« Le temps d’apprendre à vivre, il est déjà trop », écrivait Louis Aragon. Pour les femmes parlementaires, il n’est jamais trop tard pour se mettre au digital. L’entreprise Sonatel les a accueillies, lundi 29 juillet dernier, pour une initiation au numérique dans les locaux de son école de codage.
La rivalité politique avait laissé la place à une autre bien plus discrète. Entre celles qui n’ont jamais eu d’adresse mail, d’autres qui évoquent leur méconnaissance totale du fait digital, il y a les exceptions qui sont de véritables Geeks dont aucun aspect de l’utilisation des nouvelles technologies ne leur est inconnu. Il faut du tout pour faire un monde. Mais l’état des lieux des pratiques digitales des parlementaires sénégalaises a de quoi interpeller. « Avant cette formation, je n’étais ni sur Facebook, ni sur Twitter, encore moins sur Instagram. Je ne connaissais pas leur utilité même si j’en avais entendu parler », confesse Fatma Diop, vice-présidente à l’Assemblée nationale et l’ainée des parlementaires ayant bénéficié de la formation. Aminata Diao Baldé, cadette des parlementaires, a, en revanche, une pratique digitale. « En tant que représentante du peuple, je publie des éléments des sessions plénières sur les réseaux sociaux (Facebook et WhatsApp). J’informe les populations de ma localité ainsi que mes amis sur ces canaux », confie la jeune femme député du département de Vélingara.
Frontière générationnelle
Elles étaient 45 députés à participer à une série d’ateliers de renforcement de capacités autour des opportunités qu’offre le digital qui ne doit pas être une frontière générationnelle. C’est le sentiment de Fatma Diop.
Mme le député de Mbacké s’est inscrite sur plusieurs réseaux sociaux lors des ateliers et projette de se faire aider par des proches pour mieux communiquer sur ces canaux. « Le digital est au cœur de nos vies et il n’est pas question que les femmes parlementaires, qui sont les relais entre la population et l’exécutif, soient laissées en rade. C’est une formation capitale car elle nous permet de relayer notre travail », déclare Awa Ndiaye, présidente du Collectif des femmes parlementaires. « Nous avons répondu à une demande de formation digitale des femmes parlementaires. C’est dans nos prérogatives sur la Rse. Cette cible fait partie de notre programme « Mwoman » qui favorise l’émergence des femmes dans le domaine du numérique. Cette formation est une première étape. Il y a eu des parlementaires d’un bon niveau, d’autres qui le sont un peu moins. Nous allons segmenter ce groupe pour proposer plus tard des formations plus adaptées », explique Abdou Karim Mbengue, directeur de la Communication institutionnelle du groupe Sonatel.
Parmi les 45 parlementaires, un faible pourcentage connaissait l’utilité de Twitter, utilisé par les personnalités publiques car c’est le réseau social d’influence par excellence, bien qu’existant depuis le 21 mars 2006. « Ces ateliers nous ont permis de créer, nous-mêmes, le site du Collectif des femmes parlementaires. La méconnaissance des outils technologiques est un obstacle à notre travail », reconnaît Sira Ndiaye, chargée de la communication du Réseau des femmes parlementaires. Présente presque sur tous les réseaux sociaux, elle milite pour « des parlementaires de leur époque ». Elles sont plus que jamais persuadées qu’il n’est pas trop tard d’apprendre à vivre avec son époque.
Moussa Diop
(Source : Le Soleil, 2 août 2019)