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« Il y a urgence à penser une stratégie numérique à l’échelle de l’Afrique »

lundi 20 juillet 2020

Selon le consultant en stratégie numérique Amadou Diop [1], le continent ne doit pas accepter que les règles du jeu de l’Internet se décident sans lui.

L’Afrique avec son 1,3 milliard d’habitants est sans conteste une puissance démographique et l’opportunité de « leapfrogging » (littéralement « saut de grenouille ») technologique offerte par la téléphonie mobile a permis au continent de s’aligner sur l’agenda numérique international et de consacrer son ancrage dans la société de l’information. Le numérique représente à présent entre 7 % et 10 % du PIB pour beaucoup de pays africains.

"Pour autant, l’Afrique n’est présente que sur une fraction de la chaîne de valeur numérique du fait qu’elle ne conçoit ni ne produit les équipements et systèmes qu’elle s’est pourtant si merveilleusement appropriés."

Cette dépendance technologique est un fait, mais l’Afrique ne doit pas accepter que les règles du jeu se décident ailleurs et sans elle, au moment où le secteur est en train de connaître des transformations profondes qui vont s’accélérer dans les prochaines années.

Ces transformations sont d’abord technologiques avec le développement de la 5G, de l’intelligence artificielle, du cloud, du big data (données de masse), de l’Internet des objets (IoT) ou de la blockchain – une technologie de transmission d’informations sécurisée et cryptée. Elles poseront de sérieuses questions de destruction de valeur pour certains acteurs de l’écosystème, de souveraineté et de sécurité pour les Etats. Pour les citoyens, elles poseront la problématique de l’identité numérique, de la protection des données et de notre existence même dans l’espace numérique.

L’autre transformation radicale porte sur la redéfinition de la chaîne de valeur numérique elle-même avec l’hégémonie grandissante et quasi incontrôlable des GAFA, ces géants américains du numérique comme Google, Apple, Facebook ou Amazon, et des BATX (Baidu, Alibaba, Tencent et Xiaomi), leurs pendants chinois. L’influence et les moyens de ces nouvelles superpuissances dépassent de loin ceux de nos Etats africains pris individuellement.

Capturer tout le potentiel

Il y a donc urgence à ce que l’Afrique, à travers l’Union africaine, se positionne de façon ambitieuse et adopte un « Digital Act » qui définira la stratégie numérique à l’échelle du continent. Celui-ci lui permettra de parler d’une seule voix et de capturer tout le potentiel offert par ces nouvelles technologies.

Contrairement aux infrastructures routières et ferroviaires, les réseaux numériques sont déjà en place, même s’il faut les densifier et en augmenter la capacité. Le chaînon manquant est donc la gouvernance pour que l’Afrique puisse effectivement peser de tout son poids. Ce « Digital Act » devra prendre en compte, entre autres chantiers urgents, la problématique de la fiscalité des GAFA, une question qui demeure compliquée et éminemment technique.

L’Organisation de coopération et de développement économique (OCDE) a initié des propositions sur la question avec un agenda visant un accord en 2020. L’Afrique doit y jouer toute sa part et ne pas laisser l’initiative aux seuls pays du G20 dans la définition des critères de réallocation des profits.

S’agissant de l’identité numérique et des données personnelles des Africains, le « Digital Act » doit mettre très vite en place une réglementation harmonisée équivalente au règlement général sur la protection des données (RGPD) européen mais pensée par et pour les habitants du continent. Aujourd’hui, à peine 1,3 % des centres de données (data centers) dans le monde se trouvent en Afrique. Une simple disposition imposant que les données du 1,3 milliard d’Africains restent en Afrique créerait une importante industrie avec la relocalisation et le développement des centres de traitement de données sur le continent.

Les enjeux en termes économiques sont considérables puisqu’il représente à lui seul aujourd’hui 17 % de la population mondiale et que les démographes projettent qu’en 2050 l’Afrique abritera 2,5 milliards d’habitants. Ceci pourrait être le catalyseur du développement d’une production multimédia avec un contenu local qui viendrait alimenter des plateformes endogènes.

Enfin, ce « Digital Act » devra harmoniser de façon urgente la politique de cybersécurité avec la définition d’un référentiel et d’une stratégie pour les infrastructures critiques à l’échelle du continent. Ce dernier point doit être traité sans délai et ne pourra attendre l’agenda de convergence 2063 de l’Union africaine.

(Source : Social Net Link, 20 juillet 2020)

[1] Amadou Diop est président du cabinet de consultant en stratégie numérique MNS Consulting Group.

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INTERNET EN CHIFFRES

- Bande passante internationale : 172 Gbps
- 4 FAI (Orange, Arc Télécom, Waw Télécom et Africa Access)
- 19 266 179 abonnés Internet

  • 18 595 500 abonnés 2G+3G+4G (96,58%)
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  • 334 642 abonnés ADSL/Fibre (1,71%)
  • 334 875 clés et box Internet (1,71%)
  • 1162 abonnés aux 4 FAI
  • Internet fixe : 1,74%
  • Internet mobile : 98,26%

- Liaisons louées : 3971

- Taux de pénétration des services Internet : 106,84%

(ARTP, 30 septembre 2023)

- Débit moyen de connexion mobile : 23, 10 Mbps
- Débit moyen de connexion fixe : 21, 77 Mbps

(Ookla, 31 janvier 2023)


- 9 749 527 utilisateurs
- Taux de pénétration : 56,70%
(Internet World Stats 31 décembre 2021)


- + de 10 000 noms de domaine actifs en .sn
(NIC Sénégal, décembre 2023)

TÉLÉPHONIE EN CHIFFRES


Téléphonie fixe

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(ARTP, 30 septembre 2023)

Téléphonie mobile

- 3 opérateurs (Orange, Free et Expresso)
- 21 889 688 abonnés
- Taux de pénétration : 123,34%

(ARTP, 30 septembre 2023)

FACEBOOK

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Taux de pénétration : 17,4%

- Facebook : 2 600 000

- Facebook Messenger : 675 200

- Instagram : 931 500

- LinkedIn : 930 000

- Twitter : 300 000

(Datareportal, Janvier 2023)

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