Grogne contre la surtaxe sur les appels entrants : La Sonatel dresse Me El Hadji Diouf contre l’Etat
samedi 27 août 2011
Après le dépôt d’un préavis de grève de ses travailleurs, Sonatel vient d’engager l’avocat Me El Hadji Diouf pour préparer la grande guerre contre la surtaxe sur les appels entrants que l’Etat va lui imposer. Aussitôt copté, le tonitruant avocat a engagé la bataille de l’opinion.
En cette période de guerre contre l’Etat, Sonatel affûte ses armes. Après le dépôt d’un préavis de grève des travailleurs de la boîte, l’entreprise vient de s’attacher les services du tonitruant avocat Me El Hadji Diouf. L’avocat, qui porte la plupart de ses procès dans les médias, n’a pas tardé de convier les journalistes pour se signaler. En effet, hier, à son domicile, sis à Mermoz, il a tenu un point de presse pour déverser toute sa bile sur le projet qu’il qualifie de ‘diabolique’ que Me Wade avait suspendu et qu’il veut réintroduire. Car, pour le leader du Ptp, cette surtaxe que l’Etat compte faire appliquer par les opérateurs de téléphonie du pays, n’est autre qu’un moyen de réunir des fonds pour aller à l’élection présidentielle.
‘Aujourd’hui, tous les moyens sont bon, y compris la fermeture même de la Sonatel, fleuron de l’économie nationale, pour Abdoulaye Wade et son régime pour amasser des sous et préparer une élection présidentielle à laquelle d’ailleurs, il ne doit pas prendre part. Après les milliards retirés récemment à la mairie de Dakar pour le contrôle des + Or durs +, ils veulent maintenant procéder à des surtaxes sur les appels téléphoniques entrants au Sénégal’, s’étonne Me Diouf pour qui cette surtaxe peut entrainer des augmentations pour les consommateurs sénégalais. Puisque que la réciprocité ne va pas tarder à s’appliquer contre les Sénégalais qui devront joindre des personnes dans d’autres pays étrangers.
De plus, il fustige la marge exponentielle que l’opérateur choisi par l’Etat Global voice group va gagner dans cette affaire, si elle passait. ‘Si on se tient aux projections du promoteur, la surtaxe va donner au bout de cinq ans, 150 milliards de francs Cfa ; alors que tous les coûts que cette société de droit hattienne doit supporter sont inférieurs à deux milliards de francs Cfa’, dénonce l’avocat de Sonatel. Qui estime que si cette mesure passe, les appels vers le Sénégal seront moins conséquents. ‘Il y aura un manque à gagner énorme pour la Sonatel et les autres opérateurs. A long terme, on programme la mort de cette entreprise qui est le fleuron de l’économie nationale, car étant la seule entreprise nationale coté en bourse et qui verse chaque année des centaines de milliards dans l’économie nationale’.
Interpellé sur le contrôle que l’Etat veut imposer à Sonatel pour mesurer le nombre de minutes effectivement terminés par les sociétés de téléphonie, Me Diouf assure que son client en est demandeur. ’Cela n’a rien à voir avec la surtaxe. La Sonatel a le matériel qu’il faut. Et l’Etat aussi peut, à travers l’Artp, contrôler s’il le souhaite. Sonatel veut que tout soit clair. C’est plutôt à l’institution de cette surtaxe qu’elle n’est pas d’accord. C’est la confusion que l’Etat veut semer pour dire que Sonatel refuse ce contrôle. La taxe est réactionnaire, elle va tuer l’entreprise. Aucun Etat européen ne l’a fait. Aucun Etat développé ne l’a accepté. Il n’y a que cinq Républiques bananières africaines, terreaux fertiles au blanchiment d’argent, qui l’ont accepté’, peste-t-il. C’est pourquoi, il pense que les Sénégalais doivent s’opposer à cette mesure pour éviter que ce qui s’est passé avec les Industries chimiques du Sénégal (Ics) n’arrive à Sonatel. ‘Avant l’Alternance, tout marchait dans les Ics. Mais, c’est avec le régime libéral qu’il s’est écroulé. Toutes les entreprises risquent de fermer boutique si l’on y prenne garde’, prévient l’avocat.
Questions autour des états financiers de l’Artp
L’Agence de régulation des télécommunications et des postes (Artp) n’a pas également échappé à la plaidoirie de l’avocat dans sa tentative de convaincre l’opinion. ‘L’Artp, depuis sa création, n’a pas fait ses états financiers. Nous savons qu’elle a encaissé plus de 80 milliards de francs Cfa ces dix dernières années. Il y a un flou total. On ne sait pas où va cet argent’, s’interroge-t-il. Avant de signaler que ce n’est pas dans les missions de cette autorité régalienne du secteur des télécommunications de s’occuper de ces sommes et de faire le partage sans aucun contrôle du ministère des Finances, habileté à encaisser de l’argent pour l’Etat.
Momar Ndao, le président de l’Association des consommateurs du Sénégal (Ascosen) en a également pris pour son grade. Lui qui a osé se faire ‘l’avocat du diable’. ‘Il n’est plus avec les consommateurs. Il défend l’Etat. Il a choisi cette fois-ci le camp de l’argent, du pouvoir contre celui des consommateurs et des travailleurs dont l’outil de travail est menacé’, a dit Me Diouf tout en indiquant que Momar Ndao répondra de ces accusations contre la Sonatel devant le juge en mi-septembre prochain.
Seyni Diop
(Source : Wal Fadjri, 27 août 2011)