Journée de réflexions de la Rts : Réajustement au cœur du dispositif audiovisuel
jeudi 30 décembre 2004
L’activité de gestion de la Rts au cours des deux dernières années a été entièrement dominée par une série de redressements pour pallier le déficit des années précédentes. Pour Abdou Khoudoss Niang, directeur général de la Rts, qui dirigeait la journée de réflexion tenue hier au Terrou-bi, le bilan positif de l’année 2003-2004 est à imputer aux mesures de restructuration de la boîte. Et les audits effectués ont permis de relever des failles dans la gestion financière de l’équipe sortante. « Sur le 1,5 milliard francs Cfa de déficit laissé par la direction sortante, le tiers a été résorbé par la nouvelle direction », indique Abdou Khoudoss Niang.
Selon toujours le directeur général, sa politique d’innovation a accordé une part importante aux mouvements syndicaux afin de mettre un terme à la situation conflictuelle qui prévalait jusque-là au sein du service.
Cependant, même si les objectifs de gestion de la nouvelle équipe concernant l’assainissement de la situation financière et le retour rapide à une situation d’équilibre ont été réalisés de l’avis de la direction générale, le bilan de l’année connaît quelques zones d’ombre. Car, le feedback avec le public n’est pas assuré.
Pour le président des consommateurs, Momar Ndao, le public sénégalais ne se retrouve pas dans les programmes de la Rts qui privilégie l’information étrangère au lieu de s’intéresser à ce qui touche directement les populations. « La Rts doit être un outil au service de la sensibilisation en prenant en considération les difficultés internes », soutient M. Ndao.
Dans ce sens, Daouda Ndiaye, directeur de la télévision, annonce une nouvelle grille des programmes qui privilégie l’information de proximité. « Nous nous acheminons vers des rééquilibrages qui entraîneront des émissions proches des populations », dit-il. Des télénovelas version sénégalaise sont prévues prochainement. La Rts dans sa volonté d’associer les différents publics cibles envisage la décentralisation de son programme en y associant davantage les populations régionales.
S’agissant de l’information politique qui privilégie le régime en place, Abdou Khoudoss Niang soutient que la Rts est consciente du degré élevé de la démocratie au Sénégal et qu’il s’efforcera de le maintenir. Mais souligne-t-il, « on ne saurait parler d’égalité au sens mathématique du terme. Il y a eu dernièrement un week-end politique et je pense que l’opposition n’a pas à se plaindre ».
La radio nationale opère elle aussi une série d’innovations dans les programmes diffusés sur ses quatorze stations disséminées à travers le pays mettant ainsi l’accent sur son repositionnement par rapport à la concurrence des stations privées. Dans la même optique, la télévision prévoit la mise sur pied d’un parc de caméras et envisage un réaménagement de ses studios afin de se positionner dans le monde audiovisuel et d’être une référence sur le plan régional.
Interpellé enfin sur le traitement inégal des langues nationales, Daouda Ndiaye soutient qu’« il ne peut pas y avoir mathématiquement parlant une égalité entre les langues. Il n’y aura pas de marginalisation des autres langues mais le wolof étant la langue dominante, les émissions en wolof vont donc dominer ».
Mame Saye DIOP
(Source : Le Quotidien, 30 décembre 2004)