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« Il est venu le temps de la montée en puissance », Antoine Ngom (OPTIC)

mercredi 13 novembre 2019

L’Organisation des Professionnels des Techniques de l’Information et de la Communication [OPTIC] se présente comme le syndicat des professionnels du numérique ; pourriez-vous en dire un peu plus à nos lecteurs ? Depuis combien d’années existe-t-il ?

L’assemblée générale de création d’OPTIC s’est tenue en Juin 2003. Cela fait, donc, 16 ans que nous existons. En 16 ans, avons gagné le pari de la pérennité. Ce qui était loin d’être évident car, toutes les autres tentatives de création d’organisations similaires au Sénégal n’ont pas tenu ! Nous avons également réussi à asseoir la crédibilité de notre organisation comme représentant du secteur privé du numérique devant les pouvoirs publics.

Combien comptez-vous d’adhérents dans votre organisation ?

Il faut dire que cela fluctue mais nous sommes encore sous la barre de la centaine de membres. Tout en sachant que même si le nombre est important, il faut aussi voir la qualité des membres que compte OPTIC ! Nous avons des membres qui sont des « mastodontes » de l’Economie Numérique et des Télécommunications ; les opérateurs télécoms Sonatel, Tigo (devenu « Free ») et Expresso sont membres d’OPTIC. Le 4èmeopérateur, Hayo l’Opérateur de service universel, est aussi membre d’OPTIC. L’essentiel des Fournisseurs d’Accès Internet sont membres d’OPTIC. De grands intégrateurs ; qu’ils soient intégrateurs d’infrastructures ou intégrateurs de Logiciels, font partie de notre association. Nous avons aussi beaucoup d’éditeurs et de grands acteurs du secteur numérique et couvrons plusieurs secteurs d’activités de l’écosystème. Là où, à n’en pas douter, nous devons faire le plus d’efforts d’enrôlement de nouveaux membres, c’est auprès des startups. On en a quelques-unes, mais nous devons trouver les voies et moyens d’en intégrer encore plus. C’est une demande pressante des différents acteurs qui ne sont, d’ailleurs, pas forcément du privé et qui disent à OPTIC « organisez-vous pour voir comment intégrer de plus en plus de startups ». Nous ferons de plus en plus preuve d’ouverture d’esprit et d’ingéniosité organisationnelle pour accueillir le maximum de ces TPE/PME afin qu’elles puissent bénéficier du levier OPTIC pour défendre des intérêts qui leur sont spécifiques. Pour être tout à fait justes et répondre à ce reproche qui nous est fait, il faut rappeler que le premier incubateur de startup au Sénégal qu’est CTIC Dakar existe depuis Avril 2011 et OPTIC en est l’un des principaux initiateurs. Nous en assurons, d’ailleurs, la Présidence. L’histoire du Numérique en Afrique retiendra que nous sommes, avec les pouvoir publics du Sénégal, l’initiateur du premier incubateur d’Afrique de l’Ouest.

Quelles sont les principales missions de l’Organisation des Professionnels des Technologies de l’Information et de la Communication ?

Les missions d’OPTIC ne changent pas véritablement. Elles sont, depuis que nous avons été portés sur les fonts baptismaux, restés les mêmes. Il s’agit, essentiellement, de défendre les intérêts de nos membres et de promouvoir leur développement. Être l’interlocuteur privilégié de l’Etat dans l’amont de la mise en place des politiques publiques liées au numérique. Mais, aussi, faciliter un bon networking entre les différents membres des secteurs d’activités IT et Télécoms. Dans cette perspective, les termes de nos missions restent à peu près stables. Par contre, il faut remarquer que notre environnement évolue très vite. Cela nous a amené, il y a quelques semaines, à concevoir un plan stratégique de développement de notre organisation avec une feuille de route claire et séquencée dans le temps. Nous avons, aujourd’hui, une feuille de route à dérouler, dans les prochaines années, en mettant l’accent sur un certain nombre d’axes stratégiques qui lui sont rattachés. Au sujet de l’un des axes les plus importants ; la communication, nous avons créer une newsletter trimestrielle qui contribue à la virtualisation de la communication sur nos actions, la newsletter SynOPTIC. OPTIC s’est rendu compte qu’elle faisait énormément de choses qui n’étaient pas forcément très connues et/ou visibles. Nous allons aussi développer les services offerts aux membres pour renforcer le « Membership » mais, surtout, pour nous rendre plus « utiles » à nos adhérents actuels et potentiels. Nous allons développer un nombre important de services aux membres tant du point de vue de leur accompagnement dans leur gestion quotidienne, dans la formation leurs ressources humaines et dans la compétitivité de leurs produits et services sur les marchés internationaux. OPTIC s’investit également à faire de sorte que nos membres puissent accéder, plus facilement, aux financements indispensables à leur développement ainsi qu’à la « commandes publique ».

