Inclusion financière au Sénégal : Vers la digitalisation des transactions du petit commerce
vendredi 28 juin 2019
Un projet de digitalisation des transactions du petit commerce au Sénégal est initié afin de promouvoir l’inclusion financière. L’annonce a été faite mercredi, par le Secrétaire exécutif de l’Observatoire de la qualité des services financiers (OQSF), Habib Ndaw, lors d’un atelier.
Le commerce sénégalais est marqué ces dernières années par l’arrivée de magasins de grande distribution. Ainsi, pour ‘’protéger’’ le petit commerce et promouvoir l’inclusion financière, l’Observatoire de la qualité des services financiers (OQSF) a jugé ‘’nécessaire’’, selon son Secrétaire exécutif, de créer un cadre d’échanges et de sensibilisation. Une rencontre s’est tenue à cet effet mercredi à Dakar. Elle est axée sur la nécessité de mettre les boutiquiers, et tous les acteurs qui tournent autour de cette activité, dans la finance digitale qui est en pleine expansion. ‘’Dans un contexte de promotion de l’inclusion financière, nous accordons un intérêt majeur à ce projet dont la mise à œuvre devrait concourir à un élargissement de l’accès aux produits et services financiers de qualité et surtout au renforcement de la culture financière numérique. Le démarrage de ce projet ne sera réellement effectif qu’après l’avènement du processus de maturation engagé auprès de la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’ouest (Bceao)’’, explique Habib Ndaw.
En effet, le Secrétaire exécutif de l’OQSF souligne que la prise en compte des avis et orientations de la Banque centrale est ‘’impérative’’ pour s’assurer de la réussite et du succès attendu dans la mise en œuvre de ce projet d’envergure national. ‘’Il y a au moins 150 000 personnes qui s’activent dans le commerce au Sénégal, avec environ 42 000 commerçants, dont 22 000 résidants à Dakar. Le renforcement de l’attrait du secteur du petit commerce nécessite l’adoption par ses principaux animateurs d’une démarche innovante, d’amélioration de la qualité des services offerts par des sociétés informatiques, telles qu’In Touch. Qui propose une plateforme innovante d’agrégation de l’ensemble des services qui sont déjà disponibles dans les boutiques’’, ajoute M. Ndao.
Pour sa part, le représentant du ministre des Finances et du Budget, Thierno Ly signale que quand on parle d’inclusion financière, la cible privilégiée est le ‘’monde rural’’. ‘’Et j’espère qu’à travers ce partenariat, cette cible sera atteinte. L’autre défi est l’éducation financière. Si les consommateurs ne sont pas avertis, éduqués, pour bien utiliser les instruments de cette finance digitale, il peut avoir des conséquences’’, dit-il. D’après M. Ly, le marché sénégalais sur la finance digitale a d’énormes potentialités.
En réalité, selon les chiffres de la Bceao, en décembre 2018, les transactions de la finance digitale sont estimées à 1200 milliards de francs CFA. Au moment où, en Côte d’Ivoire, elles sont à 6500 milliards. Au Mali, ces transactions représentent 3900 milliards de francs CFA, au Bénin, c’est 2700 milliards et au Burkina Faso 4000 milliards de francs CFA. ‘’Le Sénégal est encore à la traine par rapport à nos voisins. Je voudrais inviter les opérateurs à saisir ces opportunités qui existent encore. Et le rôle de l’Etat c’est de baliser le terrain, mettre en place les conditions favorables pour le développement de la finance digitale. Il y a des initiatives certes timides. Mais, on peut avoir de l’espoir’’, soutient-il.
A ce propos, il convient de noter que la start-up In-Touch a proposé une plateforme digitale pour faciliter ces transactions dans le petit commerce. ‘’La solution qu’on propose s’appelle le guichet unique. Il permet à un boutiquier ou détaillant d’avoir un seul téléphone, un seul interlocuteur, un seul compte pour distribuer tous ses services. Cela leur permet de faciliter l’utilisation des services financiers et la distribution’’, fait savoir le directeur d’In-Touch, Oumar Gueye.
Toutefois, conscients du taux d’analphabétisme dans ce secteur la start-up travaille avec des partenaires à ce propos. ‘’On a une équipe de commerciaux qui sont sur le terrain pour les encadrer. On les accompagne, les forme au quotidien dans ce processus. On met aussi tout de notre côté pour assurer la sécurité de cette plateforme. Ce n’est pas seulement la sécurité de notre solution, c’est aussi celle des données qui sont traitées. Nous travaillons en étroite collaboration avec la Commission de protection des données personnelles (CDP) pour nous assurer que nous sommes en norme par rapport à la protection de ces informations. Nous réalisons des audits réguliers sur notre système’’, renchérit M. Gueye.
Mariama Diémé
(Source : Enquête, 28 juin 2029)