Les opérateurs de téléphonie mobile doivent se partager les infrastructures pour couvrir tout le pays afin de réduire les coûts et améliorer ainsi le taux de pénétration de l’internet.
Telle est l’une des recommandations de la Conférence de la Cnuced (Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement) après l’évaluation de l’état de préparation au commerce électronique des économies des pays de l’Uemoa (Union économique et monétaire ouest-africaine).
Les 9 et 10 octobre dernier à Ouagadougou (Burkina Faso), l’atelier régional organisé à cet effet a porté sur les résultats de cette évaluation au Sénégal, au Burkina Faso et au Togo.
“Ces études ont identifié des actions à mettre en œuvre au niveau national pour un développement harmonieux de l’économie numérique. Nous n’avons pas le droit de manquer le rendez-vous de la révolution technologique en cours”, confie Harouna Kaboré, ministre du Commerce, Burkina Faso
« L’évaluation a montré qu’il n’existe pas dans ces trois pays un système d’adressage correct. Ce qui explique que »les plateformes de e-commerce aujourd’hui dans ces pays aient sauté l’étape de l’adressage officiel pour passer au GPS", soutient Marian Pletosu, chef de programme de la division logistique et de la technologie de la Cnuced.
Pour Ibrahim Nour Eddine Diagne, l’administrateur général de Gainde 2000, une plateforme sénégalaise d’e-commerce, le développement du commerce électronique dans cette sous-région se heurte aussi aux obstacles liés aux caractéristiques même du marché.
« Il y a un vrai enjeu sur les données ; et les transactions de nos petits pays pris isolement ne peuvent pas représenter quelque chose d’important », dit-il.
En effet, les participants à l’atelier de Ouagadougou constatent que le e-commerce est encore embryonnaire dans la région et se pratique à l’intérieur des pays. Par exemple, Jumia Côte d’Ivoire ne vend ses produits qu’à l’intérieur de la Côte d’Ivoire. Il faut, selon les experts, développer des plateformes à vocation régionale pour un marché un peu plus large
« Nous devons nous mettre ensemble sur les questions de transaction, de tout ce qui touche au paiement et à la logistique pour faire du commerce électronique africain une opportunité pour les entreprises et les citoyens du continent », plaide dès lors Ibrahim Nour Eddine Diagne.
Formulation de politiques
L’évaluation de la Cnuced a porté sur sept domaines clés de la mise en place du e-commerce. Notamment les stratégies du commerce électronique, l’infrastructure et les services des TIC, la logistique et la facilitation du commerce, l’accès au financement des entreprises, les solutions de paiement, le cadre juridique et règlementaire, et le développement des compétences électroniques.
« Ces évaluations constituent un apport important aux processus de formulation de politiques pertinentes au commerce électronique », précise Isabelle Durant, la secrétaire générale adjointe de la Cnuced.
« A travers ces évaluations nous constatons que les chantiers de réforme sont amples et qu’ils demandent des réformes ambitieuses et concertées de la part des gouvernements », ajoute-t-elle.
Cette évaluation est bien accueillie par les autorités nationales et sous-régionales. A l’instar d’Harouna Kaboré, le ministre du Commerce du Burkina Faso, qui affirme que « ces études ont eu pour but d’identifier des actions à mettre en œuvre au niveau national pour un développement harmonieux de l’économie numérique »
« Nous n’avons pas le droit de manquer le rendez-vous de la révolution technologique en cours », martèle ce dernier.
Pour Jonas Gbian, commissaire par intérim du département du marché régional à la commission de l’Uemoa, « le rôle de la commission dans l’explosion du commerce électronique est de promouvoir une approche coordonnée, concertée et harmonisée pour le développement du commerce électronique dans l’Union à travers notamment l’adoption des textes communautaires ».
Financer les start-up
Mais, au-delà de l’adoption des textes et de cette nécessaire harmonisation, Ibrahim Nour Eddine Diagne de Gainde 2000 tient à rappeler que les Etats sont les premiers acheteurs dans les pays de la sous-région.
« S’ils décident que la commande publique se fera par voie de commerce électronique, toutes les entreprises vont être obligées de s’y mettre », dit-il.
De la même manière, l’intéressé estime que si les grosses entreprises, concessionnaires de l’électricité et de l’eau potable, ainsi que les services des impôts se mettent dans le commerce électronique, l’économie sera automatiquement transformée digitalement.
Bref, « si l’Etat décide d’être numérique tous les acteurs le seront forcément et l’écosystème va se construire naturellement », conclut-il.
Les participants ont par ailleurs regretté le fait qu’il n’existe pas toujours de fonds mis en place par des Etats pour financer les start-up.
Enfin, le rapport de la Cnuced souligne que « il y a un besoin de mise à niveau entre ce que les écoles de formation proposent et ce que le marché du numérique demande aujourd’hui ».
L’organisation onusienne entend poursuivre cette évaluation en abordant prochainement les cas du Mali et du Bénin.
(Source : SCIDEV, 18 octobre 2018)