeune surtout, pourrait sortir de ses tripes ce qu’il ambitionne de réaliser pour son continent. C’est tout le sens de mon entreprise qui poursuit sa saga fabuleuse.

LA : Comment est partie l’idée de concevoir un projet d’entreprise de cette dimension et qui se cache derrière vous ?

K.M. : Rires. J’ai un parcours classique. J’ai entamé mes études au Sénégal, poursuivies en France, puis fait le cycle supérieur en Telecom en France et finalisé par un MBA aux États Unis. Vous comprendrez que j’ai combiné un parchemin technique et financier. J’ai fait un come back en Afrique dans les années 90. Dans ma tête, pleins de projets trottaient. Après avoir travaillé dans de grands groupes, j’ai décidé de monter mon business. La création de l’entreprise est née du constat d’un déficit criard dans le domaine des services disponibles au grand public en Afrique. Il y avait un chaînon manquant pour s’approcher des populations en termes d’offre de services structurés et combinés. C’est un challenge pour moi avec des collaborateurs qui m’ont fait confiance dans cette aventure. Grâce à l’équipe de collaborateurs, dotés d’une ambition pour l’Afrique et d’une probité morale au plus haut niveau, je n’aurai pas pu réaliser ces entreprises. Je profite de votre tribune pour répondre que personne ne se cache derrière mon groupe. C’est l’effort conjugué d’hommes pétris d’abnégation, engagés à relever les défis.

LA : Pouvez-vous nous entretenir sur le concept et la vocation de Cellular Systems International ?

K.M. : CSI est une entreprise de droit sénégalais, créée en 2008 et basée à Dakar. Elle fournit une plateforme d’offres de services mutualisés au grand public. Elle fournit une plateforme de paiement électronique sous la marque Wari. Nous offrons une kyrielle de services financiers et non financiers au grand public, à travers des points de proximité. Il s’agit essentiellement d’une offre globale de mise en service plusieurs acteurs autour d’une plateforme standard à partir d’un même point. Le « time to market » est fortement réduit avec ce concept, sur la base d’un accès direct, rapide et moins coûteux à la plateforme mutualisée et opérationnelle. Nous nous implantons selon un modèle performant et solide. Notre vocation à une dimension globale avec point d’ancrage l’Afrique extensible aux autres continents de la planète. Nos dernières extensions ont été rendues possibles grâce à de nouveaux partenariats avec des structures bancaires comme Ecobank.

LA : Pouvez-vous nous présenter les différentes solutions proposées au marché ?

K.M. : Nous intervenons dans des domaines variés, tels que le paiement de factures, d’assurances, le transfert d’argent local et international, paiement dans les autoroutes à péage, la collecte de taxes, le porte-monnaie électronique, la carte prépayée, le paiement de pensions pour les retraités. Nous exploitons une autre plateforme appelée CallMoney, que nous utilisons en marque white et qui est interconnectée à une vingtaine de Postes en Afrique. Nous avons aussi un système d’assurance, Good Life qui est conçu pour une mutualisation de l’assurance, de la retraite, de la santé et de l’assurance-vie.

LA : Qui sont vos partenaires financiers et techniques ?

K.M. : Nos principaux partenaires sont les institutions financières, les réseaux postaux, les mutuelles d’épargne, les établissements bancaires, les stations services, de boutiques et de commerce, les administrations, les ONG, etc. Nous possédons des filiales dans la sous-région, en Afrique centrale, en Afrique de l’Est, à Milan, Londres, Paris, aux USA et en Asie. Nous avons un concept de partenariat. Le client, c’est le grand public, allant de la domestique du quartier au paysan qui ont accès à nos services. Nous mettons donc à leur service une plateforme ultra sécurisée en permanence.

LA : Dans la gamme des services que vous proposez au grand public, la solution Wari fait des émules. Qu’est ce qui explique subitement sa percée fulgurante sur le marché africain et international ?