Au déroulé de toutes les composantes de votre stratégie de développement, avez-vous l’impression que vos membres sont satisfaits du bilan de votre magistère ?

[Sourire]

Les membres des associations ne sont, malheureusement, jamais satisfaits. A la limite, l’enjeu est, en plus de ne jamais perdre de vue que ces adhérents sont notre raison d’être ; c’est de nous investir pour l’intérêt collectif. Prendre de son temps pour la collectivité parce qu’on sait dans quelles conditions opèrent les PME au Sénégal. On connait les difficultés pour soi et son entreprise et on se rend capable de les imaginer pour les autres… Dans ces conditions, il n’est pas évident de trouver les moments de servir la « communauté numérique » en portant des dossiers majeurs (Sénégal Numérique 2025, Parc des Technologies numériques, Conseil national du numérique, Cadre d’échange avec le ministère de l’Economie numérique). Porter ces dossiers, en tant que coordonnateur de l’action d’OPTIC, cela prend du temps et mobilise beaucoup d’énergie. C’est une grande satisfaction de voir qu’on a « participé à faire évoluer les choses dans le bon sens et pour le bien collectif ».

L’une des tares de nos économies en construction a trait au manque de données pouvant éclairer la prise de décision publique. Votre organisation parvient-elle à collecter des informations sectorielles fiables auprès de ses adhérents ?

Nous n’y arrivons pas encore. Un des volets de la feuille de route de cette année concerne, justement, le lancement d’une étude sur la cartographie du secteur. Cela peut paraitre étonnant mais nous n’avons toujours pas une cartographie exhaustive du secteur de l’Economie numérique. Alors que rien de structurant ne peut se faire sans une cartographie complète du secteur d’activités qui sera, il l’est déjà, au centre du développement économique de notre pays. Les données chiffrées du secteur sont aussi stratégiques. Quand, par exemple, en parlant de la Stratégie Sénégal2025, s’exprime la volonté d’arriver à 10% du PIB à l’horizon 2025, il faut que nous sachions quels sont les acteurs qui travaillent dans le secteur ? Que produisent-ils ? Quels sont les niveaux de chiffres d’affaires générés ? Quelle entreprise du numérique pèse quoi ? Il faut absolument mener ces études sectorielles et les mettre à disposition de l’écosystème. Cela fait partie de nos objectifs stratégiques de cette année. C’est un challenge important ; être en possession de données qualitatives et quantitatives indispensables à nos négociations avec les bailleurs ou les partenaires au développement. C’est le prix à payer pour assurer tant la compétitivité que l’attractivité du secteur numérique sur le marché hyper concurrentiel du Monde Global d’aujourd’hui.

Comptez-vous faire seul ce travail de collecte de données ou en collaboration avec l’Agence Nationale de la Statistique et de la Démographie (ANSD)

Nous espérons accomplir ce travail ardu et complexe en partenariat avec l’ANSD.

Après toutes ces années à la tête d’OPTIC, quel regard portez-vous sur l’écosystème IT national comparativement à ceux de la sous-région ?

