Forfaits et forfaitures, Orange est-il l’enfant gâté des opérateurs ?
mardi 1er septembre 2020
Malgré la levée de boucliers des consommateurs et l’injonction de l’Autorité de régulation des télécommunications et postes (Artp), l’opérateur Orange fait son bonhomme de chemin dans ses caprices. Il agit comme s’il était le chouchou des autorités étatiques, cet « enfant gâté » surprotégé et sous-couvert d’un pater sans idées. L’entrée en vigueur de ses nouvelles offres, alors qu’il lui était enjoint de retirer celles déjà polémiques, est une preuve que cet opérateur se fout royalement du régulateur et partant du président de la République qui avait demandé à l’organe de régulation de régler le litige.
Dans chaque voisinage, il y a des enfants qui se prennent pour des roitelets et qui agissent comme s’ils étaient le nombril du monde. Aucun argument n’est assez fort pour les raisonner et les freiner de leurs caprices parfois insatiables. Devant le silence coupable de ses tuteurs, le voisinage, estomaqué par l’indiscipline de l’enfant gâté, en arrive parfois à le fouetter. Puisqu’il se prend pour un intouchable, le badaud en arrive à provoquer et obtenir toujours le soutien de son protecteur, quand bien même il aurait tort. Dans le paysage médiatique et le monde des affaires, cette situation existe et certaines entreprises peuvent se permettre de fouler au pied les règles les régissant sans être sanctionnés. C’est exactement le cas de l’opérateur Orange qui se complaît dans la défiance de l’autorité et la provocation.
L’opérateur de téléphonie Orange domine sans partage le secteur des télécommunications mais son leadership est bâti sur le dos des consommateurs qui se voient obligés de subir son diktat. Nonobstant son énorme chiffre d’affaires qui fait tomber des nues, il nous fait voir des vertes et pas mûres. L’existence d’une autorité de régulation, qui ne l’est que de non au demeurant, n’a pas empêché que l’opérateur fasse comme bon lui semble. Comme un enfant gâté, il peut s’offrir le luxe de dénoncer ses pairs auprès de son protecteur, en l’occurrence l’Artp, tout en refusant de se soumettre à ses exigences.
Il y a un an, quand Tigo devenait Free, l’opérateur Orange s’était positionné en autorégulateur pour dénoncer les offres disproportionnées de l’opérateur rival. Malgré l’enthousiasme des consommateurs qui faisaient la ruée vers Free, l’Artp avait enjoint ce dernier de mettre fin à la gratuité de Whatsapp alors. En conséquence, sur la base de la requête d’Orange, Free s’était exécuté sans délai. Toujours favorisé, parce qu’elle est une entreprise française, Orange est sans cesse gâté par le régime Sall, à commencer par la suppression des taxes sur les appels entrants 2012.
Il y a une semaine, un activiste alertait sur la suite de l’injonction de l’Artp si toutefois le président Sall partait en France sans que le litige soit réglé. Dans son entendement, et à raison, la réponse du président à l’invitation de Macron et du patronat français (Medef) signerait tout simplement une suite favorable d’Orange dans cette affaire. Les propositions faites en dernier lieu apparaissent comme des sucettes données aux abonnés pour amuser leurs gueules. Cependant, l’opérateur n’aura réussi qu’a leur donner plus de grain à moudre.
Autres offres, même polémique
Voilà un opérateur qui s’accommode plus à la recherche du gain qu’à la satisfaction de ses clients. Sinon comment comprendre que, de façon unilatérale, Orange en arrive à changer les offres qui étaient en vigueur pendant plus d’un an ? Il faut rappeler que lesdites offres étaient influencées par la générosité de ses rivaux notamment Free qui avait complètement bousculé le marché. Elles n’étaient entrées en vigueur qu’après la venue de ce dernier, comme réponse à ses forfaits « fous ».
Un an après, Orange qui a certainement dû évaluer l’apport de son rival qui péche sur le plan du réseau, a décidé tout bonnement de retourner aux offres antérieures. Ce qu’il propose aujourd’hui et qui fait polémique n’est guère mieux que ce qui était là avant l’arrivée de Free. Rappelé à l’ordre, l’opérateur fait dans la défiance. Et ce qui est plus grave, c’est que ce je-m’en-foutisme d’Orange intervient après que le président de la République a instruit l’Artp, lors d’un conseil des ministres, de régler le contentieux entre l’opérateur et ses clients. Malgré l’ultimatum qui lui a été lancé par l’autorité de régulation, Orange montre d’abord qu’il n’en a cure avec une conférence de presse où il a cherché à noyer le poisson, ensuite avec la proposition d’autres offres « pires » que celles déjà polémiques.
Talaatay orange ou le refus de se plier au diktat de l’opérateur
Dans ce jeu entamé par Orange, et oui l’opérateur est en train de se jouer des autorités, c’est l’Artp qui perd la face. Alors qu’on s’attendait à une suspension des offres comme recommandée par l’autorité, l’opérateur use d’astuces pour contourner l’injonction. Malheureusement, si l’Artp a accepté d’être enfariné comme un débutant, les consommateurs restent vent debout pour combattre ce forfait. C’est pourquoi il faut saluer l’initiative « Talaatay Orange » qui consiste pour les activistes et usagers de l’opérateur de boycotter et de dérouler des activités de protestations pendant chaque mardi.
A cause de son comportement d’enfant gâté, Orange mérite une bonne baffe de la part de son tuteur (l’Artp). Si celui-ci ne le fait pas, à cause d’on ne sait quel complexe, il appartient aux clients de s’ériger en régulateurs. Pourtant, au lieu que le président et son ministre de la communication lui tordent le bras, pour l’intérêt de ce peuple consommateur qui les a choisis, les autorités se mettent à surprotéger le turbulent opérateur en mettant aux arrêts les activistes qui protestaient devant son siège, ce mardi.
Ababacar Gaye/
(Source : SeneNews, 1er septembre 2020)