K.M. :Wari est une entreprise à dimension africaine avec une vocation internationale. Donc, la solution est dans un mouvement intégré et évolutif, ne laissant rien à son passage. Je précise que Wari n’est pas une société sénégalaise, même si sa base se trouve à Dakar. Le nom Wari, d’origine dioula, langue parlée en Afrique de l’ouest signifie Argent. Le dioula par essence est un grand négociant, qui sillonne l’Afrique et le monde. Les dioulas sont de grands commerçants depuis la nuit des temps. On a voulu que tout ce monde s’approprie ce nom. C’est cela la vision Wari. Aujourd’hui, Wari a fini de s’imposer sur le marché grand public. Nous proposons et offrons des services à une frange importante de la population. Nous faisons de l’inclusion financière mais aussi sociale. Grâce à cette solution, nous avons pu répondre aux immenses besoins financiers de la population non bancarisée, exclue des circuits bancaires classiques. Cette cible qui oscille entre 80 et 95% a désormais accès à nos services, à travers un réseau densifié des points Wari, via internet, ou le téléphone mobile. En toute liberté et sans engagement, ils sont servis à moindre coût. Ce sont tous ces paramètres qui confirment la solidité et le sérieux de Wari qui nous valent cette percée fulgurante sur le marché local et international. Je pense que cet engouement réel et grandissant de nos clients est lié en grande partie à l’approche culturelle.

LA : Wari n’est pas une niche, c’est une plateforme qui pèse plus d’un milliard d’euros, présente dans 25 pays dans le monde, défiant des majors comme Western Union, Money Gram. Comment définissez-vous ce service ?

K.M. :Vous avez parfaitement raison ! Wari est une plateforme transactionnelle de services financiers et non financiers. Wari est un produit standard africain 100% à vocation globale. Wari n’est pas une niche. C’est une plateforme innovante, rapide, qui pèse plus d’un milliard d’euros. Le produit est disponible dans 25 pays du continent. Nous avons tenu à ajouter dans ce service une valeur ajoutée sociale à effet transversal. C’est un produit purement inclusif. Aujourd’hui, il y a plus de 3 millions de personnes qui utilisent notre plateforme de façon permanente avec des marges de progression assez fortes à hauteur de 30% par mois.

LA : En termes de flux, Wari est largement devant ses concurrents, les multinationales Wes-tern Union, Money Gram qui avaient des positions dominantes sur le marché, quelle est votre part de marché ?

K.M. : Le réseau Wari est aujourd’hui fort de plus de 2 500 points au Sénégal et de plus de 16 000 points en Afrique. Nous avons en termes de flux plusieurs milliards de f CFA, qui transitent sur notre plateforme. Les multinationales Western Union, Money Gram, malgré leurs positions dominantes sont très chères. Nous sommes leader. Aujourd’hui, ces 2 multinationales sont derrière nous en termes de flux, ce qui confirme que nous ne sommes pas dans une niche. C’est pour vous dire que ce n’est pas une question de prix. Il y a toute une autre logique qui entre en droite ligne. Cette logique, nous l’avons comprise, valorisée et déclinée. Je vais vous dire, saviez-vous que les sociétés de transfert se partagent moins de 10% de part de marché mondial ? La clé de tout cela, c’est que nous ne fonctionnons pas de la même manière, les approches diffèrent. C’est l’intégration de tous ces produits à forte caractéristique sociale qui fait de Wari une offre unique en son genre. Pour cela, je constate que nous n’avons pas de concurrents. Wari a supplanté après quelques années d’activité les acteurs qui avaient le monopole du transfert d’argent au Sénégal.

LA : On vous annonce dans un avenir proche sur le marché malgache, pourquoi cette option ?

K.M. : Effectivement, nous sommes en train de finaliser notre partenariat pour opérer à Madagascar, qui est un marché porteur, ouvert. Nous allons offrir notre plateforme à la population malgache, car il y a de fortes attentes dans cette grande île. La proximité de nos services fiables, instantanés, innovants, pas chers, changera la vie des millions de malgaches cette année. Nous sommes fin prêts et nous mettrons à leur disposition toute la technologie avec une forte valeur sociale.

LA : Quelles sont les ambitions du groupe d’ici à l’horizon 2015 ?

K.M. : Cinq ans après avoir mis en route ce projet, nous nous sommes inscrits dans la consolidation des acquis. En érigeant Wari en un vrai standard africain, nous tenons à faire de cette plateforme un bien d’utilité publique, rapprochant les offreurs aux demandeurs, sans barrière, sans contrainte, et dans un temps rapide. On est en train de finaliser des partenariats dans bon nombre de pays, afin de prendre une part active de l’économie de ces pays. Nous comptons accélérer la cadence en termes de création de richesses et d’emplois, à court et moyen termes. Nous allons établir bientôt des bridges avec un pool d’institutions internationales de la finance pour approfondir le concept de plateforme mutualisée. Beaucoup de projets innovants sont sur la table et nous envisageons les concrétiser en grande partie cette année et le reste avant 2015.

Propos recueillis par Ismael Aidara

(Source : Les Afriques, 12 juin 2013)

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