Vous savez, quand a été créée OPTIC, cela a inspiré la création de plusieurs organisations similaires dans la sous-région. Nous étions, en 2003, les premiers à créer une organisation sectorielle dans le domaine du numérique. Le Sénégal a toujours connu, dans le domaine du Numérique et des télécommunications, une vraie avance sur nos voisins d’Afrique de l’Ouest. Dans certains pays, vous aurez des organisations qui n’intègrent pas les opérateurs téléphoniques. Dans d’autres, vous allez avoir des organisations qui intègrent les « fournisseurs d’Accès à Internet », d’autres organisations qui ne réunissent que des « opérateurs télécoms », et dans certains pays de la sous-région, vous allez avoir des organisations qui ne réunissent que des PME du numérique. A OPTIC, nous avons un plus ; nous rassemblons toutes les composantes du secteur du Numérique et des Télécommunications. Quand l’Etat ou un partenaire au développement veut rencontrer le secteur privé du numérique, il lui suffit de voir OPTIC. Cela parce que toutes catégories y sont représentées. Je pense que sur ce plan, nous avons été à l’avant-garde ! Cela n’empêche que nous avons besoin de continuer à nous remettre en question. En permanence…

Cela explique la « Retraite Stratégique », faite à Saly il y a quelques mois, qui nous a permis de remettre à plat tous les textes régissant notre organisation. Ces textes datent de 2003, l’année de création d’OPTIC, alors que notre secteur d’activités évolue à grande vitesse. L’objectif de révision de ces textes est de nous rendre plus « agiles » et de nous adapter aux évolutions du secteur du Numérique. Au bilan, il n’y a, évidemment, pas eu que de bonnes choses, sinon OPTIC serait plus et mieux écouté par son environnement politique et social. J’estime que nous ne sommes pas assez écoutés parce qu’il y a beaucoup de sujets sur lesquels, l’Etat prend des décisions qui ne nous agréent pas en tant qu’organisation. Quand la confection des cartes nationales d’identité est confiée à une entreprise malaisienne, par exemple, cela ne peut nous convenir car c’est un savoir-faire maîtrisé par des entreprises sénégalaises. C’est la même frustration que nous avons ressentie quand il s’est agi des permis de conduire… Dès qu’il s’agit de grands projets, Nous avons l’impression que les pouvoirs publics ont du mal à faire confiance au privé national. Nous acceptons qu’il y a des domaines dans lesquels nos entreprises n’ont pas toutes les compétences : construire des trains ou des avions par exemple ! Mais les logiciels, nos entreprises en maitrisent la conception depuis bien longtemps. Elles savent aussi intégrer un certain nombre d’outils pour proposer une « solution numérique » complète.

Vous êtes donc, en tant qu’organisation professionnelle, pour une « sanctuarisation » d’un certain nombre d’activités de l’économie sénégalaise ?

Absolument. Il y a des domaines qui doivent être définis comme « de souveraineté numérique ». Ceux que je viens de citer en font partie. Sur le plan de la sécurité publique, par exemple, il ne devrait plus être question de confier certains « chantiers numériques » à des sociétés étrangères. Seules des sociétés sénégalaises devraient être éligibles à la résolution de problématiques autour des documents d’identification officiels, de la sécurité des infrastructures informatiques des services de l’Etat, etc.

C’est l’un des enjeux des prochaines années. L’un des plus importants certainement…

La terminologie « Start-up nation » est de plus en plus usitée par les acteurs du secteur ; vous semble-t-elle légitime ou plutôt usurpée à ce stade ?

Pour moi, ce qui importe ce n’est pas tant l’usage du terme que la capacité du pays à se transformer numériquement. Avons-nous aujourd’hui, un dispositif qui favorise l’éclosion et le développement de notre capacité d’innovation au Sénégal ? Faisons-nous de cette capacité à innover, une chaine de valeurs sur laquelle capitalisent les entreprises du secteur du Numérique sur les marchés domestique et international ?

A cette question, vous répondriez ?

Il y a des choses qui se font. Des initiatives plus ou moins heureuses…

Le premier incubateur de l’Afrique de l’Ouest ; le CTIC est une initiative sénégalaise.

La Délégation à l’EntreprenariatRapide (DER a lancé la construction du plus important hub d’innovation d’Afrique subsaharienne. Les grands opérateurs téléphoniques, comme la Sonatel, accompagnent l’innovation à travers plusieurs programmes regroupés au sein de leur Digital Center. L’ADIE et Gaïndé 2000 et d’autres ne sont pas en reste dans cet important effort de promotion de l’innovation.

En matière d‘écosystème d’accompagnement des startups et de l’innovation, il y a indubitablement, des choses qui bougent !

On ne peut pas ne pas citer le PTN (Parc des Technologies Numérques), CTIC Dakar, Jokkolabs, Impact Hub etc… Tant d’initiatives qui contribuent à l’émulation de l’écosystème d’innovation..

