La SONATEL est un outil stratégique. Mais, elle échappe,curieusement, au contrôle de l’État qui détient 27% des actions de la société. Avec un chiffre d’affaires consolidé qui avoisine 483,6 milliards de Fcfa sur la première moitié de l’exercice 2017, le Groupe Sonatel fait face à une rude concurrence. Il s’y ajoute les cris d’orfraie des associations de consommateurs qui ne cessent de dénoncer la qualité de son service et les prix prohibitifs, malgré quelques baisses, qu’elle applique à ses millions de clients. Première entreprise du Sénégal, plus grande contributrice à l’impôt, elle a, comme le soulignait avec force notre confrère Cheikh Yerim Seck, la haute main sur nos communications,sur nos données personnelles et autres flux financiers.
Toutes choses qui devraient donc pousser l’État à s’intéresser sur le nom du futur remplaçant d’Alioune Ndiaye et éventuellement, d’influer sur son choix. Ce qui permettra de garder un œil vigilant, au regard de l’extranéité déjà intolérable de notre secteur bancaire, sur Orange Money qui va, sous peu, se muer en … Orange Bank. Pis, l’État risque de voir ses actions (27%) baisser drastiquement en valeur. En effet,dans le monde, le secteur des télécoms est structurellement condamné à une baisse de ses revenus. Surtout que, pour une raison évidente, la Sonatel a plafonné en termes de nombre d’abonnés Si un nouveau directeur couleur locale foncée ne renverse pas la tendance, c’est près de 10% du PIB du Sénégal et 12% de nos recettes fiscales qui risquent de fondre comme neige au soleil. L’État n’a pas meilleur outil que la Sonatel pour faire financer ses projets. Le cash-flow de ce mastodonte et les participations détenues par ses employés peuvent satisfaire bien des besoins de financement de notre pays. Quand on sait que cet actionnaire majoritaire s’est opposé à l’installation du Datacenter érigé au Sénégal et qu’il aura fallu que le Directeur général sortant, Alioune Ndiaye, tape sur la table. On mesure toute la portée de la responsabilité de l’État. Aussi, pour des raisons stratégiques, sécuritaires, et économiques, les autorités sénégalaises doivent annoncer la couleur et afficher une position à la hauteur de nos intérêts. C’est le minimum qu’on est en droit d’attendre d’elles. À moins que…
(Source : Editoweb, 17 janvier 2018)