Sous la forme de sa gestion actuelle, l’outil internet reste à être démocratisé et la recherche d’un consensus autour des règles du jeu se fonde sur le contrôle unilatéral que l’administration américaine continue d’exercer sur Internet.
La dernière démonstration en date du contrôle effectivement exercé par l’administration américaine sur Internet remonte au mois d’août dernier au cours duquel l’Icann a reporté, à la demande de l’administration Bush, la création du domaine « .xxx » consacré à l’industrie du sexe. L’Icann avait pourtant donné son agrément préliminaire au domaine en juin dernier et l’ouverture du domaine était programmée pour le mardi 16 août 2005.
De nombreux pays ainsi que la société civile remettent en cause le contrôle exercé par le gouvernement des Usa à travers son Département du commerce, sur l’ Internet corporation for assigned names and numbers(Icann). En charge de l’agrément et la coordination du système des noms de domaine(DNS), des adresses IP (numéros identifiant chaque machine sur Internet) et des protocoles permettant aux machines de communiquer entre elles, l’Icann, créée en octobre 1998, est une société à but non lucratif fonctionnant suivant les lois de l’Etat de Californien. Si l’on en croit Amadou Top, Vice-président du Fonds de solidarité numérique qui mettait hier en exergue cette problématique, à l’ouverture de la réunion des ministres africains en charge des Nouvelles technologies de l’information et de la communication(Ntic), les juridictions américaines ont la haute main sur les procédures de règlement des litiges à propos de la « Gouvernance de l’internet ».
Quatre options pour une rupture
En somme, si Internet fonctionne sur le plan purement technique, c’est avec un faible droit de regard des Etats. D’où la nécessité de réformer cet environnement qui couve des questions déterminantes relatives à la fiabilité du système, l’ouverture à la concurrence sur « .com », les politiques d’enregistrement et d’attributions des DNS, le régime à adopter pour les marques commerciales ainsi que le système de règlement des litiges cohérent et équilibré. Aussi, des questions relatives à la Network Solutions Inc(NSI) qui détient le quasi-monopole de l’attribution payante des adresses se terminant par .com, .net ou.org. Le problème serait que la NSI a engrangé de juteux bénéfices, et la puissance du lobby NSI n’est plus à démontrer. Mais les Etats-Unis, la patrie de l’Internet, n’hésitent pas à rappeler qu’ils ont construit et payé l’Internet.
Dans la dynamique de rupture avec cette architecture monopolistique, le Groupe de travail sur la gouvernance de l’internet(Gtgi) qui a remis son rapport au Secrétariat général des Nations unies, met en exergue quatre options dont la création d’un conseil mondial de l’internet(Cmi). Celui-ci serait composé de membres désignés par chaque Etat sur la base d’une représentation régionale adéquate, avec la participation d’autres parties prenantes. Cette structure qui relèverait de l’Onu, reprendrait les fonctions relatives à la gouvernance de l’internet sur le plan international qu’exerce actuellement le Département du commerce des Usa.
Par ailleurs, les propositions du Gtgi vont au renforcement du rôle du Comité consultatif gouvernemental de l’Icann pour répondre aux préoccupations de certains Etats.
Dans ce contexte, il s’agit aussi d’éviter qu’un seul gouvernement joue un rôle prépondérant dans la gouvernance internationale de l’internet, en créant un conseil international de l’Internet s’acquittant des fonctions dévolues aujourd’hui à l’Icann. En définitive, l’ultime option proposée par le Gtgi est relative à la distribution des rôles, en confiant aux Etats, l’élaboration de politiques publiques et prise de décisions concernant des questions de politique publique internationales liées à l’internet, et au secteur privé, le contrôle de l’organe responsable au niveau mondial du fonctionnement technique et opérationnel de l’internet.
Malick NDAW
(Source : [Sud Quotidien->http://www.sudonline.sn/, 7 septembre 2005)
Dis-moi
La naissance d’Internet est une belle histoire : dans les années 60, les militaires américains souhaitent bénéficier d’une technologie de communication permettant de faire communiquer des ordinateurs hétérogènes, y compris en cas de guerre ou de sabotage aboutissant à la rupture d’une partie du réseau de communication. Les deux concepts importants qui ont permis la réalisation d’un tel réseau sont :
– la communication par paquets : l’information est découpée en paquets, qui sont expédiés séparément sur le réseau, cherchant leur chemin là ou la voie est libre, et reconstitués à leur arrivée.
– l’interface ordinateur-réseau : un ordinateur virtuel ou réel sert de traducteur entre le réseau général et chaque réseau ou ordinateur particulier. Le problème est alors ramené à faire communiquer des ordinateurs identiques.
Pendant que les opérateurs historiques s’obstinent à développer des standards inspirés du téléphone, c’est à dire faisant communiquer deux ordinateurs par une liaison temporaire « porte à porte », des chercheurs et des informaticiens mettent un place un standard basé sur l’adressage de paquets émis en ordre dispersé sur les branches disponibles d’un réseau ressemblant à une toile d’araignée mondiale : le protocole TCP-IP.
L’apparition en 83 de l’application courrier électronique et en 89 de la navigation par des liens hypertextes assura la victoire définitive du réseau Internet (fondé sur le protocole TCP-IP) sur les solutions commerciales concurrentes et son extension à l’extérieur des centres de recherche et des universités. Cette technologie ayant été développée par ses propres utilisateurs, des chercheurs essentiellement, elle est demeurée la propriété de tous, chacun concourant à la faire vivre.
L’heure de gloire, puis de marasme des sites Internet commerciaux ne doit pas faire oublier que si Internet permet de faire du commerce, il n’a pas été conçu pour cela...