Il y’a cependant un effort de rationalisation de toutes ces initiatives à faire, mais tous les ingrédiens sont là ! Cela ne donne pas encore les résultats à la hauteur de nos ambitions ; parce que, depuis quinze ans que des startups s’activent, on n’a pas vu apparaître, comme dans certains pays anglophones d’Afrique, de véritables « licornes » au Sénégal.

Pour moi, être une « startup nation » c’est avoir pris toutes les dispositions (juridique, fiscale, organisationnelle et surtout incitant à l’innovation) pour faciliter la transformation digitale de l’Etat ! La « Startup Nation » c’est une nation qui, ayant compris tout ce qu’il faut mettre en place, passe aux actes pour impulser et accompagner la transformation digitale.

Vous pensez que c’est une définition qui peut s’appliquer à l’exemple qu’on met en exergue partout en Afrique ; le Rwanda ?

Le Rwanda est, sans aucun doute, dans cette dynamique. Ils ont obtenu de vrais résultats. Après avoir fourni de très gros efforts. Aujourd’hui, quand on parle de numérique en Afrique, on pense au Rwanda. C’est cela le « soft power » de ce petit pays qui, en 1994, était à genoux !

Vous n’avez pas l’impression que c’est usurpé ?

Non, ce n’est pas usurpé. C’est le résultat du leadership du président Kagamé. Le chef de l’Etat rwandais y a cru et a réussi à entrainer l’essentiel des élites et des populations de son pays. En Afrique subsaharienne, nos pays disposent, tous, de corpus juridiques et de belles stratégies de développement numérique. Vous allez y trouver des réflexions abouties sur l’accès à Internet, l’E-Administration (administration électronique), la « capacitation du Capital Humain », etc.

Le problème reste le même dans chacun de ces pays : la mise en œuvre des stratégies. On sait ce qu’il faut faire, mais on ne le fait pas de la meilleure manière. C’est cette problématique qu’a résolu le Rwanda.

Parlons de la stratégie SN 2025 ; pourriez-vous, rappeler à nos lecteurs la méthodologie de conception de cette stratégie et ses grands axes ? Quel a été le rôle d’OPTIC ?

La Stratégie Sénégal Numérique 2025 est une excellente chose, car disposer d’une boussole est indispensable dans le « Monde Numérique et Global d’aujourd’hui ». Ce document stratégique n’a pas, toujours, réussi à avoir l’adhésion de toutes les parties prenantes de l’écosystème mais il a, au moins, le mérite d’exister ! La stratégie fait office de base de travail, de « Cap à tenir ». La boussole indique-t-elle le Nord, ou plutôt le Sud (Rires). Ce qui me parait vital, c’est que le secteur privé du numérique, en l’occurrence OPTIC, a participé, de bout en bout, à sa conception. Son élaboration s’est faite de façon participative et OPTIC a pris part à tous les travaux. De ce fait, nous assumons l’ensemble de ses axes stratégiques. Aujourd’hui, c’est, pour nous, une base de travail qui est appelée à évoluer. C’est une stratégie ambitieuse. Rien que les objectifs d’atteindre 10% du PIB provenant des entreprises du numérique, ou le budget global de 1360 milliards FCFA, font une vision qui tire tout le secteur vers le haut. Là où le bât blesse, comme je l’ai dit plus tôt, c’est la mise en œuvre. Et de ce point de vue, les perspectives ouvertes par l’érection d’un Ministère de plein exercice pour gérer le secteur du numérique, nous font espérer un management public plus efficace.

Il semblerait d’ailleurs qu’il y a un retard significatif dans la mise en œuvre de la Stratégie « SN 2025 » ?

