Arrivée il y a un peu plus d’un an au sein de la Société Générale à la tête du pôle innovation dédié à l’Afrique, Valérie-Noelle Kodjo Diop veut propulser la banque française dans le domaine de la fintech…à l’instar d’Orange, géant français des télécommunications. Peuvent-elles, malgré elles, se concurrencer ?
Alors que la Tech est en passe de devenir le « nouveau pétrole » du continent africain, les entreprises françaises sont en embuscade dans ce secteur. Chacune défend sa méthode tant les objectifs sont différents. Si Orange, le géant français des télécommunications a créé un fonds d’investissements dédié pour l’innovation sur le continent africain à hauteur de 50 millions d’euros, c’est surtout parce qu’elle souhaite accompagner les startups africaines agissant dans un secteur en rapport avec les télécommunications. C’est avec cet objectif qu’elle a réalisé sa deuxième acquisition cette année dans une fintech sud-africaine prometteuse : Yoco, entreprise leader dans le secteur du mobile-money en Afrique du Sud. Depuis 2015, 27 000 PME/TPE font confiance à Yoco pour la gestion des paiements par carte bancaire. Ce second tour de table – auquel Orange Ventures a pris part – mené par Partech a permis à la société sud-africaine de lever 23 millions de dollars.
Société Générale n’est pas en reste
Valérie-Noelle Kodjo Diop responsable du département innovation dédié à l’Afrique, a été nommée en 2017 à ce poste par la Société Générale. Sa feuille de route ne tient pas compte de l’activités d’autres opérateurs dans ce domaine. « Je dis tout le temps à mon équipe de ne pas chercher à devenir leader en fonction des critères provenant d’autres acteurs du marché car il nous faut cultiver notre différence vis à vis de nos clients », répète-t-elle inlassablement. « Ils ne sont pas nos compétiteurs », résume-t-elle. Sa méthode est avant tout basé sur l’humain. « Sur les marchés africains, nous voulons résolument nous inscrire comme partenaire de vie auprès de nos clients d’aujourd’hui et de demain », explique-t-elle.
Yup : un fort succès
Cette méthode porte déjà ses premiers fruits. L’application de mobile money Yup connaît un bon succès au Sénégal et en Côte d’Ivoire avec 207 000 comptes dont 35% qui sont actifs. Consciente des potentialités, Valérie Kodjo Diop s’est appuyée sur une vision largement insufflée dans les rangs de la Société Générale : « Au sein de notre entreprise, les dirigeants ont voulu porter deux visions. La première consiste à recruter au sein de nos activités des profils qui ne sont pas forcément issus du secteur bancaire traditionnel. Dans mon équipe, une des deux personnes recrutées récemment a été choisie car sa connaissance des réseaux de distribution était essentielle pour développer notre offre », résume-t-elle.
Si la Société Générale croit en son potentiel, c’est aussi parce qu’elle compte sur une politique managériale axée sur la responsabilisation de ses effectifs. « Chez Société Générale, nous avons un ambitieux programme d’intrapreneuriat. qui a été mis en place. Un salarié, s’il a une idée en rupture mais à fort potentiel peut être incubé dans l’entreprise. On le libère de son poste et il peut ainsi travailler à plein temps sur son innovation », nous explique Valérie-Noelle Kodjo Diop Ces ‘intrapreneurs’ pourront ainsi défendre fièrement les couleurs de la banque française dans le domaine de la fintech africaine. Ainsi, si la Société Générale et Orange ont décidé de parier sur le fort potentiel d’innovation sur le continent africain, elles ont inévitablement choisi d’emprunter un chemin séparé pour parvenir à leurs objectifs respectifs.
Rudy Casbi
(Source : CIO Mag, 2 octobre 2018)