Expansion limitée
lundi 21 août 2000
Pour ces fournisseurs d’accès à Internet, les « mauvaises performances » de la Sonatel ont des répercussions négatives sur la marche de leurs entreprises. Ils déclarent que la Sonatel limite leur expansion. Metissacana a 1500 abonnés. A lui seul , il a besoin de 2 mégabits parce qu’il y a beaucoup d’entreprises qui veulent connecter leurs ordinateurs sur Internet ", fait remarquer Michel Mavros dont la société est le premier cyber café installé en Afrique de l’ouest en juillet 1996 .Michel Mavros a indiqué avoir un objectif de 10.000 abonnés contre 1500 actuellement.
Par ailleurs, le terme Metissacana qui a été donné au cyber café, est un mélange de français et de bambara. Il signifie « le métissage arrive ». De façon générale, les techniciens font remarquer qu’avec une bande passante plus large, leurs entreprises pourraient connecter plus d’entreprises. Il s’en suivrait une diminution des prix et un accroissement des utilisateurs, au bénéfice du Sénégal. Les plaintes des fournisseurs d’accès visent également la Sonatel sur le plan du monopole des services à Internet. Ainsi, pour eux, « l’accès à Internet relève d’un domaine qui ne doit pas faire l’objet d’un monopole. C’est un service à valeur ajoutée. Selon la loi, les services à valeur ajoutée Internet sont libres », affirme Souleymane Sall. Les contradicteurs de la Sonatel indiquent que c’est une « extraversion des textes qui a abouti a ce que la Sonatel puisse, elle seule, accéder au »backbone« d’Internet ». Pour ces spécialistes du web qui critiquent le monopole de la Sonatel, l’Etat du Sénégal doit libéraliser le secteur. Les compétences sont là pour favoriser un meilleur accès au net, affirment-ils. L’Autorité de régulation des télécommunications, (Art) dont la mise en place est annoncée pour le mois d’octobre (lire l’article de Bassirou Ndiaye) va t-elle contribuer à mettre fin à cette brouille entre la Sonatel et les fournisseurs d’accès ? D’ores et déjà, des voix s’élèvent pour déplorer la non association de certains acteurs au moment de la conception de cet organisme. Michel Mavros de Metissacana est de celles-là.
TELECOMPLUS, ENFANT GATE OU VICTIME ?
Parmi les fournisseurs d’accès à Internet, il en est un qui est une filiale à 100% de la Sonatel. De nombreuses plaintes visent la société de télécommunications accusée , à travers sa filiale, de se livrer à une concurrence déloyale. Elle est dans une position de « juge et partie », selon les termes décrits par un directeur d’une société informatique. >En clair, la société est à la fois Internet service provider (Isp) et fournisseur de bande passante. Sa filiale, Telecomplus, commercialise certains produits de la Sonatel comme les accès commutés par exemple. Télécomplus est jugée favorisée dans l’accès à la bande passante. Ses concurrents estiment qu’à certains moments d’engorgement du réseau, c’est elle seule qui utilisait les 2 mégabits d’alors. Mais pour la Sonatel, Télécomplus n’est pas privilégiée. « Elle ressent les difficultés comme tous les autres », a indiqué un responsable de la Sonatel. Selon les explications servies, chaque fournisseur peut directement aller sur Thiaroye qui abrite les installations pour atteindre sur Internet.
CE QU’ILS PAIENT A LA SONATEL
Pour la location des lignes de la Sonatel, les fournisseurs d’accès à Internet règlent des frais d’accès et une redevance mensuelle. Les sommes à payer dépendent du volume du débit qui est fourni par la société de télécommunications. Les débits disponibles vont de 19,2 kilo bits à 2048 kilo bits par seconde ( l’équivalent d’un peu plus de 2 mégabits).
Pour un débit de 128 kilo bits, les frais d’accès se chiffrent à 650.000 F Cfa contre une redevance mensuelle de 996.000 F Cfa, hors TVA. Pour le débit de 256 kilo bits qui est utilisé par beaucoup de fournisseurs d’accès, les frais sont toujours de 650.000 FCfa mais la redevance mensuelle se situe à 1.550.000 FCfa hors Tva.Si aucun fournisseur d’accès à Internet ne dispose encore d’une bande passante de 2 mégabits, les tarifs y afférents sont cependant prévus par la Sonatel. A ce propos, la Société de télécommunications indique que pour des frais d’accès de 1 million de F Cfa, la redevance mensuelle se chiffre à 3.600.000 F Cfa hors TVA.