Il faut le constater pour le déplorer, cela fait trois ans qu’a été lancée la stratégie SN 2025 et que les organes de gouvernance ne fonctionnent pas ! Le comité de pilotage ne s’est jamais réuni Comment peut-on savoir où est-ce qu’on en est ? Comment peut-on juger des étapes prioritaires qui ont été, ou pas, franchies ? Quand on me demande où est-ce qu’on en est, je suis au regret de dire que je ne sais pas ! Je nuance mes propos en attirant l’attention sur le fait que la décision du Président de la République, aux lendemains de l’élection à son second mandat, d’ériger un Ministère (de plein exercice) de l’Economie Numérique et des Télécommunications est un signal fort. J’ai bon espoir que les choses vont aller, de mieux en mieux ! Avec une Ministre qui a exprimé sa ferme volonté de faire les choses de manière concertée et, surtout, en étant entièrement « focus » sur les résultats ! C’est, de mon point de vue, l’approche qu’il faut adopter. Le seul point où je pense qu’il y ait eu de palpables résultats, c’est aux plans juridique et réglementaire. Beaucoup de lois, organisant le secteur, ont été adoptées. La seule demande d’OPTIC, par ma voix, c’est de faire fonctionner l’organe de pilotage. Une fois cela réussi, on sera en situation de faire l’état des lieux, de savoir où est ce qu’on en est exactement sur le long chemin qui mettra le Sénégal en position de capitaliser sur l’important potentiel que représente l’économie numérique. Dégager des priorités, avancer de façon résolue et voir quels sont les ajustements à faire… Trois ans, c’est une séquence temporelle beaucoup trop longue dans le secteur du numérique. En trois ans, il y a eu beaucoup de choses qui ont changé.

En tant que patron d’OPTIC, vous devez quand même avoir un moyen de pression pour faire bouger les choses ?

On a déjà fait bouger les choses pour que l’arrêté qui crée le comité de pilotage soit édicté. Il l’est depuis un an. Maintenant, nous nous attelons à rendre opérationnel le comité de pilotage et à le réunir. Nous allons continuer à nous battre.

Nous avons également obtenu que le Conseil National du Numérique soit mis en place. Nous avions remarqué que l’État prenait, de bonne foi la plupart du temps, des décisions qui n’allaient pas toujours dans le bon sens pour notre secteur. L’État n’est pas forcément bien conseillé. Nous avons décidé de mettre en place un Conseil National du Numérique, réunissant tous les experts du public et du privé, pour faire des propositions sur les sujets sensibles et importants du secteur du numérique. Nous nous sommes battus d’arrache-pied pour cela. Depuis 10 mois, ce Conseil a été créé mais ne s’est pas encore réuni. Des avancées sont faites, mais à petits pas… Le problème de l’exécution restant celui qui se présente avec persistance et acuité.

Par ailleurs, nous saluons la décision de notre Ministre de tutelle de mettre mise en place un cadre d’échange permanent Ministère- OPTIC, qui se réunira trimestriellement ou de façon ad hoc : c’est là une initiative que nous saluons fortement.

La dernière édition du Salon des Professionnels du numérique (SIPEN 2019) a également été l’occasion du lancement de la stratégie nationale IT/BPO dont l’objectif est de faire du Sénégal « le leader africain de l’exportation de services numériques ». Quel a été le rôle d’OPTIC dans la conception et la mise en œuvre de cette stratégie ?

La restitution de la dernière mouture de la Stratégie IT/BPO vient de se faire. Nous allons maintenant vers sa mise en œuvre. C’est déjà une bonne chose que cette stratégie soit dans le dispositif de développement du secteur du numérique. Avant sa mise en place, rien n’avait été conçu pour appuyer la compétitivité des entreprises du Numérique à l’Export. Aujourd’hui, c’est une problématique qui est, complétement, prise en charge par la stratégie IT/BPO. Reste à résoudre l’éternelle « quadrature du cercle » ; les problèmes d’exécution. Je suis optimiste ; nous allons, certainement, y arriver. Ce qu’il faut remarquer c’est que, dans l’export du numérique, nos acteurs exportaient déjà dans le numérique. Nous avons des entreprises sénégalaises qui évoluent dans la sous-région ouest-africaine, mais aussi en Afrique Centrale et même en Afrique du Sud. Une présence forte des entreprises et du savoir-faire sénégalais qui s’est faite sans véritable organisation, ni accompagnement particulier. Il faut dire que l’expertise« made in Sénégal » est très prisée sur les marchés extérieurs. L’objectif, à travers cette stratégie, c’est d’améliorer la compétitivité de ces entreprises en « boostant » leurs performances.

Et quelles sont les ambitions d’OPTIC dans la mise en œuvre de cette stratégie ?

