Genre, synergie et développement : Préparatifs nationaux pour le Sommet mondial sur les TIC
mercredi 6 novembre 2002
L’ONG Enda Tiers monde organise, depuis hier et ce jusqu’au 7 novembre 2002, un atelier de concertation sur la « Dimension genre dans le développement des politiques de technologies de l’information et de la communication (TIC) au Sénégal ». En partenariat avec l’Observatoire sur les Systèmes d’information, les Réseaux et les Inforoutes au Sénégal (OSIRIS) et l’Agence de Régulation des Télécommunications (ART), ces journées s’inscrivent dans le cadre de la préparation du Sommet mondial sur la Société de l’Information (SMSI), à Genève 2003.
Une trentaine de participants représentant les organisations de femmes et de la société civile, les instances publiques de régulation dans les domaines des TIC et de l’audiovisuel, les représentants du secteur privé, des médias et de la coopération y prennent part avec pour finalité la production des documents qui seront mis à la disposition du public à travers le site web « famafrique ».
Pour Mme Sylla d’Enda/Synergie, Genre et Développement, l’atelier participe également du « programme communication pour les femmes », lancé depuis 8 ans et qui vise l’appropriation par les femmes en Afrique francophone de l’outil Internet. C’est à l’issue de la Conférence préparatoire régionale africaine, tenue au mois de mai à Bamako, que tous les pays de l’Afrique ont adopté la Déclaration du Caucus sur le genre qui a recommandé l’élaboration d’un plan d’action en direction du SMSI. Il s’agit, en fait, de préparer la participation des femmes à la négociation politique en leur garantissant un accès équitable aux sources TIC.
Au cours de cette première journée de mise en œuvre de la recommandation du Caucus au Sénégal, les participants ont procédé au partage de l’information disponible à travers les sources du secteur privé, du Haut Conseil de l’Audiovisuel (HCA) et de la coordination des NTIC dans le cadre du Nepad. L’importance du secteur privé n’est plus à démontrer, puisque, comme l’ont reconnu les participants, c’est là que se trouve l’essentiel des outils Internet. Il n’en demeure pas moins que les propriétaires de Cyber qui sont au nombre de 25 000 se sont plaints de la cherté des connexions qui leur reviennent à la Sonatel à 350 000 CFA par mois.
Moctar Seck, qui représentait le délégué au NEPAD, Aziz Sow, y a apporté un début de réponse en indiquant la possibilité d’utiliser la liaison par boucle locale radio qui revient à 500 000 francs par an. Le présentateur du Nepad a clairement indiqué que c’est « une vision que les populations doivent s’approprier en y apportant un contenu ». Moctar Seck a alors étalé les différents niveaux d’accès prévus par le Nepad en tenant compte de la question de genre. En particulier, ce sont les secteurs de la santé maternelle et infantile, de la santé de la reproduction et du planning familial, du télé-enseignement fonctionnel, des techniques de production, de transformation et de conservation ou alors de l’art culinaire local, de la production agricole, halieutique et artisanale, etc.
Autant d’informations qui devront être accessibles, afin de contribuer à l’accroissement des revenus des femmes. L’amélioration de la gestion des tontines et l’accès aux cadres juridiques n’ont pas été oubliés. La présentation de ce canevas a débouché sur la conclusion que « le Nepad ne réussira que si les populations africaines unies dans leur diversité se l’approprient ». Ce sera ensuite au tour de Mme Fatou Sarr du HCA de présenter les possibilités d’action dans le cadre de l’instance de régulation pour faire en sorte que la dimension genre soit dûment prise en compte dans les médias.
Pour elle, c’est en partant de la Constitution et de la mission dévolue au HCA par le décret 98-09 du 2 mars 1998 qu’on peut apprécier l’action à entreprendre. Estimant que « la question des femmes n’est pas une question de femme », Mme Sarr s’est dit convaincue qu’il y a un problème de « non-maîtrise du concept genre ». Dans l’optique d’une appropriation des outils par les femmes, elle a convoqué le pluralisme et l’objectivité tels que stipulés à l’article 3 du décret. L’indépendance des membres du HCA est également, selon elle, un atout pour que des propositions et des observations soient formulées afin de renforcer le rôle de l’institution.
Mme Fatou Sarr a enfin estimé qu’il est possible de mener des enquêtes au niveau des rédactions et de consulter le contenu des formations. Sur toutes ces questions, il est préconisé que les femmes développent le plaidoyer adéquat dans une démarche de prévention. « L’objectif non négociable, c’est l’égalité des sexes », avait-elle martelé auparavant.
Ce matin, l’atelier procédera à la discussion des priorités devant déboucher sur l’élaboration du Plan d’action qui sera adopté jeudi. « Le Rapport final sera mis en lien avec les autres sources qui existent pour le Sommet Mondial sur la Société de l’Information », a dit Mme Sylla Marie Hélène Mottin d’Enda Tiers Monde. On peut donc dire qu’en prévision du Sommet mondial de la Société de l’Information, Genève 2003-2005, les femmes sénégalaises ont décidé de prendre les devants en peaufinant le site web « famafrique ».
FARA SAMBE
(Sourcer : Le Soleil 6 novembre 2002)