Gestion de plus de cinq milliards de caution de clients : Sonatel et la Caisse des dépôts et consignations à couteaux tirés
mardi 26 mai 2009
La Cdc ne gère pas que les cautions des clients de la Sonatel détenteurs de télécentres. Mais c’est à cause de leur pactole qu’elle est au-devant de la scène. Ces clients de la Sonatel, qui ont déposé plus de 5 milliards dans ses comptes la sous forme de caution, veulent les reprendre. Mais, suite à des incompréhensions entre l’institution et l’entreprise, les clients ne savent plus où donner de la tête et crient au voleur.
C’est la somme de plus de 5 milliards qui est en jeu. A ce jour, l’argent est partagé entre les comptes de la Sonatel et la Caisse des dépôts et consignations Sénégal (Cdc). Avec l’avènement des télécentres au Sénégal, il s’est posé, à un moment donné, la question de la gestion des cautions déposées à la Sonatel par les milliers de tenanciers de télécentres. Qui ont versé 300 000 F Caf pour les gérants localisés à l’intérieur du pays et 500 000 F Cfa pour ceux de Dakar. C’est alors qu’un établissement public à statut spécial, dénommé Caisse des dépôts et consignations, a été mis en place par l’Etat du Sénégal. Ce, suite au vote à l’Assemblée nationale de la loi N° 2006-03 et à sa promulgation par le Président de la République. Cet établissement, sous l’autorité du ministère de l’Economie et des Finances, doit aussi recevoir les consignations des notaires, des greffiers, des marchés publics... Mais aussi tout l’argent des cautions que les clients de la Sonatel ont déposé à ce niveau. Mais depuis quelque temps, des tenanciers de télécentres, qui ont fermé boutique, ont du mal à rentrer en possession de leur caution. Contrairement à ce que la Sonatel leur avait promis. Ce qui a été décrié par ces citoyens qui, pour la majeure partie, veulent disposer de leur argent. Ils ne comprennent pas pourquoi, la Sonatel qui a fait des chiffres d’affaire de plusieurs milliards F Cfa ne peut pas leur restituer leur argent, surtout après tout l’argent qu’ils ont fait gagner à la Sonatel du temps où les télécentres marchaient fort.
La Sonatel indexe la Cdc
La Sonatel, par sa cellule de communication, s’est expliquée sur la question. Elle nous a fait savoir qu’effectivement, certains de leurs clients ont des problèmes pour entrer en possession de leur caution après fermeture. Mais, la cellule soutient que depuis le vote de la loi et l’établissement mis en place, tout l’argent qui représente les cautions des clients a été déposé à la Cdc. Une somme qui, du reste, s’élève à des milliards. Mais avec les lenteurs notées au niveau de l’institution qui venait de naître et pour ne pas léser ses clients, la Sonatel a décidé de verser dans certains de ses agences 50 millions F Cfa, pour régler les cas les plus urgents. N’empêche, au même moment, elle continue à verser au niveau de la Cdc les cautions de ses clients. Mais au bout de quelque temps, la Sonatel a arrêté de retourner les cautions à ses clients à partir des agences, tout simplement, parce qu’elle juge qu’elle verse doublement de l’argent aux propriétaires des cautions et à la Cdc. Alors que c’est à la Cdc de rendre les cautions aux clients de la Sonatel.
La Cdc rassure et explique
M. Mamadou Falilou Mbacké Diagne, directeur général de la Cdc, en compagnie de ses proches collaborateurs, en l’occurrence Mme Seynabou Ly Mbacké et M. Mamadou Lamine Sylla, s’est expliqué sur la question. Il a d’abord recadré le débat. Expliquant que c’est en 2007 qu’il a pris fonction et c’est le 2 juin 2008 que le guichet de la Cdc a été ouvert. Mais, à ce jour, la Cdc n’a pas versé de l’argent aux clients de la Sonatel, non pas parce que l’argent n’est pas disponible, mais parce que le protocole de restitution des cautions n’a pas été signé avec la Sonatel. Il précise que même si l’établissement est sous la tutelle du ministère de l’Economie et des Finances, l’Etat ne peut pas mettre la main sur les fonds de la Cdc. Donc, les clients n’ont pas de soucis à se faire à ce niveau, l’argent est disponible et que si les modalités de restitution sont remplies, la Cdc envoie immédiatement les chèques. Non sans rappeler que la Cdc est aussi dépositaire des cautions de la Sde, des notaires, des greffiers... Mais surtout que l’argent collecté est utilisé pour le financement du logement social, des PME, des équipements des collectivités locales et de la politique de l’Etat du Sénégal.
Revenant sur les cautions de la Sonatel, M. Diagne signale que, vendredi dernier, les deux structures se sont retrouvées. Pour finaliser le protocole de restitution et faire l’Etat financier sur la réconciliation des chiffres. Car, à ce jour, les deux structures ne sont pas d’accord sur les montants décaissés et encaissés, encore moins sur comment restituer les cautions aux clients qui le souhaitent. Mais la Cdc souhaite que la Sonatel, qui connaît ses clients et qui connaît leur situation, reverse les cautions, une fois que toutes les conditions requises sont respectées et constatées par la Cdc. Car la Cdc, qui n’est pas présente sur toute l’étendue du territoire, ne pourra pas faire le même boulot que la Sonatel.
Les clients de la Sonatel crient au scandale !
En attendant la signature du protocole de restitution, entre la Sonatel et la Cdc, les clients trinquent et crient au scandale. C’est le cas de M. Diallo, un père de famille à la retraite, demeurant à Ouakam. Il comptait sur les 500 000 F Cfa de cautions pour l’investir dans un autre secteur porteur. Mais, il est déçu de constater qu’après un compagnonnage de neuf ans, la Sonatel ne puisse pas lui restituer ses sous. C’est dernièrement qu’il a découvert l’existence de la Cdc. Mais pour lui, son interlocuteur reste la Sonatel et après les chiffres d’affaires exorbitants qu’elle a réalisés durant ces dernières années, l’entreprise doit être à mesure de leur régler leur situation en attendant que la Cdc soit fonctionnelle. Et il en appelle aux associations des consommateurs pour leur permettre de rentrer en possession de leurs fonds, surtout qu’ils sont nombreux dans cette situation et pour la majeure partie, ce sont des gens qui sont dans le besoin. Car leur business ne marche plus avec l’arrivée des téléphones portables.
Latir Mané
(Source : L’Observateur, 26 mai 2009)