Internet : « 2Africa », le câble sous-marin géant qui doit améliorer la connexion du continent
dimanche 17 mai 2020
37 000 km autour du continent africain. C’est un projet gigantesque annoncé cette semaine par un consortium de 8 sociétés dont Facebook, le Français Orange et China Mobile International : la construction d’un câble sous-marin baptisé « 2Africa » qui partira du Royaume-Uni, direction le Portugal pour ensuite faire le tour de l’Afrique. Ce câble, qui doit être opérationnel en 2023 ou 2024, devrait améliorer l’accès du continent à Internet.
Fournir un accès « supérieur à la capacité combinée totale de tous les câbles sous-marins desservant l’Afrique à l’heure actuelle ». C’est l’objectif du consortium de multinationales télécom qui va construire un câble sous-marin de 37 000 km tout autour de l’Afrique afin d’améliorer l’accès à internet de ce continent et du Moyen-Orient.
Parmi les membres du consortium, l’opérateur français Orange, China Mobile International, Facebook, le Sud-Africain MTN GlobalConnect, STC (Saudi Telecom Company), Telecom Egypt, le Britannique Vodafone et WIOCC (West Indian Ocean Cable Company). C’edst Alcatel Submarine Networks (ASN) qui a été chargé de la construction de ce gigantesque projet, baptisé « 2Africa ».
Le câble, l’un des plus longs au monde, reliera l’Europe de l’Ouest au Moyen-Orient et à 16 pays d’Afrique, parcourant la Méditerranée, la mer Rouge, le golfe d’Aden, la côte africaine de l’océan Indien jusqu’au cap de Bonne-Espérance, pour remonter l’océan Atlantique jusqu’en Grande-Bretagne.
Installations encore sous-exploitées
Les associés visent une mise en service en 2023 ou 2024. Le câble 2Africa « apportera à de nombreuses régions d’Afrique la connectivité Internet et la fiabilité dont elles ont tant besoin, estiment les associés dans un communiqué. Il répondra à la demande de capacité toujours plus importante au Moyen-Orient et facilitera le déploiement de la 4G, de la 5G et de l’accès haut débit fixe pour des centaines de millions de personnes. »
Mais pour le réseau d’ONG Internet sans frontières, les objectifs annoncés incitent à la prudence. « Les parties prenantes au projet vantent le fait qu’il s’agisse d’un projet durable, dans la mesure où des centres Data et stations d’atterrissage, qui seront installés, fourniront des capacités de manière équitable, explique Qemal Affagnon, responsable Afrique de l’Ouest au sein de l’ONG, joint par Pierre Firtion, du service Afrique de RFI. Mais c’est un objectif qu’il va falloir observer après la mise en service du câble, parce qu’aujourd’hui, malgré l’existence de nombreux câbles sous-marins à fibre optique, ces installations sont encore souvent sous-exploitées. »
Qamal Affagnon souligne le résultat d’études qui « ont montré qu’au niveau de la côte ouest du continent africain, les câbles qui sont installés fonctionnent approximativement à 20 %, ou des fois même à moins de cette capacité. Donc les pays d’Afrique ne bénéficient pas toujours autant des avantages que devraient leur fournir ces installations. »
« Écosystème internet sain » et intérêts privés
Le câble 2Africa intègrera la nouvelle technologie SDM1, conçue par ASN, déployant un maximum de 16 paires de fibres, là où les anciennes technologies n’en supportaient que huit.
Le câble intègrera également la technologie « commutation optique » pour permettre une gestion flexible de la bande passante, souligne le communiqué du consortium. Le câble sera plus enfoui que pour d’anciens systèmes et le tracé évitera les zones touchées par les perturbations sous-marines afin « d’offrir le plus haut niveau de disponibilité possible ».
Les membres du consortium vantent donc un projet durable qui fournira des capacités « de manière équitable et juste », participant ainsi à un « écosystème internet sain ».
Mais pour Qemal Affagnoin d’Internet sans frontières, « il y a des inquiétudes à avoir au niveau des garanties autour des données qui transitent. Parce qu’aujourd’hui, ces câbles appartiennent à ces entreprises privées et il y a toute une activité qui est en train de se développer. Cette activité risque, au final, de plus profiter à des intérêts privés, alors que les populations à qui ces installations devraient profiter, sont toujours dans l’incapacité d’accéder à du contenu en ligne, et parfois même de télécharger des documents. »
(Source : RFI, 17 mai 2020)