Et si, en mettant en demeure FREE, l’ARTP tuait l’opérateur !
lundi 4 novembre 2019
On s’attendait à la mise en demeure de l’Autorité de régulation des télécommunications et des postes depuis le lancement, le 1er octobre dernier, des nouvelles offres commerciales de TIGO, qui, à l’occasion de ses 20 ans, avait même changé de nom pour devenir Free. C’est maintenant chose faite. L’ARTP a adressé un courriel pour reprocher plusieurs choses au consortium Saga African Holdings Limited. Parmi les griefs portés contre la société de téléphonie, il y a le « lancement de certaines promotions sans en informer au préalable l’ARTP notamment », « l’offre de bonus de télécommunications à la suite de transactions marchandes via TIGO CASH et depuis le 01 octobre 2019, via Free Money », « les promotions sur les offres (illimax, Tawfekh) malgré l’interdiction de l’ARTP ».
Autant de faits incriminés, qui, s’ils sont suivis de sanctions, risquent d’impacter gravement sur le projet Free. En effet, depuis le rachat de l’opérateur de téléphonie par le consortium composé du Sénégalais Yérim Sow, du Malgache Hassanein Hiridjee et du Français Xavier Niel, on s’attendait à une cassure des prix, dans le même modèle de Free, en France. Début octobre, en lançant les nouvelles offres pour le moins agressives, il n’y avait quasiment rien de surprenant aux yeux des observateurs et autres connaisseurs du secteur des télécommunications au Sénégal. Que va faire le régulateur dirigé par Abdoul Ly ? Pour le moment, le consortium n’a pas encore réagi, à ce que l’on sache, mais il lui a été accordé un délai de 10 jours « à compter de la réception du présent courriel » pour présenter ses « justifications ».
Quelles devraient être ces « justifications » à donner au régulateur pour que le projet ne coule pas ? C’est toute la question à l’heure actuelle d’autant plus que la régulation ne souffre d’aucune équivoque à ce sujet. Dans la décision visée par l’ARTP, il a été clairement mis en avant certaines règles pour le bon fonctionnement du marché des télécommunications du pays. Et au nombre de ces règles, il y a l’obligation de soumettre à l’Autorité de régulation des télécommunications et des postes (ARTP) la grille des prix qu’elle doit d’abord apprécier. Pas que ça ! Il est formellement interdit aux opérateurs d’offrir des bonus après des paiements marchands, au risque de rompre l’équilibre entre les différents acteurs. Comment surtout Free va se réajuster, sachant qu’il veut ouvertement se distinguer à travers des offres pour le moins agressive ? Pour faire simple, c’est la survie de l’opérateur qui est en jeu.
Elimane
(Source : CIO Mag, 4 novembre 2019)