Va-t-on vers une reconfiguration du paysage des télécoms au Sénégal ? En tout cas, les trois nouveaux Fournisseurs d’Accès à Internet (Fai) nourrissent des ambitions de titan qui risquent de sonner comme une redistribution des cartes.
Même si le Sénégal dispose de trois opérateurs de téléphonie, la couverture du territoire par Internet n’est pas encore totale. Une anomalie que les autorités veulent corriger. C’est ainsi que le Sénégal a enregistré l’arrivée de trois Fai (Fournisseurs d’Accès à Internet). Il s’agit de Waw Sa, Arc Informatique et Africa Access. Avec ces trois nouveaux opérateurs, le segment internet va connaître de grandes évolutions. C’est, du moins, la conviction du directeur général de l’Autorité de régulation des télécommunications et des postes (Artp), M. Abdou Karim Sall. « Nous visons une couverture équitable du territoire national à l’horizon 2021. C’est pourquoi chaque Fai dispose d’un lot de 5 régions en plus de Dakar. Il s’agit de Waw Sas pour les régions de Dakar, Thiès, Diourbel, Tambacounda et Kédougou, Arc informatique pour Dakar, Louga, Saint-Louis, Fatick, Kaolack et Kaffrine et enfin, Africa Access pour Dakar, Ziguinchor, Sédhiou, Kolda et Matam. Ils ont l’obligation de couvrir ces régions pour les cinq premières années de l’autorisation. Nous avons d’ailleurs tenu à ce que ces clauses figurent dans le cahier des charges », explique-t-il.
En plus du maillage du territoire espéré avec l’arrivée des Fai, le directeur général de l’Artp est convaincu que du fait de la concurrence avec les opérateurs classiques, les tarifs de connexion à Internet vont connaître de fortes baisses. Selon M. Abdou Karim Sall, « l’arrivée des 3 Fai va permettre de poursuivre la baisse des tarifs déjà enclenchée. Aujourd’hui, les consommateurs sénégalais peuvent disposer d’un éventail de choix par rapport à la qualité de services, à la qualité commerciale et de choisir parmi les tarifs les plus bas. Le renforcement de la concurrence du marché de l’Internet par l’accueil de nouveaux acteurs permet, à la fois, de promouvoir l’innovation des offres et des produits, de proposer au public de toutes catégories, des offres alternatives, en termes de débits, de technologies et de qualité de service. C’est le consommateur qui en profite », a-t-il salué.
Cependant, même s’il salue l’arrivée des Fai, le président de l’Association sénégalaise des usagers des Tic (Asutic), M. Ndiaga Guèye, estime qu’il est possible de faire mieux. Selon lui, « le décret interdit aux nouveaux Fai d’offrir aux Sénégalais des services de type triple play à savoir : Internet haut débit, Téléphonie et Télévision. En sus de cela, cette disposition servira de base légale pour mettre dans leurs conditions de ventes devant être proposées par ces Fai, des clauses leur permettant de bloquer l’accès aux applications de téléphonie par Internet tels que : WhatsApp, Viber, Messenger, Skype, etc. Il serait mieux de les mettre sur un pied d’égalité pour plus d’efficacité. En France par exemple, l’opérateur Free était un Fai qui est devenu opérateur, parce qu’on lui a donné les moyens d’exister et de grandir », suggère-t-il.
Oumar Fédior
(Source : Le Soleil, 15 mai 2018)