Internet est le nom donné à un super-réseau de câbles et de fibres optiques qui permet de connecter des ordinateurs ou d’autres réseaux distants et différents dans le monde entier. Ces ordinateurs ou ces réseaux peuvent utiliser des systèmes d’exploitation différents (windows, MacOs, UNIX, Linux...).
Ce réseau universel n’appartient à personne en particulier, il est la propriété collective de ses utilisateurs. Ce réseau n’est ni un programme, ni une application, mais une liaison physique entre ordinateurs qui appliquent une règle universelle de transmission des données : le protocole TCP/IP. Ce protocole est expliqué plus loin.
Sur le réseau Internet coexistent plusieurs types d’applications qui utilisent son architecture (ses câbles) et son protocole (TCP/IP) pour offrir des services à leurs utilisateurs. Les deux applications les plus populaires sont le World Wide Web, couramment nommé « web » ou « toile » en français et le courrier électronique. D’autres applications sont utilisées par des internautes plus confirmés : FTP, Usenet , Telnet et IRC.
Le Web
L’application la plus spectaculaire d’Internet est apparue au début des années 90 avec un standard de présentation de textes appelé HTML. Le texte y est organisé en pages lisibles par un programme convivial appelé navigateur (Netscape, Internet Explorer, Mozilla...) qui permet par un simple clic sur un mot ou un objet (appelés hyperliens ou liens hypertexte) d’aller directement à un autre partie du même document, ou à un autre document situé sur un autre ordinateur. La multitude de ces liens évoquant une toile d’araignée, l’ensemble des textes écrits en HTML disponibles sur Internet porte le nom de World Wide Web (toile d’araignée mondiale).
HTML
HTML est l’abréviation de HyperText Markup Language. Créé par le CERN au début des années 90, c’est un langage de balisage qui permet une présentation agréable des textes et la navigation dans le texte et en dehors du texte par des liens (hyperliens ou liens hypertexte).
Il est inutile de savoir comment fonctionne le HTML pour consulter Internet. Sa maîtrise est utile pour écrire ses propres pages, mais comme pour les traitements de texte modernes, les progrès des logiciels d’édition HTML permettent maintenant d’écrire des pages sans avoir à manipuler des balises.
Le principe initial est le suivant : une page HTML est une suite de caractères (lettres ou chiffres) généralement sans accents pour garantir son caractère international. Les accents sont alors obtenus par des mots spéciaux intégrés dans le texte ; par exemple le è s’écrit « è » le ç « ç ». Les enrichissement (gras, couleur...) sont matérialisés par des balises : toto est lu par le navigateur comme : « début du texte en gras (B comme Bold = gras en anglais) » toto « fin du texte à mettre en gras (/ signifie qu’il s’agit d’une balise de fin) ». D’autres balises définissent une variable. Voilà qui rappellera des souvenir à ceux d’entre vous qui ont utilisé les versions DOS des traitements de texte.
Qu’est qu’une adresse de site sur le Web ?
Les pages Web sont hébergées par des ordinateurs identifiés par un numéro (le numéro IP, expliqué plus bas). Pour simplifier la navigation et la recherche d’une page spécifique sur le Web, chaque page est identifiée par une adresse appelée URL qui se présente généralement sous la forme : http://www.nomdedomaine.domaineracine/dossier/sous-dossier/nomdelapage.htm
http:// signifie que l’on recherche une page web.
www est facultatif
Nomdedomaine.domaineracine est un identifiant commode qui remplace le rébarbatif numéro IP et identifie l’ordinateur hébergeant les fichiers, également appelé serveur. Lorsque vous entrez une adresse, un programme spécialisé situé chez votre fournisseur d’accès internet identifie automatiquement le numéro IP correspondant à cet identifiant et peut donc vous connecter à l’ordinateur recherché.
Nomdelapage.htm est le nom de la page que vous rechercher sur le serveur, précédé éventuellement par le nom du dossier et des éventuels sous-dossiers où elle est placée. La terminaison .htm ou .html signifie qu’il s’agit d’une page codée en HTML. Dans certains cas, une adresse URL peut pointer (diriger) directement vers une image, de type gif ou jpeg ; la terminaison de l’URL sera alors .gif ou .jpg au lieu de .htm. Enfin, il existe des pages qui contiennent du code HTML généré par une application, et dont le nom se termine par .asp ou .php ou .jsp etc.
TCP/IP
TCP/IP est le mot magique pour Internet. Cette abréviation sibylline signifie Transmission Control Protocol/ Internet Protocol. Il s’agit du standard universel de transmission des données sur le réseau Internet. Son principe est le suivant :
– chaque ordinateur (y compris le vôtre) est identifié par un numéro, appelé numéro IP, qui ressemble à quelque chose comme 195.154.194.104
– lors d’un transfert d’information entre deux ordinateurs identifiés par leurs numéro IP, cette information est découpée en petit blocs indépendants appelés « paquets ».
– chacun de ces paquets comporte, telle une lettre postée, l’adresse de l’expéditeur et celle du destinataire.
– ces paquets voyagent indépendamment les uns des autres sur le réseau, à la recherche de leur destinataire, en empruntant le chemin le moins encombré qui n’est pas forcément le plus court ;
– à leur arrivée (parfois dans le désordre !), ces paquets sont additionnés par l’ordinateur destinataire pour reconstituer l’information transmise par l’ordinateur émetteur. Si tout s’est bien passé, un accusé de réception parvient à l’émetteur et la transmission est terminée. Dans le cas contraire, l’ordinateur émetteur retransmet les données manquantes.
Ce système de découpage par paquets et d’adressage permet de ne pas occuper inutilement le réseau par une liaison de poste à poste (comme c’est le cas pour une conversation téléphonique traditionnelle) et de mieux gérer les encombrements temporaires ou les éventuelles erreurs de transmission.