Externalisation, mutualisation dans les télécoms : Les Syndicats des travailleurs ruent dans les brancards
lundi 22 juin 2015
Les syndicats des travailleurs du secteur des télécommunications veulent faire face aux projets d’externalisation, de mutualisation ou de délocalisation en cours dans leur secteur. Si cette schématisation aboutit, les travailleurs seront les premiers à en pâtir, alertent-ils.
Dans leur combat contre l’externalisation de l’exploitation et de la maintenance du réseau vers Ericsson, les travailleurs de Tigo viennent de bénéficier du soutien de leurs collègues des autres opérateurs. Ainsi donc, ils ne sont plus seuls dans leur lutte. Car, pour bon nombre de travailleurs, l’externalisation est devenu un ‘’fléau’’ dans le secteur des télécommunications. Une tendance qui n’agrée pas les travailleurs. Ces derniers qui se sont regroupés dans un collectif dénommé ‘’collectif des travailleurs des télécommunications’’ sont inquiets par rapport à cette menace qui plane dans leur secteur. C’est pourquoi ils ont fait face à la presse ce samedi, à la Bourse du travail. Un point de presse à l’allure d’un sit-in pour crier haut et fort leurs inquiétudes.
Ces difficultés sont bien résumées sur des pancartes brandies dans la salle. Il s’agit, entre autres, de l’externalisation, de la mutualisation, la délocalisation ou la transformation. Ces projets des opérateurs ne ‘’sont motivés que par une recherche effrénée de profits au détriment de la responsabilité sociale et de la souveraineté nationale’’, peut-on lire dans la déclaration préliminaire commune des secrétaires généraux. Selon le secrétaire général du syndicat national des travailleurs de Sentel (SNTS), si ces projets qui s’opèrent dans le secteur des télécommunications passent, les conséquences qui en découleront seront innombrables. Les effets seront, d’après Papa Tamsir Seck, la ‘’précarité de l’emploi’’, la ‘’perte d’expertise’’, la ‘’perte de débouchés pour les nouveaux diplômés’’, ‘’l’insécurité des données personnelles des clients’’ ou la ‘’perte de notre souveraineté’’. Pour éviter que tout cela ne se produise, le secrétaire général du syndicat national des travailleurs de Sentel invite le gouvernement à jouer son rôle. En attendant la réaction des autorités pour faire face à cette menace rampante, il appelle l’ensemble des travailleurs des télécommunications à fédérer leurs forces.
Concurrence déloyale
Ce projet de fédération des syndicats des travailleurs du secteur des télécommunications est déjà en gestation, si l’on en croit le secrétaire général du syndicat des travailleurs de Sonatel. D’après Babacar Sarr, ce projet est déjà en cours. Aujourd’hui, dit-il, les travailleurs ont intérêt à s’unir parce qu’ils sont dans une zone de turbulence. ‘’Les opérateurs de télécommunications veulent se départir de leurs missions. Ce n’est pas seulement nos emplois qui nous interpellent mais l’avenir de nos pays. Par rapport à ce projet d’externalisation, nous risquons un néocolonialisme’’, alerte-t-il.
Au-delà du projet d’externalisation, Babacar Sarr déplore une concurrence malsaine que des opérateurs de téléphonie tels qu’Orange (Orange money) et Tigo (Tigo Cash) sont en train de mener contre des entreprises de services de transfert d’argent. Cette concurrence est déloyale à son avis, parce que ces entreprises n’ont pas les moyens dont disposent les deux géants du secteur de la téléphonie au Sénégal. ‘’C’est inadmissible dans un pays qui se respecte’’, rouspète Babacar Sarr.
Aliou Ngamby Ndiaye
(Source : Enquête, 22 juin 2015)