Global Voice annoncé dans le giron de SONATEL : Wade prié de ranger son décret au placard
mardi 6 juillet 2010
Même au prix de leur vie, les travailleurs de Sonatel sont déterminés à combattre le décret visant à intégrer Global voice dans leur société. Après une journée morte observée hier, ils envisagent une grève générale à compter du 25 juillet 2010.
L’Intersyndicale des travailleurs de la Sonatel rejette avec la dernière énergie le projet du gouvernement d’impliquer le groupe Global voice dans le giron de leur boîte. Au cours d’une assemblée générale tenue hier, les travailleurs de la société de télécommunications disent niet à ce qu’ils appellent « une volonté manifeste de dilapider les ressources de l’entreprise ». Selon Mamadou Aïdara Diop, responsable de ladite intersyndicale, l’intégration de cette société de droit haïtien dans le giron de Sonatel n’est ni plus ni moins qu’un projet qui vise à gagner énormément d’argent sur le dos des Sénégalais au profit de Global voice et de l’Artp (Agence de régulation des télécommunications et des postes). « Avec ce système, c’est l’Artp qui va désormais facturer et recouvrer. Les bénéfices ne seront pas reversés au Trésor public. Nous n’aurons plus de regard sur les bénéfices de la société. Tous les bénéfices iront dans les poches de l’Artp et Global voice. Ce sera un partage occulte des ressources de l’entreprise par les deux parties », se plaint M. Aïdara. Ce modèle, dit-il, a lamentablement échoué dans plusieurs pays. « Et ce n’est pas aux Sénégalais d’être les dindons de la farce », martèle-t-il. « Sur les communications internationales qui entrent au Sénégal, Sonatel facture à 92 FCfa si elles arrivent sur un téléphone mobile et à 65 FCfa si elles arrivent sur un téléphone fixe. Le décret 2010-632 du 28 mai 2010 exige à Sonatel d’appliquer une surtaxe pour porter ces deux prix à 141 FCfa. La différence (surtaxe) sera donc partagée entre Global voice et l’Artp », explique Mamadou Aïdara Diop. Conséquence, dit-il, les télécommunications à partir de l’étranger vont augmenter et le principe de réciprocité fera que les opérateurs appliqueront la même règle aux communications en direction de leurs pays. « Il n’est pas question qu’on l’applique au Sénégal. Tant qu’on n’annule pas le décret, nous ne reculerons jamais, et la grande offensive et la résistance contre la mise à mort de Sonatel vient d’être déclenchée en attendant la grande grève prévue dans les tout prochains jours », prévient le responsable syndical.
On rappelle que l’Artp, dans une circulaire envoyée à la direction de Sonatel, demande à la société des télécommunications d’appliquer ce décret à partir de jeudi prochain en fournissant toutes les données des communications de l’étranger vers le Sénégal. Pour le responsable de l’Intersyndicale des travailleurs de la Sonatel, « c’est une utopie que de croire que les travailleurs se plieront à cette injonction. Nous ne fournirons aucune donnée à qui que ce soit », fulmine Mamadou Aïdara Diop.
Jean-Pierre Mané
(Source : L’Observateur, 6 juillet 2010]