Fermeture de Walfadjri : Sidy Lamine Niasse ne voit pas d’issue au problème
vendredi 28 août 2009
Le président du Groupe de presse privé Walfadjri a indiqué vendredi qu’il ne voit ‘’pas d’issue’’ à la récente fermeture de ses chaînes de radio et de télévision, laissant entendre qu’il ne va rien entreprendre pour annuler cette décision relevant selon lui de motivations inavouées des pouvoirs publics.
Des éléments de la police ont arrêté jeudi matin les programmes de la radiotélévision Walfadjri pour l’obliger à respecter les décisions de justice consistant à remplir les formalités légales et à s’acquitter intégralement des droits dus aux artistes.
‘’Personnellement, je ne vois pas d’issue. Puisque la seule issue possible aurait été juridique et je pense que cette décision est politique’’, a-t-il déclaré dans un entretien publié, vendredi, par le quotidien Walf Grand Place, organe du groupe dont il est le propriétaire.
‘’C’est fermé, c’est fermé, c’est tout et ce n’est pas la fin du monde, je vais investir ailleurs’’, a dit Sidy Lamine Niasse selon qui depuis quelques mois, des signes avant-coureurs laissaient présager de cette décision.
‘’Depuis deux ans, ils font tout pour fermer le groupe Walfadjri, mais ils échouaient à chaque fois’’, a dit le président-directeur général de Walfadjri, en allusion aux autorités publiques qu’il accuse d’être à l’origine de la fermeture de ses supports.
‘’C’est une décision que l’Etat a prise au plus haut niveau. Il ne peut pas connaître une solution financière car c’est une affaire pendante devant la justice. Il fallait trouver une solution là-bas ou appliquer la jurisprudence’’, a-t-il insisté.
Depuis le 22 mars dernier, les analyses de la présidence de la République ont selon lui ‘’montré que c’est la presse particulièrement Walfadjri, qui est à la base de l’échec du PDS (au pouvoir, NDLR) aux élections locales’’.
Le PDG du groupe Walfadjri a rappelé, pour ce faire, la décision prise alors par l’Agence de régulation des télécommunications et des postes (ARTP) de fermer les chaînes de radio et de télévision privées en pleine retransmission des résultats du scrutin, arguant que les organes concernés ne s’étaient pas acquitté de leur redevance. Il a aussi évoqué l’interdiction faite à son groupe de retransmettre en direct le défilé de la fête de l’indépendance 2009.
‘’Moi, je ne vois pas le BSDA (Bureau sénégalais du droit d’auteur)derrière cette affaire. Car ce service n’a ni les moyens, encore moins les capacités de le faire. C’est l’Etat avec sa main armée qui est derrière’’, a-t-il martelé.
Selon lui, dans l’ordonnance du BSDA, il n’est question ni de fermeture, ni de saisie. ‘’C’est la diffusion du répertoire protégé par le BSDA qui devait être arrêtée‘’, a-t-il estimé.
‘’Avec le BSDA, c’est une affaire pendante revenue plusieurs fois devant le juge mais renvoyée jusqu’au 19 novembre’’, a-t-il fait observer. A ce propos, le PDG de Walfadjri a dit avoir payé le BSDA pendant quatre ans, de 2002 à 2006, à hauteur d’un million chaque année.
‘’De 2006 à nos jours, nous étions prêts à payer mais ce sont eux qui ont refusé le chèque qui constituait une avance d’un million et jamais personne n’a dépassé cette somme’’, a-t-il soutenu, ajoutant que si la chaîne privée RDV donne 12 millions, c’est parce qu’elle a ‘’12 fréquences et plusieurs fréquences radios’’.
Suite à la fermeture des supports du groupe Walfadjri, le président du Conseil d’administration BSDA, Abdou Aziz Dieng, avait réagi en soutenant que ‘’ce qui est arrivé n’a rien à voir avec la politique’’.
’’Personne n’aurait souhaité qu’on en vienne là. Mais Sidy Lamine Niasse ne nous a donné aucun choix. Nous avons une documentation abondante qui peut prouver les moult interpellations dont il a fait l’objet et qui sont restées sans réponse’’, a expliqué M. Dieng.
Deux requêtes avaient été déposées sur la table du juge contre le groupe Walfadjri. La première ayant été positivement agréée par une ordonnance du Tribunal régional hors classe de Dakar en date du 6 août 2009. Cette décision a été signifiée à Sidy Lamine Niasse, le 13 août dernier par l’huissier du BSDA.
Le tribunal avait décidé que tous les programmes diffusés par la radiotélévision Walf FM dont les contenus sont protégés au titre du droit d’auteur seraient suspendus jusqu’à l’accomplissement des formalités légales et le règlement intégral des droits dus. Le président de la radiotélévision, Sidy Lamine Niasse, avait refusé de se plier aux décisions.
‘’Alors de guerre lasse, nous sommes allés au procès. Nous avons remporté ce procès par une ordonnance qui nous été délivrée le 6 août. Et ça lui (Sidy Lamine Niasse) a été signifié le 13 août’’, a poursuivi Abdoul Aziz Dieng, par ailleurs président de l‘Association des métiers de la musique (AMS).
Selon lui, ‘’il y a bien une décision de justice, une affaire réglée pas pendante et une affaire signifiée’’. ‘’Qui nous connaît, au niveau de la direction du BSDA, au niveau du Conseil d’administration du BSDA sait que nous ne sommes pas des gens manipulables. Il ne faut pas essayer de politiser une affaire qui n’est pas du tout politique’’, a-t-il insisté.
(Source : APS, 28 aout 2009)