Forte progression de l’Internet mobile sur le marché sénégalais des télécommunications
mercredi 29 février 2012
Comme chaque année à la même période, la publication, par l’Agence de régulation des télécommunications et des postes (ARTP), des chiffres relatifs au marché sénégalais des télécommunications pour le 4ème trimestre de l’année écoulée permet de faire le point sur les évolutions en cours en matière de téléphonie fixe et mobile et de services Internet. A tout seigneur tout honneur, la téléphonie fixe, introduite au Sénégal en 1901, a atteint les 346 406 abonnés au 31 décembre 2011 soit un progression de 1,33%. Cependant, un examen détaillé des chiffres de l’année 2011 montre qu’après une progression régulière avec des taux d’accroissement de 4,37% au 1er trimestre, 4,74% au 2ème trimestre et 4,35% au 3ème trimestre, la téléphonie fixe a connu un recul de 3,25% au 4ème trimestre qui a annulé l’essentiel des progrès enregistrés au cours des trois premiers trimestres de l’année. S’il est trop tôt pour dire s’il s’agit d’une baisse conjoncturelle ou au contraire des prémices d’une régression durable, toujours est-il que la forte progression enregistrée entre décembre 2009 et septembre 2010, avec des taux de croissance à deux chiffres, semble bel et bien révolue. La téléphonie publique, qui a régulièrement régressée durant les trois premiers trimestres de l’année 2011, a par contre connu une progression de près de 9% au cours du 4ème trimestre. Cette forte progression dans le dernier quart de l’année n’a cependant pas empêché une baisse de 4,15% du nombre de lignes de téléphonie publique, dans un contexte marqué par la quasi-disparition des télécentres sous l’effet de la généralisation du téléphone portable. La téléphonie mobile a en effet enregistré 9 352 868 abonnés au 31 décembre 2011 soit une progression de 12,09% par rapport à l’année 2010, portant son taux de pénétration à 76,84% de la population. Ces chiffres sont cependant à relativiser car il faut savoir d’une part qu’il existe un nombre non négligeable de puces inactives et d’autre part prendre en compte le phénomène multi-SIM, facilité par la prolifération de téléphones permettant de gérer simultanément deux cartes SIM et encouragé par les nombreuses promotions proposées par les opérateurs de téléphonie mobile, qui fait que nombre de Sénégalais possèdent plusieurs puces. La combinaison de ces deux facteurs concoure à gonfler artificiellement le taux de pénétration de la téléphonie mobile qui se situe plutôt entre 60 et 70%. Même si la téléphonie mobile continue à se développer, la croissance du marché à tendance à se ralentir et son taux d’accroissement qui était de 38,23% en 2007, est ainsi passé à 28,07% en 2009 pour se situer à 12,09% en 2011. Sans surprise, le pré-payé continue à être largement plébiscité par les abonnés puisqu’il représente 99,07% du marché. Pour ce qui est de la concurrence entre les opérateurs, la Sonatel, avec 65,2% des abonnés, a pratiquement retrouvé le niveau de parts de marché qui était le sien avant l’arrivée d’Expresso dont le nombre d’abonnés a connu une chute de 27,90% au cours du 4ème trimestre de l’année 2011 et qui se classe bon dernier avec 9,3% des abonnés contre 25,5% des abonnés pour Tigo. Cependant, le fait le plus marquant de l’année 2011 a été sans aucun doute la forte progression du nombre d’abonnés aux services Internet qui est passé de 148 745 au 31 décembre 2010 à 341 703 au 31 décembre 2011, soit un accroissement de 129,72%, sous l’effet de la spectaculaire progression de l’Internet mobile dont le nombre d’abonnés est passé de 24 140 au 31 décembre 2010 à 188 363 au 31 décembre 2011, soit une progression de près de 680% qui fait que ce moyen d’accès aux services Internet compte désormais pour 55,1% du total. L’octroi d’une licence 3G à la Sonatel, combinée à l’apparition sur le marché de « smartphones » bas de gamme et au succès croissant des réseaux sociaux, comme Facebook et Twitter, auxquels les jeunes accèdent de plus en plus via leur téléphone portable, expliquent notamment cette progression. Dans le même temps, l’ADSL a nettement moins progressé passant de 82 185 abonnés au 31 décembre 2010 à 92 713 abonnés au 31 décembre 2011, soit une progression de 12,81%. Globalement, le taux de pénétration des services Internet dans la société sénégalaise reste cependant encore très faible puisqu’il ne concerne que 2,8% de la population même si en termes d’utilisation, l’Union internationale des télécommunications (UIT) évalue le taux de pénétration d’Internet à 15,7% de la population. 2011 restera donc dans les annales comme l’année où l’Internet mobile s’est imposé comme le moyen d’accès privilégié à Internet.
Olivier Sagna
Secrétaire général d’OSIRIS