Le cadre de pratique des Nouvelles Technologies de l’Information et de la Communication (NTIC) est le fruit du projet « 2B1-SN » (lire en anglais To Be One) de l’Association Bokk Jang/Bokk Jëf Sénégal (en langue wolof, " étudions et agissons ensemble pour développer le Sénégal ). Le projet a été développé en partenariat avec l’Association pour la Formation de réseaux Internet commise à l’éducation et au développement des Universités (Afri’Edu). Cette association a été créée en 2000 par de jeunes Lyonnais (France), dont la plupart des membres sont élèves ingénieurs de l’Ecole catholique des Arts et Métiers (ECAM Lyon). Aux dires du président d’Afri’Edu, Thibaud Helluy, l’association a pour vocation de « récupérer du matériel informatique donné par des entreprises françaises, de l’acheminer jusqu’au pays d’accueil, l’installer sur place dans une université ou structure de formation et de rendre le projet viable sur le long terme par la formation du personnel ».
Depuis deux semaines à Dakar, ces jeunes (une dizaine) Lyonnais de 22 ans de moyenne d’âge ont apporé un peu plus de soixante ordinateurs et matériels informatiques divers, dont une vingtaine de Pc est allouée au centre de Fass Delorme. Mis en place, il y à trois ans, le projet 2BI-SN de « recherche et développement sur les Ntic » a pour but d’introduire celle-ci dans les communautés locales comme Fass Delorme. Selon Mme Fatimata Sèye Sylla, présidente de l’association sénégalaise créée en septembre 1997, à Dakar, Bokk Jang/Bokk Jëf s’intéresse à l’éducation, la formation professionnelle et la vulgarisation des Ntic en milieux défavorisés au bénéfice notamment de la Femme et de la Jeunesse.
Le quartier Fass Delorme a été choisi juste à propos. Le maire de la commune d’arrondissement de Gueule Tapée-Fass-Colobane, Adama Bâ, venu présider la cérémonie de présentation du centre informatique en compagnie du ministre du Développement social, Maïmouna Sourang Ndir, a fait savoir que « Fass est l’une des 19 communes d’arrondissement de Dakar les plus pauvres ". En témoigne l’état du bâtiment abritant le centre social de la localité. Murs défraîchis, lézardés et terrassement craquelé par endroits sur le point de s’écrouler. Les ordinateurs réceptionnés sont installés dans des salles en piteux état où règne une chaleur étouffante préjudiciable à la conservation des machines que ne peut assurer les deux ou trois ventilateurs mis en service.
Le ministre du Développement social, Maïmouna Sourang Ndir, a promis une enveloppe d’un million FCFA destiné à rachat de chaises, tables, etc. Fortement applaudie par rassemblée de notables et jeunes, elle a dit son engagement à rechercher avec eux les moyens et à les accompagner dans la bataille pour le développement social. Mme Sourang Ndir a par ailleurs, souhaité que l’expérience de Fass Delorme fasse tache d’huile. « Ce qu’Afri’Edu et Bokk Jang/BokkJëf ont fait se situe à la frontière de ce que je veux faire », avait expliqué M. Bâ. Il s’était dit disposé à mettre la grande salle de la mairie à la disposition des associations pour continuer les sessions périodiques de formation en informatique multimédia et d’initiation à la pédagogie, suivies par 12 jeunes volontaires du quartier populaire depuis juillet 1999. D’après le maire, sa commune de 73.000 habitants n’encaisse « que 4,5 millions de FCFA de taxes ». Il a en outre, annoncé la construction en cours d’un nouveau centre socioculturel sur l’espace vague contigu aux HLM Fass.
Outre l’objectif de former 300 apprenants pour le premier centre, Afri’Edu et Bokk Jang/Bokk Jëf envisage dans le projet global To Be One de mettre en place deux autres du genre dans les localités de Hann et Parcelles Assainies, auxquelles est destinée la quarantaine d’autres ordinateurs (une vingtaine pour chaque quartier).
Afri’Edu en est à sa troisième expérience du genre. Le deuxième projet a mené l’association à Douala, au Cameroun, où dix membres de l’équipe 2002 d’élèves-ingénieurs ont mis 50 ordinateurs à la disposition de l’Université de la ville. Un an plus tôt, six étudiants de l’Ecam s’étaient rendus à l’Université Gaston Berger de Saint-Louis (Sénégal) pour y installer une vingtaine d’ordinateurs en réseau dans la bibliothèque.
Mamadou L. Badji
(Source : Le Soleil 8 juillet 2003)