Le Web [1], définit comme « système hypertexte public fonctionnant sur Internet » est puissant, très puissant qu’il a fini par s’imposer au monde moderne. Unique en son genre par la quantité des informations, images et vidéos qu’il diffuse, ce portail est d’accès facile à la fois pour ceux qui le consultent pour s’informer, et pour ceux, sans doute plus actifs, qui l’utilisent pour s’exprimer.
Au final, les uns et les autres prennent leur liberté, sans jamais se soucier des ravages que peut entraîner dans leur propre entourage, ou chez autrui, le plaisir qu’ils se donnent lorsqu’ils postent un appel à la violence, sacralisent les idéologues d’un racisme ancestral, parient sur l’extermination des membres de l’ethnie voisine pour des motivations bassement politiciennes.
On se trouve pour ce qui est de certains sites répertoriés sur Internet à des carrefours d’échanges où s’entremêlent les intérêts jugés toujours divergents des hommes et des femmes qui peuplent la Terre. La plupart de leurs animateurs s’en tiennent mordicus à la logique de l’affrontement sans fin.
Le temps qu’ils passent à fabriquer ou relayer des messages violents, ils l’ont suffisamment, l’imagination leur est très fertile, la volonté de nuire y est affirmée et l’apologie du crime mûrement entretenue.
L’humanité va à sa perte si l’on n’y prend garde ! D’où, les craintes que suscitent chez de nombreux décideurs, à travers les cinq continents, les dérives qui affectent la Toile d’araignée mondiale.
Il y a d’une part, en effet, des activistes du Web qui passent le clair de leur temps à élaborer des scénarii catastrophes, souvent pour des raisons de militantisme politique, parfois aussi pour se dédouaner d’une pénible oisiveté.
D’autre part, des hackers ou fouineurs au service des Etats, des multinationales ou de groupuscules terroristes qui infiltrent les systèmes de communication protégés des gouvernements dans le but d’en déglinguer le fonctionnement ou d’en soutirer l’information capitale.
Sur tous les plans, et quelle qu’en soit la finalité, le résultat peut être désastreux pour l’équilibre des sociétés et des Etats.
Victime de ses propres performances, pourrait-on dire, la commaunauté mondiale doit désormais faire face à la montée du crime sur le Web, la fameuse cybercriminalité.
Le 12 décembre, le ministre français de la Défense, Jean Yves le Drian (cité par l’AFP) , se faisait plus précis sur la question en déclarant : « L’émergence d’un nouveau milieu, d’un champ de bataille cyber, doit nous amener à repenser profondément notre manière d’aborder l’art de la guerre ». La guerre numérique ?
Telle sera peut-être, demain, le recours indispensable pour la survie des institutions publiques tant est que les Etats seront obligés de s’attaquer à cette dimension du web devenue délibérément agressive.
Alors que l’élection présidentielle américaine du 8 novembre a vu la victoire du candidat républicain, Donald Trump ; que ce dernier se prépare à occuper le Bureau Ovale de la Maison Blanche, dès le 20 janvier prochain, une arrête semble restée en travers de la gorge des responsables du camp démocrate. Et pour cause ?
Des hackers au service d’une puissance étrangère, la Russie en l’occurrence - les plus hauts dignitaires étasuniens, en tête desquels le président Obama lui-même, y croient fermement- auraient tripoté les câbles de la toile au détriment de la représentante démocrate, Hillary Clinton.
Une enquête de la CIA, en cours, devrait, peut-être, étayer ces soupçons des officiels américains que leurs homologues russes rejettent en bloc.
Ce qui est sûr, c’est qu’au-delà de la grandissante inimitié entre Washington et Moscou sous Obama et Poutine (que l’administration Trump s’employera peut-être à tempérer), les nations ont à leurs portes une menace globale appelée cybercriminalité.
Malheureusement, à l’instar d’autres défis comme le terrorisme classique, l’expérience montre que portés par leurs intérêts propres, les Etats sont incapables de constituer une coalition internationale victorieuse contre ce grand danger.
De ce fait, ils auront beau assurer défendre les droits fondamentaux de leurs citoyens, dont celui d’exprimer librement ses pensées, les gouvernements pourront être amenés, chacun sa méthode, à exercer diverses pressions sur le web et ce qu’il charrie comme vomissures. Non sans évidemment susciter des réactions hostiles des utilisateurs. Après tout, plus puissant que le Web, il n’y en a presque pas, peut-être plus pollué aussi.
Gankama N’Siah
(Source ; Les Dépêches de Brazzaville, 17 décembre 2016)
[1] World Wide Web