La radio Jéeri FM appartient à cette catégorie de radios communautaires qui développe le processus participatif à tous les niveaux. Comme antenne rurale, elle semble être laissé à elle-même, submergée par les difficultés. Un espoir réside avec le projet de partenariat entre Jéeri FM et le PNUD pour que la “ voix des sans-voix ” continue de se faire entendre.
Jéeri FM fait partie des cinq radios communautaires lancées, depuis octobre 1999, par le Conseil National de Concertation et de Coopération des Ruraux (CNCR) à Bakel, Koupentoum, Bignona, Joal et Keur Momar Sarr. Ces antennes communautaires, dont la vocation est de donner la parole au monde rural, jouent un rôle primordial dans l’approfondissement de la démocratie, mais également contribue à l’émulation de la démocratie à l’échelon villageois. Situées aux antipodes de la logique commerciale, ces radios favorisent non seulement les intérêts des populations, mais également aident à résoudre les multitudes problèmes se rapportant à la vie de tous les jours. “ Durant les émissions, toutes les idées font l’objet de débats dans le strict respect de la diversité culturelle et des principes de la démocratie ”, avance Mme Aïssatou Fall-Sarr, connue sous le nom de Natou, véritable icône médiatique dans ce bled perdu du Walo.
Située à Keur Momar Sarr, cinquante kilomètres de la ville de Louga, Jéeri FM est composée d’un personnel de neuf membres, dont six animateurs pour les émissions en wolof, pular et hassanya (en raison de deux par langue) de deux techniciens et d’un gérant qui fait office de directeur de la radio. Si les perspectives semblaient optimistes à ses débuts, il semble que depuis la panne de l’un des émetteurs, les problèmes ne cessent d’augmenter. “ N’eût été l’aide des techniciens de la RTS-Louga et Saint -Louis ont bien voulu nous apporter, la voix de Jéeri FM se serait tue depuis longtemps ”, lance-t-elle, dans un grand mouvement de désespoir. Le plus décourageant dans tout cela, nous explique Natou, c’est que la radio n’arrive pas à étendre sa zone de couverture au de-là de vingt-cinq kilomètres, alors qu’à ses débuts elle était écoutée jusqu’en Mauritanie.
Résolument tournée vers la communauté, la radio se propose, entre autres missions, de développer des initiatives en direction des populations pour leur faire comprendre qu’elles doivent l’utiliser comme un service et non comme une activité commerciale. Pour cela, il faut qu’elles sachent que c’est un outil de développement qui est mis à leur disposition. N’ayant pas de salaire, et pouvant rester six à sept mois sans recevoir de subsides, ceux qui portent au loin la voix de Jéeri FM en appellent aux organisations non-gouvernementales pour remédier à la situation d’incurie financière. “ Nous sommes en train de travailler avec le PNUD sur un programme de partenariat ”, révèle, encore une fois, Natou. Et c’est parce que le personnel de Jéeri FM est bien conscient des sacrifices à consentir, qu’il se consacre totalement à la tâche, nonobstant les considérations financières. À cet effet, l’élargissement de l’aide à la presse aux radios communautaires constitue, selon Abdou Johnson, technicien de la même radio, pour qui l’enveloppe de deux millions, reçue en 2003 a beaucoup aidé à faire face aux dépenses courantes (facture d’électricité, d’eau, etc.). Néanmoins, cette manne financière a été réduite à un million cinq cent mille francs CFA, en 2004. Pour lui, cette réduction s’explique par le fait que le nombre de radios FM, à vocation commerciale ou communautaire, ne cesse d’augmenter au fil des ans. “ Et si l’enveloppe globale ne suit pas de façon proportionnelle ce mouvement cette aide se réduira, d’année en année, comme une peau de chagrin ”, confesse-t-il
ABDOULIE JOHN
(Source : Le Soleil, 12 février 2005)