Externalisation : Le torchon brûle entre France Telecom et les travailleurs de Sonatel
jeudi 10 décembre 2015
Rien ne va plus entre France Telecom et les travailleurs de la Sonatel. En effet, l’actionnaire majoritaire de Sonatel, qui n’a toujours pas abandonné son projet d’externalisation, a confié la supervision du cœur de réseau de Sonatel à Huawei. Ce que les travailleurs de la Sonatel ne peuvent concevoir, jugeant extrêmement dangereux le fait de confier la gestion d’un outil aussi stratégique et aussi sensible, notamment pour la sécurité d’une nation, à des étrangers. Pis, ce qui courrouce davantage les travailleurs de Sonatel, c’est le transfert de 44 agents de la Sonatel vers Huawei à qui est confié le projet d’externalisation.
Le cœur de réseau confié à des étrangers
« Ils veulent externaliser et nous leur avons dit que nous ne pouvons pas l’accepter. D’abord pour la confidentialité des données personnelles nous ne pouvons pas l’admettre. Aujourd’hui nous ne pouvons pas admettre que le réseau de Sonatel soit supervisé par des étrangers. Nous y sommes opposés. Par rapport à l’exécution de ce projet, il y a 44 agents de Sonatel, qui doivent être transférés à Huawei qui a gagné le marché de la transformation. C’est huawei l’équipementier. Le projet consiste à confier ce travail à huawei qui va construire au Sénégal les installations. Le Directeur général sera au Sénégal, mais ne sera pas un Sénégalais. Il y a de l’arnaque autour de cela. Ils disent qu’ils vont créer des emplois, le Gnoc sera là et ce sera fiscalisé au Sénégal. C’est de l’arnaque. Parce que ces 44 Sénégalais qui travaillent au niveau de Sonatel, qui seront transférés Huawei, à tout moment Huawei peut les licencier pour incompétence et autres parce que c’est du nouveau qu’ils y feront. Nous nous opposons farouchement à ce que ces travailleurs soient transférés », a déclaré Mme Ndèye Founé Niang, du Syndicat national des travailleurs de la Sonatel.
Les travailleurs de huawei chassés de la technopole
Pour elle et ses camarades, l’Etat qui n’a pas mis en place une politique sectorielle dans laquelle devrait s’inscrire la Sonatel « laisse France Telecom faire ce qu’il veut ». « Le chef de l’État ne nous a jamais reçus. L’État est muet par rapport à ce problème alors qu’on a saisi le Président de la République via son conseiller en Tic à qui nous avons donné tous les documents, mais il ne nous a pas reçus », déplore la syndicaliste. Et ne pouvant abandonner leurs camarades dans une situation précaire et laisser des étrangers accéder à leur guise au cœur du réseau de Sonatel, ces travailleurs de la Sonatel ont pris leurs responsabilités et sont allés à la technopole, où les infrastructures du projet d’externalisation sont logées, pour évacuer toutes les équipes de Huawei qui y travaillent.
« La crise s’est installée à Sonatel »
« Nous avons pris nos responsabilités parce que nous ne pouvons pas admettre que des sonateliens puissent être transférés et qu’on précarise leur emploi. Ce matin nous avons été à la technopole pour les rencontrer. Après les avoir rencontrés en assemblée générale, il a été décidé de ne pas mettre à l’aise ces gens qui sont dans technopole et qui ont accès à notre matériel, à nos données, pour précariser nos emplois. Il ne faut pas qu’on les mette à l’aise ici qu’on leur permette de faire leur travail comme ils le souhaitent. L’assemblée générale nous a donné mandat de faire sortir toutes les personnes qui travaillent dans ce projet du technopole. Ce que nous avons fait » renseigne Mme Ndeye Founé Niang. Un acte, qui leur a valu une convocation, suite à une plainte de la Direction générale de Sonatel : « La Direction, par le biais du chef de la sécurité et le chef d’établissement de technopôle, a saisi la gendarmerie. Au moment où nous étions ensemble pour faire l’évaluation, le commandant nous a remis une convocation. Mais quelques heures plus tard, ils ont reculé. Le commandant m’a appelé pour me dire que notre direction générale, pour le moment, veut surseoir à la convocation. Et aujourd’hui il faut que tout le monde le sache, la crise s’est installée à Sonatel », déclare-t-elle. La syndicaliste signale que c’est une recolonisation qui est en train d’être faite à la Sonatel et France Telecom, qui fait tout pour se rendre incontournable avant la fin de la concession, fait tout pour que le Groupe Sonatel soit disloqué.
Les travailleurs sur le pied de guerre
Ainsi, l’intersyndicale de la Sonatel n’attend plus que la venue du Directeur du travail, absent du territoire, pour se mettre dans les dispositions de déclencher un mouvement de grève. Il a même, la semaine dernière, observé un port du brassard rouge, et fait une tournée auprès de leurs camarades en fonction dans les autres régions du pays, pour les mettre en ordre de bataille, contre le projet de France Telecom.
(Source : Seneweb, 10 décembre 2015)