« Global voice ne s’installe pas contre la Sonatel, mais elle vient (sur la base d’un décret présidentiel) jouer un rôle de partenaire technique pour réguler le trafic international entrant au Sénégal. » Abondant dans le même sens que le Directeur général de l’Artp, Ndongo Diaw, qui estime qu’il n’y a « pas un combat de Global voice contre la Sonatel, Serigne Ben Niang, vice-président de Global voice Group S.A, annonce ainsi la couleur. Le géant mondial des télécoms qui revendique à ce jour 12 ans de présence en Afrique va apporter aux opérateurs locaux des revenus additionnels sur les appels internationaux entrants. Il s’engage aussi à lutter efficacement contre le phénomène dit de « by pass » sur les routes grises. Autrement dit, Global voice va détecter les fraudes sur le trafic international comme elle l’a du reste réussi en Guinée où, en trois mois d’exercice, elle a déconnecté 26 000 lignes téléphoniques frauduleuses, permettant à l’Etat guinéen de renflouer ses caisses. Global voice opère déjà dans des pays comme la Guinée, le Congo, la République centrafricaine (Rca), le Togo, le Ghana, la Guinée-Bissau, le Gabon... Elle s’apprête à travailler avec les régulateurs télécoms de la Tanzanie, de l’Ethiopie ou de l’Ouganda. Dans un pays comme la République centrafricaine où le trafic n’est pas aussi dense que celui du Sénégal, l’entreprise est parvenue à apporter des gains de 3 millions de dollars par mois sur les appels entrant en Rca.
La société dont l’expertise technologique dans ce domaine pointu est reconnue à travers le monde va désormais aider l’Etat du Sénégal à exercer son droit régalien de connaître le nombre de minutes comptabilisées chaque mois sur le trafic international entrant dans le pays. En définitive, la société s’engage aussi à renouveler le parc technologique de l’Artp avec des investissements prévus de l’ordre de 20 millions de dollars sur les 5 ans que dure le contrat avec le Sénégal. En tous les cas, le décret présidentiel, signé le 28 mai 2010 et fixant la nouvelle tarification en matière de trafic international entrant est clair.
L’Etat facture la minute de communication à au moins 0,215 euro. La puissance publique va percevoir une redevance de 7,5 centimes par minute. Rien qu’avec cette nouvelle donne sur nos « routes téléphoniques internationales », Global voice va verser dans les caisses du trésor national 5 milliards Cfa (7,5 millions d’euros) par mois. Ce qui représente 60 milliards Cfa par année (90 millions d’euros). Sur les cinq ans que dure le contrat, c’est une manne financière de près de 295 milliards Cfa qui va tomber dans l’escarcelle du trésor public. De quoi financer bon nombre de projets de développement actuellement en veilleuse faute de liquidités.
Mamadou Lamine Diatta
(Source : Le Soleil, 28 juillet 2010)