Bien au faîte des entraves inhérentes au développement de l’économie numérique, Mme Hadja Fatimata Ouattara Sanon n’a pas attendu d’être ministre pour engager diverses actions dans son pays. Tant au niveau de l’Administration publique que sur le plan associatif. Focus sur la femme qui veut faire du digital la porte d’entrée du Burkina Faso sur la scène internationale.
Vendredi 3 mars 2017, rencontre de prise de contact avec les représentants du Syndicat national des professionnels des technologies de l’information et de la communication (SYNPTIC). Jeudi 16, audience à une délégation de l’opérateur de téléphonie mobile Orange Burkina, conduite par Bruno Mettling, le directeur général adjoint du Groupe pour l’Afrique et le Moyen Orient. Une semaine seulement après son installation au poste de ministre du Développement de l’Economie numérique et des Postes, jeudi 23 février, Mme Hadja Fatimata Ouattara Sanon a entamé sa nouvelle fonction à pas de charge. Et pour cause ? L’apport de tous les acteurs de l’écosystème numérique du pays est déterminant pour réaliser son ambition : faire des TIC un vecteur majeur de développement et de progrès économique et social du Burkina Faso.
La femme du sérail
Anciennement conseiller technique au ministère qu’elle dirige désormais, Hadja Fatimata ne mesure que trop bien l’enjeu du développement d’un secteur du numérique performant, aussi bien pour la croissance et la productivité que pour l’attractivité des investissements et la compétitivité du Burkina Faso. Aussi, toutes les parties prenantes ont un rôle à jouer dans la société de l’information. A commencer par l’Etat, à travers la définition des politiques, la mise en place d’un cadre règlementaire et législatif incitatif et la création des infrastructures de bases ; la société civile, par des structures associatives fortes ; et les opérateurs de téléphonie et fournisseurs d’accès Internet (FAI), via des tarifs compétitifs et des offres de services diversifiées et à forte valeur ajoutée. Ainsi cadrée, la mission de promotion et d’amplification de l’usage des TIC s’annonce des plus palpitantes pour cette passionnée des TIC.
Spécialiste dans le domaine, la ministre Hadja Fatimata Ouattara Sanon est en effet diplômée de l’Ecole supérieure d’informatique (ESI) de l’Université polytechnique de Bobo-Dioulasso, de l’Institut supérieur privé de technologies (IST) et du Centre international d’études supérieures appliquées (CIESA) du Canada, après le Baccalauréat série D obtenu au Collège Sainte-Marie de Tounouma (Bobo-Dioulasso) en 1995.
Titulaire d’un diplôme d’ingénieur des Travaux informatiques et d’un Master professionnel en Réseau informatique et Multimédia, elle échoit, en 2005, au Centre d’analyse des politiques économiques et sociales (CAPES), en tant que administrateur des TIC et responsable du réseau de gestion des connaissances. Son parcours professionnel l’a également conduite au poste de secrétaire technique du Guichet virtuel unique de l’Administration publique au ministère de la Fonction publique sous la Transition. On lui attribue à souhait l’intégration des inscriptions en ligne dans les concours d’entrée à la Fonction publique.
Amoureuse des logiciels libres
Côté associatif, l’actuelle patronne du numérique aux pays des « Hommes intègres » est membre fondateur de l’Association burkinabè pour Linux et les logiciels libres (A3LBF), où elle a occupé le poste de secrétaire général. Mme Sanon est également membre fondateur du Réseau africain des logiciels libres. Dans ces deux structures, elle a organisé et participé à de nombreuses rencontres internationales sur les systèmes d’information en Open source. Et ce n’est pas tout, puisqu’elle a aussi été membre de la Commission de l’informatique et des libertés (CIL) au titre des Associations nationales de professionnels de l’informatique, et administrateur au Conseil d’administration de l’Agence nationale de sécurité des systèmes d’information (ANSSI). Tout un engagement qui fait sens au niveau international, et accrédite sa présence au sein de l’ICANN (structure chargée de la coordination technique du réseau mondial Internet), au titre de la société civile africaine.
A l’écoute des femmes analphabètes
Autre corde à son arc : le combat qu’elle livre contre les démons de la fracture numérique, plus précisément contre la « fracture numérique genre » entre les hommes et les femmes. En tant que secrétaire générale de la Fondation Femme, TIC et Développement durable (FTIC&DD), Hadja Ouattara Sanon a travaillé au quotidien à relever le niveau des femmes non alphabétisées dans l’utilisation des services de communication électronique. Exemple, le renforcement des capacités sur la messagerie vocale et les SMS vocaux. Des solutions toutes simples, mais qui permettent aujourd’hui à nombre de femmes illettrées d’utiliser la technologie en toute confiance et efficacement. L’enjeu est cependant de taille puisque les pronostics sont très souvent défavorables aux femmes quand il s’agit d’accès aux technologies : 1/3 en faveur des hommes selon une étude du réseau Burkina NTIC (à travers sa composante TIC et genre de la FTIC&DD).
Qu’à cela ne tienne ! La transformation digitale intègre une forte dimension sociale et collaborative. Et le rôle de la ministre du Développement de l’Economie numérique et des Postes sera justement d’enclencher cette dynamique à travers diverses initiatives visant à favoriser le développement des écosystèmes, dont le but est d’inculquer une culture du numérique au Burkina Faso.
Anselme Akéko
(Source : CIO Mag, 2 juillet 2017)