Internet : Le Top 40 des pays africains les plus rapides en vitesse de téléchargement haut débit
mardi 11 septembre 2018
Pour la deuxième année consécutive, Measurement Lab (M-Lab), un laboratoire issu d’un partenariat entre la New America’s Open Technology Institute, Google Open Source Research, PlanetLab de l’Université de Princeton et d’autres partenaires, a rendu public au mois d’août 2018 les résultats de son étude sur les vitesses de téléchargement haut débit dans 200 pays dans le monde.
Comme en 2017, d’après les résultats de cette enquête compilés et publiés par Cable.co.uk, Singapour est le pays qui vient en tête du classement avec des vitesses de téléchargement atteignant 60,39Mbps. D’après ce rapport, à Singapore, il faut compter 11 min et 18 secondes pour télécharger une vidéo de 5 Go. Le dernier pays du classement, comme en 2017, reste le Yémen avec seulement 0,31Mbps et il faudrait attendre près de deux jours pour télécharger une vidéo HD de 5Go. Précisément 36 heures 52 minutes et 20 secondes. Singapore est suivi de la Suède et du Danemark.
D’après les auteurs de l’étude, la bonne nouvelle est que, contrairement à l’année dernière, la vitesse moyenne mondiale augmente rapidement. Pour eux, la vitesse moyenne du haut débit mondial mesurée entre le 11 mai 2016 et le 10 mai 2017 était de 7,40 Mbps. Or, la vitesse moyenne mondiale du haut débit mesurée entre le 30 mai 2017 et le 29 mai 2018 dans cette étude a été de 9,10 Mbps, soit une hausse de 23 %. Les auteurs précisent qu’en moyenne, les 100 premiers pays du tableau ont gagné 5,43 Mbps, tandis que les 100 derniers du tableau ont gagné en moyenne seulement 0,41 Mbps.
Commentant ces chiffres, Dan Howdle, analyste télécoms chez Cable.co.uk qui publie cette étude, indique qu’avec des débits moyens à large bande en hausse de 23 % en un an seulement, il serait facile de croire à une évolution globalement positive de la situation dans le monde. « Cependant, explique-t-il, en y regardant de plus près, on constate que l’accélération est concentrée vers le haut de l’échelle : Les pays les plus rapides s’améliorent plus rapidement, ceux qui se situent en bas du tableau frôlent la stagnation. L’Europe, les États-Unis et les centres économiques florissants de la région Asie-Pacifique (Singapour, Japon, Taïwan et Hong Kong) sont en tête du monde pour ce qui est de la fourniture d’une large bande rapide et fiable, ce qui suggère une relation entre largeur de bande disponible et santé économique. Il convient de féliciter les pays qui sont à la tête du monde, mais nous devons également être conscients de ceux qui sont de plus en plus laissés pour compte. »
23 parmi les 30 pays ayant les débits les plus élevés sont en effet situés en Europe, six en Asie, un en Amérique du Nord. En revanche, 15 des 30 pays les plus lents sont situés en Afrique
Classement africain
En Afrique justement, c’est Madagascar qui vient en tête du classement et détrône le Kenya avec une vitesse de téléchargement de 24,87 Mbps qui le place au 22e rang mondial. Soit une heure et 27 minutes et 27 secondes pour télécharger une vidéo HD de 5 Go. En Afrique centrale, le Cameroun arrive en première position avec 1.29 Mbps. Les auteurs du rapport indiquent qu’il faut environ huit heures et 48 minutes pour télécharger une vidéo HD de 5 Go.
En Afrique de l’Ouest, la Côte d’Ivoire vient en tête avec 1.70 Mbps et six heures 42 minutes pour le téléchargement d’une vidéo HD de 5Go.
Au total dans le monde, l’on apprend que 139 pays ne parviennent pas encore à atteindre des vitesses moyennes de téléchargement supérieures à 10Mbps. Vitesse considérée comme étant le minimum requis pour répondre aux besoins des particuliers, des familles ou des PME.
Collin Anderson, chercheur indépendant à M-Lab, indique que cette recherche démontre la valeur des mesures du réseau et des données ouvertes à travers les pays afin de comprendre la situation de chaque pays par rapport aux autres. En même temps, dit-il, l’étude permet aux populations de comprendre le niveau du développement du haut débit dans leur pays.
La méthodologie et des contestations
Concernant la méthodologie de collecte des données, Cable.co.uk précise que l’application NDT de Measurement Lab a mesuré le débit via d’une connexion unique via le protocole TCP, en essayant de transférer autant de données que possible pour une période d’au moins dix secondes entre deux machines. D’après les spécialistes, lors d’une communication à travers le protocole TCP, les deux machines doivent établir une connexion. La machine émettrice (celle qui demande la connexion) est appelée client, tandis que la machine réceptrice est appelée serveur. On dit qu’on est alors dans un environnement Client-Serveur. Les machines dans un tel environnement communiquent en mode connecté, c’est-à-dire que la communication se fait dans les deux sens.
Les données recueillies du 30 mai 2017 au 29 mai 2018 ont été recueillies après des tests effectués par au moins 100 adresses IP uniques. « Tous les tests qui n’ont pas réussi à ” stresser ” la connexion en créant de la congestion entre les machines clients et serveurs ont été exclus de notre analyse. De même, tous les tests qui ont duré moins de neuf secondes ou plus de quinze secondes, ont été exclus », précise les auteurs.
Seulement, cette étude ne fait pas toujours l’unanimité. De nombreux pays européens ont déjà critiqué la méthodologie utilisée par M-Lab et Cable.co.uk pour compiler les résultats de l’enquête. Cable.co.uk rappelle par exemple qu’il a utilisé et analysé les données de M-Lab dont l’objectif est de fournir aux internautes une plateforme de mesure ouverte et vérifiable pour les performances mondiales du réseau Internet.
En Afrique, avec la 4G déployée dans plusieurs pays, de nombreux réseaux sont largement au-dessus des débits annoncés dans cette étude. Digital Business Africa a par exemple déjà constaté que de nombreux pays africains proposent des débits de connexion et de téléchargement allant parfois jusqu’à 70 Mbps. Comme indiqué l’an dernier, au Cameroun, au Gabon, en RD Congo, en Côte d’Ivoire ou encore au Congo, tous des pays qui utilisent déjà la technologie 4G, les internautes font l’expérience des débits de téléchargement bien supérieurs à ce qu’indique cette étude.
(Source : Digital Business Africa, 11 septembre 2018)