L’affaire contient le vocabulaire des manœuvres militaires « Ndiambour »...C’est une bataille sans pitié qui est annoncée, avec des résonances sur...toutes les lignes à l’étranger. Le Sénégal a décidé de contrôler et de superviser à temps réel le trafic international entrant dans le pays.
Selon l’Agence de régulation des télécommunications et des postes (Artp) dont le head-office a fait face à la presse jeudi 29 juillet à son siège dakarois sis sur la VDN, il est temps de réguler ce trafic qui est « parasité » par des fraudes insoupçonnées ; un manque à gagner auquel il faut mettre le holà. Seulement, la transparence est-elle au rendez-vous, surtout dans le choix de « Global Voice » comme partenaire technique alors que des milliards de francs Cfa sont en jeu ?
Le Dg de l’Artp, Ndongo Diaw, entouré des têtes pensantes de la structure, a d’emblée annoncé la couleur. L’Etat va accentuer son contrôle sur les communications téléphoniques entrant au Sénégal à partir du 1er août 2010, avec la perspective de faire entrer dans ses caisses 295 milliards F Cfa en cinq ans, avec l’appui technique d’une entreprise privée, « Global Voice Group »....
Jusqu’ici, aucun argent n’entrait dans les caisses de l’Etat alors que le secteur des télécommunications est devenu une des rares niches de richesse en ce début de 21ème siècle. Célèbre pour être un pays d’émigration, sa diaspora communique pourtant sans commune mesure au téléphone avec ses relations restées en Afrique.
Il y a une différence de 7,5 points sur le trafic entrant au Sénégal. Le trafic moyen minimum venant de tous les pays du monde étant estimé au moins à 100 millions de minutes, cela fait presque 5 milliards F Cfa par mois.
Dans les faits, il s’agit d’une nouvelle tarification des terminaisons d’appels ou de trafic international entrant consacré par le décret présidentiel daté de mai 2O10 et qui donne en même temps « une directive et une mission à l’Artp pour l’application de cette mesure tout en luttant contre la fraude. »
Ce rendez-vous du 1er août a lieu alors que les travailleurs de l’opérateur historique, « Orange », propriété de « France-Télécoms » présentent la réforme comme une volonté de l’Etat de remettre en cause d’acquis historiques au profit d’intérêts privés. « Global Voice » a été choisi sans appel d’offres international.
Orange, ancienne Sonatel, refuse l’appel à collaboration technique que vient de lui lancer l’Artp, malgré des mises en demeure répétées pour connaître le flux réel des communications internationales qu’elle gère. L’autre opérateur présent, Sudatel, obeït quant à elle aux injonctions à lui faites. L’affaire a pris les tournures d’un bras de fer entre l’Etat et France Telecom.
Les directeurs techniques de l’Artp, M. Dial et juridique, M. Sy ont résumé chacun de son côté la situation qui justifie cette démarche régalienne de la puissance publique. Il s’agit d’abord pour l’Etat de connaître le nombre de minutes comptabilisées chaque mois sur le trafic téléphonique entrant dans le pays.
(Source : Nettali, 29 juillet 2010)