L’ambition d’OPTIC est portée par celle de la Stratégie IT/BPO. Nous voulons être leaders en matière d’exportation IT-BPO. Que le Sénégal ait de vrais champions capables de s’imposer jusqu’aux limites septentrionales de l’Afrique. Avec des entreprises reconnues pour la qualité de leurs produits et services. Dans le secteur, le leadership africain est trusté par des entreprises anglophones. Je suis persuadé, qu’au vu des résultats obtenus sans stratégie ni accompagnement, nous pourrons, la ITB/PO mise en œuvre, rivaliser avec les plus performantes des entreprises anglophones.

Plus généralement, les promesses du numérique en termes de création d’emplois semblent très importantes, quel regard portez-vous sur l’offre de formation ? Le Sénégal produit-il suffisamment de développeurs, de techniciens Télécoms ou encore de téléopérateurs ?

Aujourd’hui, en matière de formation, je crois que nous avons des écoles de référence comme L’Ecole Supérieure Polytechnique, l’Université Gaston Berger, l’ESMT, etc. Dans mon entreprise, par exemple, les ressources humaines que j’embauche viennent de ces écoles et sont de très bonne qualité. Par contre, certaines écoles viennent noircir le tableau que j’évoquais tantôt. J’interpelle souvent l’État sénégalais pour attirer son attention sur la pléthore d’écoles qui se créent et dont les « produits » estampillés « ingénieurs informaticiens » (sur un ton ironique), ne sont pas toujours à hauteur des enjeux du marché. Certaines de nos écoles restent très bonnes et forment des ressources humaines de très haut niveau. Une bonne partie de ces étudiants va à l’étranger et, pour ceux qui restent, beaucoup rejoignent les filiales des grandes entreprises étrangères installées au Sénégal. Du coup, les PME du numérique ont du mal à trouver des ressources de qualité. On ne trouve pas, en qualité, une quantité suffisante de ressources humaines disponible sur le marché. Il y a lieu de renforcer ces écoles de formation et OPTIC doit travailler, avec ces instituts de formation, à adapter les curricula aux besoins, actuels et futurs, du secteur et des entreprises. Je reste persuadé d’une chose ; ces écoles doivent enseigner plus que la technologie ! Elles doivent former les jeunes au leadership et à l’entreprenariat. L’emploi classique, tel qu’on le connaissait jusque-là, existera de moins en moins. Il faut vraiment préparer notre jeunesse en lui disant ; « vous pouvez sortir d’école avec le projet de chercher un travail salarié, vous allez peut-être en trouver mais certainement pas aussi facilement que vos aînés. Il faut tout faire pour développer une idée de projet. » Il faudrait même, dans le cadre de l’école, inciter les étudiants à penser à créer une entreprise, mais aussi à développer des partenariats avec les structures d’accompagnement pouvant les faire profiter d’une « pré-incubation » à leur jeune entreprise.

Le Sénégal engage de vastes chantiers structurants comme le projet Smart Sénégal. Le budget de la « commande publique » associé semble avoisiner les 100 millions de dollars. Quelle est la place des entreprises locales dans la captation de ces marchés publics ?

Vous évoquez là notre combat de tous les jours… Je dirais même le combat de tous les jours pour tous les secteurs de notre économie. Au Conseil National du Patronat (CNP), tous les secteurs du patronat ; BTP, Industrie, banques et assurances ou distribution, doivent résoudre la même problématique. Comment faire pour que le secteur privé national accède à la commande publique ? Ce ne sont pas des difficultés propres au numérique. Elles sont juste plus prégnantes parce que nos adhérents, maîtrisant les « cœurs de métiers » du secteur, vivent mal que ces marchés aillent à des entreprises étrangères. Dans le numérique, il faut le savoir, il n’y aucun marché qui ne puisse être traité par une entreprise sénégalaise. Dans un environnement international comme celui des marchés passés par l’Etat, il est, certes, impensable, dans un appel d’offres, de dire qu’il est destiné, exclusivement, aux entreprises sénégalaises. Les gros projets sont, malheureusement, adossés à des financements internationaux. La seule chose qu’on peut demander au gouvernement c’est, dans les cas où les bailleurs financent un projet, qu’une part soit réservée au privé national et qu’on fasse de la cotraitance l’axe obligatoire de gestion des marchés publics. Cela se fait ailleurs ! On devrait pouvoir dupliquer ce modèle au Sénégal. De plus en plus de pays qui nous critiquent en nous proposant d’éviter toute forme de protectionnisme, sont ceux qui protègent leurs entreprises et leurs économies. Les États-Unis, la France ou la Chine se protègent avec des règles de passation de marchés publics et des législations douanières assez favorables à leurs entreprises.

