Son affairisme fait que le président de la République fait perdre à nos institutions toute crédibilité et, par conséquent, le respect qui doit les entourer. La sortie des agents de Sonatel, aussi virulente ait-elle pu être, était néanmoins parfaitement justifiée. Ils ne sont pas les seuls à s’être posé des questions, face au déploiement des autorités de la République, venues faire allégeance aux Soudanais de Sudatel, à l’occasion du lancement de l’un de leurs produits. Depuis ce jour d’ailleurs, le Président Wade n’est plus vu autrement que comme un agent commercial de Expresso Sénégal. Il n’a pas hésité à évacuer en quelques mots, les accusations graves de corruption qui ont été portées contre ses proches dans l’attribution de la licence Sudatel.
Les critiques des agents de Sonatel viennent s’ajouter à plusieurs plaintes concernant la propension du Président Wade à juger selon ses penchants et ses positions personnelles, sans tenir compte des équilibres qui fondent une Nation en construction. Et comme il ne juge qu’en termes d’argent, M. Wade, n’aime et ne louange que ce qui va dans le sens de ses intérêts, qui se révèle digne d’être défendu bec et ongles. Le vendredi 12, lorsqu’il défendait la licence de Sudatel, et la manière dont cette société l’a acquise, il n’a pu s’empêcher de lancer des piques à Sentel, l’opérateur de Tigo. Sa volonté d’écraser cette société lui fait oublier que cette dernière également fait vivre bon nombre de Sénégalais, et paie des taxes dans ce pays.
Les travailleurs de Sonatel viennent donc de découvrir ce que leurs collègues de Sentel vivent déjà quasiment depuis l’arrivée au pouvoir de Me Wade. Et comme il sait qu’il ne peut plus rien espérer de cette entreprise américaine, il semble s’être juré qu’elle ne survivra pas à son pouvoir. Est-ce la même chose avec Sonatel ?
Mohamed Guèye
(Source : Le Quotidien, 19 juin 2010)