Gouvernance internet en Afrique centrale : Les experts recommandent plus de promotion des usages du numérique
samedi 15 décembre 2018
Des experts de la sous-région ont exhorté, le 14 décembre à Brazzaville, à l’issue des travaux de leur septième forum en la matière, les Etats à envisager des programmes renforcés de promotion de la culture du numérique, ainsi que des politiques d’éducation mettant l’accent sur le « réarmement » moral pour les jeunes en situation d’instabilité ou de précarité d’emploi.
Le septième forum sous-régional sur la gouvernance internet de l’Afrique centrale, patronné par le ministre congolais des Postes, télécommunications et de l’économie numérique, Léon Juste Bombé, sous l’initiative de l’Agence de régulation des postes et des communications électroniques (Arpce), s’est tenu du 13 au 14 décembre, sur le thème « Economie numérique et Blockchain, opportunité de développement et d’innovation en Afrique centrale ».
La rencontre a permis aux représentants des gouvernements, du secteur privé, de la société civile et des organisations internationales, à l’instar de l’Union africaine et l’Internet corporation for assigned names and numbers, de réexaminer les stratégies mises en œuvre pour le développement de l’internet. Ayant jeté un regard sur les fondations pour un écosystème internet solide, le forum s’est penché sur les questions de sécurité internet, analysant profondément les institutions et organismes qui gouvernent l’internet en Afrique.
Si la promotion des usages du numérique se trouve être l’un des pivots pour une meilleure utilisation des services digitaux, lesquels devront permettre une plus-value à l’économie numérique, les experts ont recommandé un accès facile à internet par tous à travers « une densification de la bande passante nationale et sous-régionale ». À cela s’ajoute l’implémentation d’un cadre réglementaire favorisant l’exploitation et l’utilisation sécurisées du cyberespace.
Alors qu’il devient nécessaire de migrer vers de nouveaux protocoles internet comme l’IPv6 permettant d’accéder à de nouveaux services, applications et usages variés, les professionnels ayant pris part au forum de Brazzaville sollicitent des Etats et des gouvernements ainsi que des organisations internationales, des appuis techniques, financiers et opérationnels, pour développer l’économie numérique.
L’internet n’est plus un luxe pour l’Afrique
L’édition 2018 du Forum sur la gouvernance internet de l’Afrique centrale a eu pour missions, entre autres, l’échange d’informations et de bonnes pratiques autour des politiques multisectorielles, des normes et approches réglementaires qui garantissent un accès équitable et abordable ainsi qu’une bonne gestion des ressources critiques et fondamentales de l’internet.
Plus qu’une nécessité, l’internet se montre comme un outil indissociable au développement de la sous-région. Selon les derniers chiffres de l’Internet live stats, le continent compte désormais près de 281 millions d’internautes pour un taux d’accès moyen d’à peine 23%.
De nombreuses études indiquent, en effet, une augmentation rapide de ce taux. « Ce qui met en exergue un des enjeux majeurs de la pertinence de l’internet en Afrique, à savoir la vulnérabilité face à la cybercriminalité », indiquait, à l’ouverture des travaux du forum, le directeur général de l’Arpce, Yves Castanou, pour qui il est évident que les Etats et les gouvernements de la sous-région doivent s’investir non seulement pour améliorer l’accès à internet mais aussi pour garantir une bonne gestion de cette ressource.
Créé en 2005 à Tunis (Tunisie), lors du sommet mondial sur la société de l’information, le Forum sur la gouvernance internet est un cadre de réflexion aux problématiques liées à l’internet. Il se veut être un tremplin pouvant faciliter les échanges et passer en revue les questions pertinentes et importantes liées à l’impact de l’internet dans les politiques et stratégies de développement des Etats, résolument engagés sur les sentiers de l’émergence.
Quentin Loubou
(Source : Les Dépêches de Brazzaville, 15 décembre 2018)