Les entreprises sénégalaises ont-elles la taille critique leur permettant d’accéder et de traiter ces marchés ?

La question est pertinente. Cela fait partie de nos faiblesses. C’est la raison pour laquelle, sur les gros projets, nous préconisons le « groupements des entreprises » dans la soumission aux marchés publics. On a souvent essayé de mettre en branle cette approche pratique dans la conquête de marchés publics. Cela ne marche pas encore comme nous le voudrions. Cela a marché sur un projet important ; celui d’opérateur Télécom de service universel. Une association intelligente a permis d’associer 5 entreprises d’OPTIC pour obtenir une licence d’opérateur téléphonique. C’est ainsi que nous sommes devenus le 4ème opérateur au Sénégal. La preuve, par l’action, que nous avons l’intelligence des situations qui peut nous mener au succès ! Il nous faut prendre l’habitude de le faire sur d’autres sujets.

Cela veut-il dire qu’aussi longtemps que les entreprises du secteur ne sauront travailler ensemble, il sera difficile d’accéder à ces importants marchés ?

Vous avez parfaitement raison. Heureusement, nous faisons de plus en plus souvent cet exercice de mise en commun de nos forces pour accéder à des marchés qui ne seraient pas à la portée de nos entreprises prises individuellement. Pas seulement sur l’opérateur de service universel. Nous avons mis en place 5 ou 6 projets, dans plusieurs domaines : la santé, le foncier, l’état-civil, l’éducation et la sécurité. J’ai écrit, au nom de mon organisation, au Président de la République pour lui présenter les groupements et les projets en lui expliquant le choix stratégique du Partenariat Public Privé qui est le nôtre dans leur mise en œuvre. Il a accueilli cette initiative avec enthousiasme et nous a mis en relation avec les départements ministériels. Nous y travaillons. Et même si cela ne va pas aussi vite que nous l’espérions, nous ne nous avouons pas vaincus et ferons le nécessaire pour que cette perspective, ouverte avec l’Etat et le Président de la République, soit un des axes de notre travail d’aide à l’accès aux marchés publics pour nos adhérents.

La collaboration, pour gagner de « grands projets » ne devrait-elle pas, vu la taille de nos pays et leur poids économique, se faire au niveau ouest-africain ? Êtes-vous en relation et discutez-vous avec vos interlocuteurs des pays de la sous-région ?

Il y a des appels d’offres qui exigent que nous prenions langue avec des sociétés ivoirienne, burkinabé ou gabonaise. Quand il s’agit du développement/business, nous savons nous mettre ensemble avec des entreprises sénégalaises et de la sous-région. Ce que nous ne savons pas encore faire de manière efficiente, c’est identifier, très en amont, un grand projet, nous mettre, de manière proactive, en ordre de bataille et nous organiser pour gagner les marchés du projet. A force de pratique, je sais que cela va entrer dans l’ADN de notre organisation. OPTIC est prêt à jouer ce rôle d’agrégateur des forces des entreprises du TIC.

Dernière question ; quelle appréciation portez-vous sur la création du magazine « e-conomie » qui se pense comme un outil fédérateur au service de l’écosystème national et ouest-africain ?

Il nous est apparu comme un support qui vient combler un vide dans le domaine de l’information spécialisée ITet Télécoms. Nos entreprises, notre écosystème et l’organisation qu’est OPTIC ont besoin, en plus d’un agrégateur d’informations sur le secteur, d’un support qui rende visible et compréhensible la complexité d’un secteur qui fera, dans les prochaines années, une part importante de notre économie. L’environnement médiatique, marqué par l’inflation de supports d’informations générales, portés sur la politique, les faits divers et les sports va s’enrichir d’un magazine et d’un site parlant d’économie numérique. C’est, de mon point de vue, une belle initiative ! Nous vous encourageons et vous souhaitons « Bonne chance ! »

(Source : e-Economie, 13 novembre 2019)

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