Gaïdy Ndaw , Directeur commercial de Sonatel sur l’affaire Global Voice : « Il y a eu hausse du côté des Sénégalais de la diaspora. Et une hausse va intervenir pour les Sénégalais de l’intérieur »
samedi 4 septembre 2010
Directeur commercial de Sonatel, Gaïdy Ndaw se prononce pour la première fois sur le débat qui fait rage autour du contrôle du trafic international confié à Global Voice Group. Et c’est pour s’inquiéter profondément des répercussions que subissent les Sénégalais de la diaspora qui sont, désormais, obligés de débourser plus pour parler à leurs proches restés au pays. Dans l’entretien qu’il nous a accordé, M.Ndaw démonte les arguments brandis par l’Agence de régulation des télécommunications et des postes (Artp) pour justifier l’arrivée de Global Voice, et estime que le président de la République a été mal informé dans ce dossier.
L’As : Depuis quelques semaines, la Sonatel est sur la sellette avec l’arrivée de Global Voice...
Gaïdy Ndaw Le problème, c’est la surtaxe des communications entrantes dont vous avez entendu parler et qui aujourd’hui constitue une véritable menace pour l’équilibre financier de Sonatel, mais qui est aussi une menace pour le pouvoir d’achat des Sénégalais de la diaspora et des Sénégalais qui vivent au Sénégal.
Pour la deuxième fois aujourd’hui, les travailleurs de Sonatel ont bloqué l’accès aux techniciens de l’Artp qui voulaient installer le matériel de Global Voice à l’agence de la Médina. Pourquoi une telle attitude de leur part ?
Je ne suis pas sûr qu’on leur ait refusé l’accès. Ce qu’il faut juste noter, c’est que dans le code des télécommunications, seuls des agents assermentés ont le droit d’entrer dans les locaux de Sonatel pour y effectuer des missions. Donc si les agents de l’Artp sont bien assermentés, normalement, rien ne s’oppose à ce qu’ils effectuent leur mission au sein de Sonatel.
Pourquoi les Sénégalais de la diaspora subissent-ils un impact réel lorsqu’ils appellent au Sénégal, depuis l’entrée en vigueur du décret confiant le contrôle du trafic international à Global Voice ?
Les Sénégalais de la diaspora sont mé-con-tents. Ils sont très mécontents de la situation, parce qu’ils ont l’impression que dans tout cela, c’est eux qui paient. Si vous avez des correspondants qui sont à l’étranger, ils ont dû vous dire que depuis le 1er août, pour un même montant de carte prépayée, ils ont moins de temps. Ce qui veut dire que le tarif a augmenté. Dans la plupart de ces pays-là, européens ou autres, ils ont reçu des informations de leurs opérateurs de téléphone sur la hausse des tarifs. Ce qui fait qu’aujourd’hui, ils sont très mécontents. Et si vous lisez les forums sur internet, vous vous rendrez compte que leurs commentaires sont assez acerbes, et ils ont même lancé une pétition sur internet, bien avant celle de la Ligue des Consommateurs, pour dénoncer cette hausse des tarifs. Pourtant, l’Artp avait dit dans un de ses communiqués qu’elle avait pris toutes les dispositions pour que ni les Sénégalais de la diaspora, ni les Sénégalais vivant au Sénégal ne subissent un impact. Aujourd’hui, on se rend compte que c’est exactement le contraire. Il y a bien eu hausse du côté des Sénégalais de la diaspora. Et une hausse va intervenir pour les Sénégalais de l’intérieur. Mais je pense que tout cela est parti d’une mauvaise, voire incomplète information qui a été donnée au président de la République.
Quelle est cette mauvaise information ?
Le président de la République a été mal informé sur ce dossier. Pourquoi ? Supposons que vous alliez dans un hôtel cinq étoiles et que vous commandiez une boisson. Elle coûte cinq ou dix fois plus cher que chez le boutiquier du coin. Est-ce parce que vous êtes parti dans un hôtel cinq étoiles, où vous avez consommé une boisson à un tel prix, que vous allez dire au président de la République que la boisson coûte dix fois plus cher ? Alors qu’en réalité, la proportion de personnes qui consomme la boisson dans des hôtels de luxe est très faible. Pour en revenir sur le trafic international, 97% des appels des Sénégalais de la diaspora et tous ceux qui veulent joindre le Sénégal passent par des cartes prépayées. Cela ne passe pas par les voies classiques, c’est-à-dire les gens qui appellent de leur téléphone du salon ou autre. Donc, ces cartes prépayées sont un marché sous forte compétition, où les marges sont très faibles. Donc, ces opérateurs-là sont obligés de répercuter la hausse qui a été récemment instituée suite au décret présidentiel parce qu’ils ne veulent pas vendre à perte. Vous voyez quand je disais que le président de la République a été mal informé ! Voilà comment cette information a pu être déformée parce qu’elle n’a pris en compte l’exhaustivité des données de base. Maintenant, les Sénégalais qui vivent au Sénégal vont subir les conséquences. Le tarif va augmenter. S’il n’est pas mis fin à ce système de surtaxe, on sera obligé de répercuter la hausse des tarifs parce qu’elle fragilise nos équilibres économiques. Nous ne pouvons pas aujourd’hui supporter à la place des consommateurs cette hausse des tarifs parce que c’est une taxe. C’est comme lorsque la Rutel a augmenté, nous avons été obligés de répercuter la hausse. Donc les Sénégalais de la diaspora sont très mécontents, car ils ont vu que c’est exactement le contraire de ce que disait l’Artp qui s’est passé. Les Sénégalais qui vivent au Sénégal vont, sous peu, en subir les conséquences, s’il n’est pas mis fin à la surtaxe. Dans la zone Uemoa, tous les ministres en charge des Télécommunications ont demandé la possibilité que le décret ne s’applique pas pour les pays de la sous-région, parce qu’il risque de constituer un véritable frein à l’intégration régionale, car le téléphone est un outil très important pour tous les gens qui se déplacent dans la sous région.
Est-ce que les consommateurs sont les seuls perdants dans cette opération ? Si oui, qu’est-ce qui explique la levée de boucliers des Sonateliens ?
C’est comme dans le domaine de la météo ! Les spécialistes d