Journalisme à l’ère digitale : Des codes éthiques standards pour réguler
samedi 3 mars 2018
Quelles valeurs éthiques adopter à l’ère digitale pour les journalistes pour promouvoir la démocratie ? Des journalistes ouest-africains essaient de trouver, depuis hier, à Abuja (Nigéria), une réponse à cette question en vue d’ériger l’éthique, la bonne gouvernance, l’autorégulation, les diversités et bannir les discours haineux, l’extrémisme violent… dans la profession.
La capitale nigériane, Abuja, abrite, depuis hier, un atelier axé sur le thème : « Journalisme, la démocratie à l’ère numérique et l’éthique journalistique ». Organisée par la Fédération africaine des journalistes (Faj) et le Réseau pour l’éthique journalistique (Ejn), cette rencontre de deux jours réunit plus d’une cinquantaine de participants venus de neuf pays ouest africains.
« Nous ne devons pas accepter, en tant que journalistes, que nos plateformes soient utilisées pour diffuser des discours haineux. Ce discours n’est jamais libre. Nous devons donc faire très attention surtout que ce discours haineux est très souvent exacerbé en période électorale et les politiciens ont souvent tendance à dire trop de choses à la fois », a exhorté le président de la Faj, Abdulwaheed Odusile, par ailleurs président du Syndicat des journalistes nigérians (Nuj). Pour lui, les journalistes africains doivent, à l’ère digitale, être informés des « nouvelles tendances », en se formant et s’équipant en conséquence, mais aussi qu’ils puissent toujours s’attacher aux valeurs « éthiques et déontologiques » qui fondent le métier. Il a magnifié le partenariat noué avec Ejn et qui vise à renforcer des journalistes du continent. Après l’Afrique de l’Est (Nairobi) et l’Afrique Centrale (Douala), l’Afrique de l’Ouest suit donc la tendance avec la conférence d’Abuja.
Le représentant du Réseau pour l’éthique journalistique, Tom Law, a souligné la nécessité d’ « avoir des solutions pratiques en commun pour renforcer le rôle des journalistes ». Car la sauvegarde de l’éthique journalistique ne pouvant se faire, selon lui, que si les professionnels des médias répondent à deux questions essentielles : « - qui sommes nous ? Que faisons-nous ? » Les réponses à ces interrogations devront être corrélées à une volonté de « se battre pour l’impartialité, ne pas s’attaquer aux sources, à l’indépendance, en ne versant pas dans la propagande, et faire de l’autorégulation ». La réelle influence des journalistes sur la société doit être accompagnée par une utilisation des « valeurs du journalisme », a expliqué M. Law. Aussi, a-t-il encouragé à la production d’articles à même de mettre l’accent sur certains phénomènes sociaux comme la corruption par exemple.
« Il nous faut créer une prise de conscience contre le discours haineux, la corruption, mais aussi faire tout pour une dissémination de l’information émanant des journalistes puisqu’à l’heure de l’internet nous disposons de toutes sortes d’informations », a invité Muktar Gidado, le vice-président de la Nuj. Pour M. ce dernier, la pratique du métier de journaliste devra toujours se faire selon « l’éthique standard » et la survie de la démocratie dépend aussi du développement des médias.
Quatre panels sont inscrits au programme de la conférence : l’éthique, l’autorégulation ; la bonne gouvernance au discours haineux ; les diversités et l’extrémisme violent ; la propagande, les élections...
Ibrahima Khaliloullah Ndiaye
(Source : Le Soleil, 3 mars 2018)