Incinération des produits contrefaisants : La peur dans le camp des délinquants
vendredi 21 septembre 2012
44.522 supports audiovisuels saisis et 366 personnes interpellées. C’est le bilan des saisis dans la période du 18 août 2010 au 12 septembre 2012. La Brigade nationale de lutte contre la piraterie et la contrefaçon (Bnlcp) et le Bureau sénégalais des droits d’auteurs (Bsda) ont procédé à l’incinération des produits contrefaisants saisis hier, jeudi 20 septembre au site des Mamelles. La Brigade nationale de lutte contre la piraterie et la contrefaçon (Bnclp) a été créée en 2006 et a démarré ses activités en 2007.
Du 18 août 2010 au 12 septembre 2012, 44.522 supports audiovisuels (VCD et DVD), soit 4,014 tonnes ont été saisies et 366 personnes interpellées par la Brigade nationale de lutte contre la piraterie et la contrefaçon (Bnclp). La procédure de la destruction des supports contrefaits saisis, a eu lieu hier, jeudi 20, au site des Mamelles à Ouakam (ex Champ de Tir), en présence des artistes, des producteurs et le personnel du Bureau sénégalais des droits d’auteurs (Bsda). Bara Niang, Chef Brigade nationale de lutte contre la piraterie et la contrefaçon a averti tout délinquant : « La piraterie tue la création d’une œuvre intellectuelle. Les contrefaits se vendaient comme de petits pains à Dakar avant la mise en place de la brigade. Maintenant ces produits se vendent comme de la drogue. La Bnlcp mène une lutte contre les délinquants pour les retrouver dans leur dernier retranchement ». Malgré les difficultés liées au manque de moyens, les policiers arrivent à appréhender les récidivistes. « Nous avons une brigade nationale, mais malheureusement la plupart de nos activités se concentrent à Dakar à cause de manque de moyens.
La brigade sillonne la ville et sa banlieue pour neutraliser ceux qui distribuent de manière illégale les œuvres d’autrui. A chaque sortie une trentaine de personnes sont interpellées dans la rue », a expliqué le chef Bnclp. Pour sa part, Doudou Ndiaye dit « Bour guéwél » a souligné que « La brigade en partenariat avec le Bsda ont détruit des Cd illégales des artistes. Je profite à cette occasion pour les remercier tout en souhaitant qu’il continue dans cette lancée. Je sollicite le ministre de la Culture et du Tourisme et celui de l’Intérieur de renforcer la Bnlcp et le Bsda pour faire leur travail en dehors de Dakar où la situation est encore pire. Nous lançons un appel aux fans de ne plus acheter les CD piratés ce qui les poussent à ne plus vendre les supports contrefaits ». Cheikh Tidiane Tall, artiste embouche la même trompette : « Il est temps que l’Etat mette les gros moyens pour éradiquer ce phénomène à la racine du mal. Nous avons tout fait, mais rien n’a changé la situation. Ces délinquants sont des criminels. C’est un honneur pour nous de voir incinérés les produits contrefaits aujourd’hui », dit-t-il.
Les vendeurs de ces supports audiovisuels sont partout dans les rues de Dakar. Ils profitent des embouteillages pour exhiber leurs produits ou se faufiler entre les voitures. Youssou Soumaré, directeur du département juridique du Bsda a révélé que les délinquants se cachent derrières les pirates pour écouler leurs marchandises. « Les commerçants sont condamnés à payer une amende de 50.000F Cfa avec un mois de sursis. Mais les récidivistes payent entre un et cinq millions francs et purgent une peine de 6 mois à 2 ans de prison. Les amendes sont destinées à la caisse du trésor public. L’Etat ne recouvre pas les pirates car il n’a pas souvent leur adresse. Et si les données n’existent pas, comment ils doivent payer les amendes qui vont entre un à 5 millions francs. Les délinquants à col blanc sont toujours derrière ces gosses pour vendre leurs produits illicites » confie-t-il.
Youssou Soumaré poursuit : « Le Bsda aurait récolté une répartition de 45 millions de nos francs avec les 44.522 supports audiovisuels saisis, s’il vend un CD à 1000F Cfa l’unité. Cet argent en l’air peut renforcer le fond social qui aide les auteurs d’œuvres de l’esprit dans les domaines littéraire, artistique, cinématographique, audiovisuel et des arts appliqués. Il permet aussi à une maison de production de supporter l’industrie culturelle ». « En plus, l’Etat doit harmoniser ces textes et mettre sur place une stratégie pour lutter contre ce phénomène et protéger la population sur le plan sanitaire », a-t-il-ajouté.
Awa Diouf
(Source : Sud Quotidien, 21 septembre 2012)