Gervais Pellissier, Directeur financier de France Telecom sur les méfaits de la surtaxe sur les appels entrants : « Nous estimons à 0,8 point de Pib l’impact négatif de cette mesure sur l’économie sénégalaise »
jeudi 29 septembre 2011
Évaluant les conséquences néfastes sur l’économie sénégalaise de la surtaxe sur les appels entrants à 0,8 de Pib, le directeur financier de France Telecom rassure l’Etat, que malgré l’opposition de l’opérateur à une telle mesure, va l’appliquer quand elle entrera en vigueur.
Seul maillon de la chaîne intéressée par la surtaxe sur les appels entrants au Sénégal à avoir observé le silence, depuis l’éclatement de la polémique sur cette affaire, France Telecom l’a rompu. Et c’est son directeur financier, Gervais Pellissier qui est monté au créneau pour mêler sa voix au concert de dénonciation des effets pervers de cette surtaxe décidée d’autorité par le Président Wade. « Le problème, c’est d’abord que la collecte de cet impôt va coûter cher. Nous estimons que pour 100 francs prélevés, seuls 30 à 50 iraient à l’Etat. Cette taxe va faire grimper les prix des appels venant de l’étranger, de 53% pour les appels sur un mobile et de 117 francs pour les appels sur un fixe », dit-il dans une interview parue hier dans le journal français « Les Echos ». Une telle décision selon lui, « va faire baisser le nombre d’appels et pénaliser fortement les diasporas. Il y a un risque de réciprocité de la part des Etats de cette zone. Certains pays de l’Afrique sub-saharienne vont être tentés de répliquer et de taxer eux aussi les appels venant du Sénégal ». Ce qui lui fait dire, « in fine, nous estimons à 0,8 point de Pib l’impact négatif de cette mesure sur l’économie sénégalaise ».
Par rapport à la menace faite par le Président Wade en mi-août dernier, de nationaliser la Sonatel dont il rachète les 42% de parts de France Telecom qu’il ajouterait aux 30% que détient le Sénégal, au cas où l’opérateur refuserait d’appliquer ladite surtaxe, Gervais Pellissier rassure. « Le Conseil d’administration de la Sonatel, sa direction et les syndicats sont debout contre cette taxe. Mais si cette mesure entre en vigueur, Sonatel respectera la loi ».
Quoi qu’il advienne souligne-t-il, « cette taxe ne remet pas en cause notre stratégie », précise toutefois le directeur financier de France Telecom ». Il dit clairement, « nous sommes maintenant présents dans 20 pays d’Afrique et du Moyent-Orient. Orange est la première marque occidentale en Afrique ». Mieux précise-il, « nos principales bases sont en Egypte, 30 millions de clients, au Maroc, 10 millions de clients, et au Sénégal, Mali ou Côte d’ivoire où nous avons 5 millions de clients. L’Egypte est le marché le plus important pour Orange, mais aucun pays seul ne peut mettre en péril notre activité dans la zone ».
La détermination de France Telecom à renforcer ses positions en Afrique, Gervais Pellissier la confirme. « Avec l’Afrique, nous avons fait un pari : que la croissance sera plus forte sur ce continent à l’avenir que dans les autres régions du monde. Selon le Fmi, la croissance en Afrique sur les quinze prochaines années sera supérieure à celle de la Chine et de l’Amérique du Sud. Entre 2009 et 2015 nous visons un doublement de notre chiffre d’affaires dans la zone Afrique-Moyen-Orient à environs 7 milliards d’euros. Nous y comptons 180 millions de clients ».
Birane Lo
(Source : Le Populaire, 29 septembre 2011)