Face aux évolutions rapides du numérique, les médias dits traditionnels doivent s’adapter au nouveau contexte pour ne pas disparaître. C’est la conviction des experts qui intervenaient, hier, au cours d’un atelier, organisé par le Synpics, en partenariat avec l’ambassade des Etats-Unis d’Amérique à Dakar, sur l’adaptation de la presse dite traditionnelle face au numérique.
« Comment la presse dite traditionnelle peut s’adapter aux évolutions numériques » ? C’est autour de cette thématique que le Syndicat des professionnels de l’information et de la communication du Sénégal (Synpics) et l’ambassade des Etats-Unis d’Amérique à Dakar ont convié, hier, les professionnels de l’information et de la communication. La rencontre a eu pour cadre le Cesti, et a été animée par le journaliste sénégalais Hamadou Tidiane Sy et sa consœur américaine Marie Doezma. Venu présider la cérémonie d’ouverture au nom du ministre de la Culture et de la Communication, Alioune Dramé, directeur de la Communication, a salué cette « heureuse initiative » qui permettra aux professionnels de l’information « de bien confronter et partager des expériences qui pourront les amener à plus de clarté pour le bien de la presse nationale très dynamique ». Selon lui, les professionnels des médias ne peuvent, dans le contexte actuel, « s’arrêter à la maîtrise des techniques rédactionnelles ou s’astreindre simplement au respect de l’éthique et de la déontologie ». « Les technologies de l’information bouleversent les habitudes journalistiques qu’il est devenu impératif pour eux de s’adapter à la nouvelle donne.
Au-delà même de la presse en ligne ou des multiples offres électroniques pour les usagers, la presse traditionnelle joue sa survie », a-t-il ajouté, rappelant que sa mort, tous supports confondus, a souvent été prédite.
Pour le directeur de la Communication, cette presse peut, si elle sait utiliser avec intelligence l’outil des technologies, « avoir de très beaux jours devant elle ». « Il est donc nécessaire pour elle de s’adapter d’abord pour ensuite convertir les technologies en atouts qui feront qu’elles puissent la rapporter aussi bien dans la collecte que dans la diffusion de l’information », a-t-il dit.
Sa conviction est que la presse dite traditionnelle peut et doit se réinventer à l’heure des technologies de l’information, mais tout en restant dans la dynamique du journaliste qui se voit bousculé par le « journaliste citoyen », en allant plus loin que la possession d’un site qui se résume en la version électronique de l’édition papier d’un journal pour la presse écrite ou de voir l’édition d’un journal parlé ou télévisé pour une radio ou une télévision ».
Absence de statistiques
Pour sa part, le secrétaire général du Synpics, Ibrahima Khaliloulahi Ndiaye, a rappelé que sa structure très attachée à la formation de ses membres, mais surtout à la nécessité d’anticiper sur les problématiques de l’heure, « ne pouvait pas manquer de saisir cette opportunité offerte par l’ambassade des Etats-Unis d’Amérique ». « Vu l’actualité du thème et sa pertinence, a-t-il dit, nous avons saisi l’occasion pour former nos membres à certaines dynamiques et surtout sur les relations entre presse classique et le numérique ».
Le conseiller aux Affaires publiques de l’ambassade des Etats-Unis à Dakar, Robert Post, a, de son côté, rappelé qu’« avec l’avènement de l’Internet, les gens veulent des nouvelles maintenant, de l’audio, de la vidéo, une variété de perspectives, et gratuitement ». Le directeur général de la Sspp « Le Soleil », Cheikh Thiam, par ailleurs membre du Conseil des diffuseurs et éditeurs de presse du Sénégal (Cdeps) a, de son côté, indiqué qu’au-delà du Synpics et de l’ambassade des Etats-Unis, c’est le patronat qui devrait prendre en charge cette réflexion. Sa conviction est qu’il faut « réinventer, revisiter un nouveau modèle économique de la presse face aux nombreuses mutations dans le domaine du numérique. « Si nous réussissons cet exercice, nous dépasserons cette question de l’aide à la presse et de financement », a estimé Cheikh Thiam, regrettant l’absence de statistiques sur la presse. Le défi, à son avis, c’est d’aller vers la transparence. « Pour cela, a-t-il dit, il faut des chiffres pour comprendre les mutations de notre secteur ». Au nom du directeur, le chef du service technique, Eric Gnimadi, a soutenu que le Cesti a innové en intégrant des modules pour la formation des journalistes en ligne.
Souleymane Diam Sy
(Source : Le Soleil, 15 décembre 2016)