Gouvernance de l’Internet : Les Africains tissent une toile commune
mardi 6 septembre 2005
Genève 2003 avait accouché du principe de Fonds de solidarité numérique(Fsn), Tunis 2005 devra consacrer en matière de Gouvernance de l’internet, une position commune des africains dont les ministres en charge des Ntic peaufinent les contours depuis hier à Dakar, à quelques jours du prochain Sommet mondial sur la société de l’information(Smsi).
Problème crucial pour l’avenir de la société de l’information : la Gouvernance de l’internet, un enjeu majeur pour le continent africain. La question est de savoir s’il est possible de laisser cet outil sous la forme de sa gestion actuelle qui fonctionne sur le plan technique mais avec un faible droit de regard des Etats et surtout une absence de consensus autour des règles du jeu.
Au cours des dix années qu’il a fallu pour transformer en une « ressource publique mondiale » ce qui n’était au départ qu’un réseau de recherche universitaire (internet), de grandes divergences d’opinions sont apparues quant à la portée de la gouvernance de l’internet et à ses mécanismes. Aussi, suite aux difficultés à obtenir un consensus sur cette question, le Sommet mondial sur la société de l’information(Smsi) de Genève avait recommandé au Secrétaire général de l’Onu de créer le Groupe spécial de travail sur la gouvernance d’internet(Gtgi ) dont la mission serait de proposer de solutions concrètes au Sommet de Tunis qui se tient du 19 au 30 septembre prochain. Un groupe de travail dont le rapport provisoire publié le 18 juillet dernier, a été jugé ’riche’ et ’complet’, préconisant des solutions pour toutes les questions liées aux infrastructures, aux ressources critiques, à l’usage de l’internet, entre autres. Ceci étant entendu que la gouvernance de l’internet recouvre des spécificités et mécanismes d’une portée bien plus large que la distribution de numéros IP et la gestion des noms de domaine. Et si une définition large indique que la gouvernance de l’internet englobe aussi des questions de politique générale importantes, comme les ressources critiques, la sécurité et la sûreté du réseau mondial ainsi que ce qui touche à son développement et à l’utilisation qui en est faite, il va de soi que cela participe de la stabilité du système, sa durabilité, la résolution de conflits autour des ressources, entre autres.
Sur cette base, il s’agit pour les ministres africains en charge des Ntic réunis depuis hier à Dakar, de faire des propositions en vue d’une position commune sur cette problématique fondamentale et dont les enjeux polarisent pourtant des intérêts divergents des Etats, des grands acteurs de l’industrie et de la communauté des acteurs. C’est ainsi qu’en présidant, hier, la cérémonie d’ouverture de cette rencontre, le Chef de l’Etat sénégalais Abdoulaye Wade, en sa qualité de Coordinateur du volet NTIC du Nepad, a exhorté les uns et les autres à adopter lors de la deuxième phase du Sommet mondial sur la société de l’information, une position commune sur la gouvernance de l’Internet qui, a-t-il indiqué, ’tienne compte des intérêts des pays d’Afrique’. L’Afrique qui, comme cela a été souligné au cours de la rencontre, est, de tous les continents celui qui exerce le moins son devoir de maîtrise des conditions de son implication dans la mise en œuvre des infrastructures et des systèmes de gestion des ressources du Net.
Une Organisation internationale de l’internet
Dans ce même contexte, les enjeux décrits auparavant par Amadou TOP, Vice-président du Fonds de solidarité numérique, font apparaître des questions comme la sécurité, la fiabilité et la durabilité du réseau mondial, préoccupantes pour tous les pays du monde, la société civile et le secteur privé. Aussi, se posent les questions du périmètre de compétences des organes intervenant dans l’administration du réseau, les principes de régulation applicables, les modes d’intervention des acteurs/utilisateurs.
C’est ainsi que la partie sénégalaise, à la lumière des problèmes que pose la Gouvernance de l’internet, souscrit et appuie fortement l’option qui s’oriente vers la création d’une organisation internationale de l’Internet, avec la participation des différentes parties prenantes africaines (Gouvernement, secteur privé, société civile). Parties prenantes dont la présence devrait être effective dans tous les débats, à travers toutes les instances où s’élaborent les décisions internationales afin que les négociations de Tunis 2005 ne se focalisent pas sur l’internationalisation réelle de la gestion du système de serveurs racines et sur l’implication des gouvernements dans le processus de prise de décision.
Aussi, si comme l’a dit le représentant mauritanien, ’le Rapport reflète largement les positions défendues par notre continent notamment la nécessité de révision des mécanismes de gouvernance actuels de l’internet’, la rencontre de Dakar au terme des trois jours d’ateliers, devrait accoucher d’une position africaine commune sans ambages sur la question, pour une Gouvernance de l’internet plus équilibrée et plus démocratique.
Malick NDAW
(Source : Sud Quotidien, 6 septembre 2005)