Face aux difficiles conditions d’exploitation, les gérants de télécentres menacent d’aller en grève
mercredi 15 janvier 2003
L’Union nationale des exploitants de télécentres et téléservices du Sénégal (Unetts) menace d’organiser une journée sans télécentres ainsi qu’une série de manifestations de sensibilisation en guise de protestation contre la « mort » lente qui frappe leur secteur. L’Unetts, qui a organisé hier un point de presse, déplore, entre autres, la fermeture de nombreux télécentres entraînant une menace sérieuse sur l’emploi.
A en croire les responsables de l’union, des contrats de centaines de télécentres ont été résiliés alors que 117 autres ont fermé à Thiès. L’Unetts constate également l’échec du projet du président de la République sur la connexion de plus de 1000 télécentres pour le développement des nouvelles technologies de l’information et de la communication (Ntic). Le président de l’union, M. Bassirou Cissé, met surtout en cause l’échec du projet des télécentres-Alizés qui devait s’étendre sur tout le territoire national, ainsi que la qualité du réseau dans certaines zones comme à Thiès où, selon lui, des télécentres restent des jours sans réseau. L’Unetts, selon M. Cissé, regroupe plus de 13.000 lignes de télécentres sur le territoire national, 24 gérants de télécentres et de cybercentres et contribue pour plus de 33 % du chiffre d’affaires de la Sonatel, soit près de 40 milliards de Fcfa. « Nous sommes en train de nous mobiliser pour riposter face à cette situation, afin de mettre à l’abri les emplois et nos structures », note M. Bassirou Cissé. La première riposte sera d’initier une journée sans télécentre dont la date reste à déterminer, ensuite d’autres manifestations de sensibilisation vont suivre. Une autre source d’irritation des gérants, c’est la rupture de la communication avec la direction générale de la Sonatel. L’Unetts relève également « des erreurs de facturation qui profitent à la Sonatel, avec des marges très importantes », suggère la révision de l’étude sur la catégorisation des télécentres et demande l’amélioration de la qualité du réseau. Par ailleurs, les gérants saluent leurs excellents rapports avec l’Agence de régulation des télécoms avec laquelle elle mène le combat contre le chômage par la préservation des emplois des gérants de télécentres et de cybercentres et avec laquelle plusieurs actions sont engagées pour améliorer le statut des gérants. Rappelons que les premiers télécentres privés ont été officiellement lancés en 1993 avant de connaître une croissance exponentielle. Cinq ans après leur création, ils étaient quelque 5.734 en 1998, répartis dans tout le pays. Ils sont passés par la suite à 8.200 au mois de septembre 2000, pour atteindre 13.000 l’année suivante, soit une progression de 57,97 % en un an. Cette croissance exponentielle n’a pas fait que des heureux. Beaucoup qui croyaient avoir trouvé le juteux filon se sont mordus les doigts du fait surtout d’une concurrence souvent acerbe.
ADAMA MBODJ
(Source : Le Soleil 15 janvier 2003)