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Immatriculation des pirogues : en route vers la « cyberpêche »

vendredi 18 juin 2004

Il fallait s’y attendre, un jour la pêche artisanale entrerait, elle-aussi, dans les Nouvelles technologies de l’information et de la communication. Cela avait déjà commencé avec les services proposés par la société Manobi, cela se confirme avec l’initiative d’identification électronique des pirogues. L’importance de la pêche artisanale au Sénégal ne fait aujourd’hui l’objet d’aucune contestation. Elle génère quelque 600.000 emplois, directs ou indirects, utilise entre 8.000 et 12.000 pirogues, fait des mises à terre annuelles de 400.000 tonnes (ce qui représente 80% des mises à terre globales), et représente des revenus d’exportation de 181 milliards de FCFA, soit plus de 30% des recettes d’exportation du Sénégal. D’une manière générale, la pêche contribue pour 12% au PIB du Sénégal pour le secteur primaire et 2,5% pour le l’ensemble de l’économie.

Le problème est qu’il y a aujourd’hui nécessité de mieux gérer cette « économie maritime ». C’est là que les TIC viennent à la rescousse. Depuis trois ans, en effet, une réflexion pour avoir un outil de collecte des données et d’identification du parc piroguier a été mise en œuvre et un cadre global existe depuis 2001 lorsque le ministère en charge de la pêche a produit un document intitulé « Stratégie de développement durable de la pêche et de l’aquaculture pour la période 2001-2007 ». Dans ce document, le ministère prévoit la mise en œuvre d’un système d’aménagement de la pêche qui repose sur quatre activités : mise en service d’un système d’information, renforcement du système de recherche pour le suivi des ressources, mise en place d’un système de régulation de l’accès et d’allocation des droits de pêche et amélioration du système de suivi, de contrôle et de surveillance des activités. En février 2002, une convention est signée. Elle concernait un financement suisse avec comme acteurs la Fédération nationale des GIE de pêche du Sénégal (Fenagie), le bureau d’études Ports Systems Dakar (PSD) et la société suisse Sport Access SA, spécialisée dans les services liés à la carte à puces. Ports Systems Dakar est une société sénégalaise, avec un fort ancrage technique suisse, dont l’objectif est de développer l’utilisation des TIC, des technologies de cartes à puces et de contrôle d’accès pour apporter des solutions au développement durable des ressources maritimes et pour améliorer la gestion des pêches.

En l’état actuel des choses, le système d’immatriculation de la pêche et des pêcheurs est pour le moins archaïque. Si, conformément au Code de la pêche, les propriétaires de pirogues sont tenus d’immatriculer leur embarcation, les registres d’immatriculation disponibles ne donnent pas une photographie réelle de la situation, soit parce qu’un grand nombre de pirogues ne sont pas immatriculées, soit parce que d’autres, à cause de la migration des pêcheurs, sont immatriculées plusieurs fois dans des postes de contrôle différents. Avec un tel système, les informations fiables concernant les unités de pêche, les productions débarquées ainsi que les propriétaires d’embarcation font souvent défaut, malgré la bonne volonté du Centre de recherches océanographiques Dakar Thiaroye (CRODT) chargé d’estimer le seuil d’exploitation des ressources à partir des données de chalutage et d’enquêtes. Ainsi, applicable depuis 1998, le système d’immatriculation actuel n’a pas vraiment donné de bons résultats et il n’y a pas aujourd’hui de statistiques suffisamment fiables concernant le secteur de la pêche.

C’est dans ce contexte que survient l’initiative de développer un projet pilote d’immatriculation physique et informatisée du parc piroguier, d’informatiser le dispositif de collecte des données de captures et de créer une base de données de pêche. Mais il y a plus. Le bureau d’études de Ports Systems Dakar, à l’origine de l’initiative, s’est employé à développer un projet pilote de « fleet management », qui doit servir de base à une nouvelle gestion et à une nouvelle régulation de la pêche dans son ensemble, pour peu que les autorités comprennent l’enjeu et s’approprient l’idée. Après la phase pilote, qui s’est déroulée de février 2002 à août 2003, le système est mûr pour entrer dans sa phase de généralisation afin de doter toute la flotte de la pêche artisanale d’une identification d’immatriculation attribuée à l’embarcation avant que le support électronique et la carte électronique d’immatriculation ne soient remis au propriétaire. On dit souvent que la maîtrise de l’information donne le pouvoir. Dans ce cas précis, en construisant un système d’information conduisant vers une « pêche numérique », vers une « cyberpêche », cela devrait permettre d’améliorer la gestion du secteur.

Tout le monde reconnaît aujourd’hui les difficultés de la pêche sénégalaise. La problématique de la gestion de ses ressources suscite de nombreuses inquiétudes. On estime en effet que les captures sont passées de 50.000 tonnes en 1965 à 433.000 tonnes en 1997. Mais, depuis, les chercheurs ont fait l’amer constat que les fortes pressions sur les ressources halieutiques ont occasionné, ces dernières années, une courbe descendante de la production qui se situe actuellement à 400.000 tonnes. Ne parle-t-on pas de raréfaction des ressources halieutiques ? En 1971, on pouvait capturer 190 kg de badeche en une heure ; vingt-sept ans plus tard, en 1998, on ne pouvait en capturer que 10 kg sur la même durée. D’autres espèces se raréfient, ce qui se traduit d’ailleurs, pour la ménagère, par la cherté du poisson. La nécessité d’une meilleure gestion des ressources halieutiques est donc avérée et l’utilisation des TIC - dont l’immatriculation des pirogues constitue un volet -, devenue incontournable, devrait permettre de mettre plus d’ordre dans l’exploitation anarchique de nos ressources halieutiques.

Cheikh Alioune Jaw

(Source : Nouvel Horizon, 18 juin 2004)

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Une puce bourrée d’informations

Le système d’immatriculation des pirogues met en œuvre les TIC pour aider à contrôler les ressources halieutiques. Le principe consiste en l’incrustation d’une puce électronique dans la coque de l’embarcation et d’y apposer un numéro d’immatriculation. A l’image des plaques d’immatriculation des automobiles, celles des pirogues comportent certaines références, parmi lesquelles le lieu de domiciliation et un numéro chiffré unique. Mais, en outre, la puce incrustée dans la coque détient des informations relatives au propriétaire de la pirogue, au genre de pêche qu’il pratique, au filet dont il dispose et aux zones où il pêche. Par ailleurs, un programme de mise sous forme informatique des registres d’immatriculation a été développé en collaboration avec une entreprise de la place. Ce programme va permettre la réalisation d’une base de données où seront stockées toutes les informations relatives aux immatriculations, aussi bien les pirogues de transport que de pêche. Les agents des services de pêche pourront alors disposer d’un terminal leur permettant d’accéder à cette base de données. Le système d’immatriculation pourrait permettre également de développer, à travers l’identification électronique, des moyens plus performants d’obtenir des statistiques et de connaître, en temps réel, la présence de pirogues au niveau de chaque port d’attache. Les entreprises liées à l’avitaillement des pirogues pourraient enfin utiliser cette identification des pirogues pour gérer au mieux leurs activités de suivi.

Cheikh Alioune Jaw

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