Exploitation de la puce 3G+ : Le syndicat des travailleurs de la Sonatel dénonce le projet de liquidation de la société
samedi 19 juin 2010
La posture du chef de l’Etat, qui vient d’accorder l’exploitation de la puce 3G+ à la Sudatel au détriment de la Sonatel a créé un sentiment de frustration chez les travailleurs. Secrétaire général du syndical des travailleurs de la Sonatel, Mamadou Aïdara note que depuis deux ans, la Sonatel sollicite auprès du président Wade, l’accord par décret pour l’exploitation de cette formule.
Le syndicat des travailleurs de la Sonatel accuse le chef de l’Etat, Abdoulaye Wade, d’avoir violé de manière délibérée le décret créant et organisant les mécanismes de régulation du secteur des télécoms qu’il a lui-même signé, en autorisant la Sudatel à exploiter la puce 3G+. Pour le secrétaire général dudit syndicat, Mamadou Aïdara, qui faisait face à la presse hier, Me Abdoulaye Wade cherche à liquider la Sonatel au profit des investisseurs étrangers. A l’en croire, depuis 2008, la Sonatel a engagé des négociations avec les autorités du pays par le biais de l’Artp pour avoir l’autorisation d’exploiter la puce 3G+. Ainsi, en décembre 2009, l’Arpt après avoir examiné les arguments de la Sonatel, suivi de consultations et de l’accord des autorités gouvernementales, a donné une suite favorable à la demande de la Sonatel pour une extension de sa licence à des conditions acceptées par les deux parties. Seulement, soutient Mamadou Aïdara, ‘le président de la République, qui est le seul habilité à finaliser le projet en accordant le décret d’exploitation, n’a jamais donné de suite à leur requête’.
Aussi, les syndicalistes se demandent-ils comment le président de la République, garant des intérêts supérieurs du pays, peut prendre partie en faveur d’une société privée étrangère dans laquelle son homologue Omar El Béchir détient 26% pour le compte de l’Etat soudanais au détriment d’une société dans laquelle l’Etat du Sénégal détient près de 35% en l’occurrence la Sonatel. En effet, selon le secrétaire général, la Sonatel a été le premier à lancer la phase pilote de la puce 3G+ lors du sommet de l’Oci. ‘En ce moment les services et la présidence ainsi que leurs hôtes ont reçu gracieusement des appareils afin de leur permettre de bénéficier du même niveau de prestation en matière de technologie’, raconte Mamadou Aïdara. D’ailleurs, poursuit-il, ‘cette technologie est aujourd’hui déployée dans plus de 100 pays et plus de 250 réseaux sont en service à travers le monde ; même la filiale de Sonatel Mali, Orange Mali a officiellement lancé la commercialisation au mois de mai dernier’. Pire, en plus de refuser la signature d’un décret pour l’exploitation de la 3G+ à la Sonatel, le chef de l’Etat, note le secrétaire général, vient de ‘signer en catimini le décret qui offre le contrôle des communications internationales à Glogal Voice Group une société de droit privé haïtien, qui va se sucrer (sans investissement, sur le dos des contribuables)’. ‘On le voit bien, Wade depuis quelque temps pose des actes dont la finalité non déclarée est de faire disparaître à moyen terme la Sonatel qui lui a déjà versé depuis 2000 plus de 1000 milliards d’impôts, de taxes et de dividendes tout en se déployant pour assurer le service universel des télécommunications’, s’indignent les syndicalistes. Aussi, les travailleurs de la Sonatel ont-ils décidé de lutter férocement pour la survie de leur boîte. Ils comptent mener le combat jusqu’au bout pour que leur ‘joyau’ ne soit pas rayé du paysage industriel sénégalais. Pour ce faire, les agents de la Sonatel comptent sur l’appui et le patriotisme des Sénégalais pour gagner leur combat.
Paule Kadja Traoré
(Source : Wal Fadjri, 19 juin 2010)