Dans la salle des banquets de la présidence de la République, le chef de l’Etat visite les nouvelles installations de l’Agence de l’informatique de l’Etat à quelques centaines de mètres de là. Et pour tester les premières œuvres de ce projet, le secrétaire général du gouvernement, en visioconférence, a reçu les dernières directives du chef de l’Etat sur les dossiers à préparer pour le prochain conseil des ministres. Ainsi, tous les outils de travail des agents de l’Etat seront désormais disponibles sur leur ordinateur.
La démonstration a eu lieu le 15 mars 2005, marquant ainsi le démarrage officiel du projet « Intranet gouvernemental ». Et le directeur de l’Agence de l’informatique de l’Etat (ADIE) Mouhamed Tidiane Seck de jubiler : « Les réseaux n’ont pas de frontières, la notion de distance n’existe pas dans ce domaine. Même les images peuvent être perceptibles à n’importe quel endroit de la terre ». Le projet, qui a coûté 2,4 milliards de francs CFA et financé par la Banque mondiale à hauteur de 75%, est « le fruit d’un partenariat réussi réalisé dans le cadre de la modernisation du système d’information de l’administration », a laissé entendre M. Seck.
En termes d’opportunité, le projet permettra une réduction de 30% sur la facture de téléphonique du gouvernement qui s’élève à 8 milliards de francs par an. Les téléphones des bureaux des agents de l’Etat sont interconnectés, construisant ainsi un réseau autonome de téléphonie sur IP (Internet Protocol) qui permettra à toutes les structures de l’administration de téléphoner rapidement à partir de quatre chiffres. Cela apportera en termes d’économies des avantages sur les outils à travers des sortes de bureaux virtuels créés qui vont permettre d’avoir des passerelles interministériels pour échanger des données. Il assure ainsi une « mutualisation des informations dans des domaines comme la gestion des ressources humaines et les ressources matérielles du gouvernement ».
L’intranet est un processus qui part d’une vision annoncée dès 2001 par le président de la République à Davos, rappelle M. Tidiane Seck. Et le citoyen va tourner autour d’une administration qui est accessible. Un gouvernement qui va s’articuler pour mettre le citoyen au cœur de se préoccupations. C’est à la suite que l’Agence de l’informatique de l’Etat et l’Agence de régulation des télécommunications sont créées, l’une pour faire la transition vers le e-gouvernement et l’autre vers le e-citoyen pour la libération des transmissions des données et un accès universel avec les économies que cela peut induire. Il n’y aura aucune limitation sur les communications internes, car la fluidité et la rapidité de l’information seront assurées, le système est doté d’une vitesse de connections de 256 kilobytes/seconde à 1 gigabyte/seconde. Ce projet est présenté comme une possibilité d’agir une administration pro-active qui cultive l’échange et le partage d’information avec des applications transversales et sectoriels dans un réseau connecté. Ce qui permet au moteur administratif de tourner rond, mais aussi d’offrir des services aux décideurs de l’Etat et du citoyen là où il se trouve. De manière stratégique, servir le client qui est le citoyen.
Abibou MBAYE
(Source : Le Journal de L’Economie, 21 mars 2005)
A l’origine, le Réseau de communication voies et données.
L’intranet gouvernemental a au moins le mérite de voir le jour. Tandis que le Réseau voies et données, dont l’étude de faisabilité avait été achevée en 1994, est mort de sa belle mort. Mais peut-être qu’on a simplement dépoussiéré un vieux projet qui date de 1994 pour le rebaptiser « intranet gouvernemental ». En tout cas, le projet « Réseau voies et données » s’était heurté aux exigences du FMI. Difficultés financières à l’époque pour boucler le financement des programmes triennaux d’investissement public mais à en croire certains, à l’époque les obstacles étaient liés à une certaine « conception répressive » qui animait les propositions de l’Inspection générale d’Etat concernant le coût du téléphone. Autre grief, ceux qui voulaient limiter le projet à la seule téléphonie alors qu’il était possible d’imaginer un réseau intégré de voies et données », confiait un des techniciens du projet. En tout cas, Cheikh Tidiane Sakho de l’ADIE ignore tout de ce « Réseau voies et données », même si il reconnaît que « les deux n’ont pas les mêmes orientations, ni les mêmes technologies ». Et de poursuivre qu’en travaillant sur l’Intranet, les experts n’avaient sous les yeux aucun dossier concernant l’ancien projet. Les deux projets ont des similitudes énormes même si, à l’époque, les technologies n’étaient pas si avancées qu’aujourd’hui. Pour le Réseau voies et données, il se limitait à la seule région de Dakar, permettait une réduction des coûts, les communications n’étant pas payantes à l’intérieur du réseau, restriction des communications extérieures permettait également la visioconférence et la messagerie électronique. Ce qu’offre exactement le nouveau projet né « il y a seulement un an », selon le directeur de l’ADIE. L’ancien projet se limitait au building administratif, avec trois centres secondaires localisées respectivement au ministère des finances, à l’Assemblée nationale, au ministères des Affaires étrangères, le tout pour une desserte de 18 stations de raccordement d’abonnés de près de 6.000 postes. Le nouveau projet est plus extensif, il dépasse même la zone pour aller jusqu’à Fann et Rufisque. Au finish, les deux projets on un objectif fondamental en commun : « assurer dans les bonnes conditions, les communications téléphoniques entre agents de l’Etat, tout en offrant les services nouveaux comprenant l’échange de données informatisées et la réduction de la facture téléphonique de l’Etat ». Mais entre-temps, la facture de l’administration, qui s’élevait à 4,6 milliards de francs, est aujourd’hui passée à 8 milliards.